Chapitre 29

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Je me redressai d'un bond, ce qui m'arracha une grimace et un cri de douleur.

-Je suis donc contaminée ? Je vais devenir un vampire !

-C'est possible car du sang du duc a pu être absorbé par votre organisme via les blessures qu'il vous a infligé.

Alexei reprit son souffle. C'était sans doute la phrase la plus longue et la plus explicative qu'il m'ait dite.

-En revanche, vous n'allez pas devenir vampire, enfin pas tout de suite.

-Comment cela ?

-Pour devenir une non-morte, cela implique que vous mourriez avant.

Je respirai. J'étais sauve pour l'instant. Cependant, cet espoir fut de courte durée.

-Mais votre âme est damnée et n'appartient plus à Dieu. Si le vampire qui a été l'acteur de votre transformation vous appelle à ses côtés, vous n'y résisterez pas.

Les larmes me vinrent aux yeux.

-Vous voulez dire que je suis déjà maudite ?

Alexei hocha la tête. Je me laissai retomber sur le lit, anéantie. Je me répétai ses paroles. Soudain, j'eus une illumination.

-Mais le duc Proklyatty est mort, il ne peut donc plus rien contre moi.

Alexei fit une grimace, et je compris avec horreur ce qu'il allait m'annoncer.

-Votre idée était excellente, mais les couverts étaient en métal argenté, et non en argent véritable. Avec mon père nous ignorons si la fine couche d'argent qui recouvrait le couteau était suffisante pour tuer le duc, mais il se peut qu'il ne soit pas complètement mort, et qu'il puisse avoir une emprise sur vous.

Je n'arrivai plus à retenir mes larmes. J'avais l'impression de m'étouffer dans mes propres sanglots.

-N'y a-t-il rien à faire ? demandai-je, désespérée.

-Peut-être n'êtes-vous même pas contaminée, mais si c'était le cas, il faudrait tuer le duc pour libérer votre âme.

-Et entre temps je serai son pantin ?

-Il peut disposer de vous quand il le souhaite, excepté au levé et au coucher du soleil.

C'était là une bien maigre consolation. J'espérai de tout mon cœur que la mixture préparée par la Baba Yaga empêche le sang du duc de se mélanger au mien. Je regardai la pâte qu'Alexei venait de finir d'étaler sur mon corps. Je ne voulais pas mourir, surtout pas que mon âme soit refusée au paradis et erre sans fin parmi les vivants. Je ne voulais pas non plus qu'un être démoniaque ait le contrôle de mon esprit. Je ne devais laisser personne entrer dans ma tête.

On toqua à la porte. D'abord un grand coup suivi d'un petit. Ce fut ensuite le silence et les coups reprirent. Trois petits coups et un gros. Comme s'il s'agissait d'un signal, Alexei déverrouilla la porte et ouvrit à Nikita. Ce dernier me regarda avec son regard habituel plein de tendresse trompeuse.

-La voiture est prête, il ne faut pas tarder, dit-il sans me quitter des yeux, comment allez-vous Marianne ?

Je dû faire une petite moue, ne sachant que répondre. Certes, mes blessures auraient pu être plus graves mais le pire était à venir.

-Que voulez-vous qu'elle vous réponde ? lui répliqua Alexei.

Nikita ouvrit la bouche et la referma, l'air triste. J'avais presque pitié de lui. Il avait voulu être gentil avec moi, et Alexei s'était montré désagréable. Il me rappelait tellement la comtesse Volkova. Nikita s'approcha du lit.

-Cela me fait vraiment de la peine que vous ayez souffert par ma faute Marianne... Ses yeux bleus s'emplirent de larmes et sa moustache frémit sensiblement. Il passa sa main gantée sur mon front.

-Il faut qu'on y aille, il n'y a pas de temps à perdre. Laissons toutes nos affaires et partons.

Nikita acquiesça. Il allait me soulever quand au même moment, le coffre du comte, au pied du lit se mit à remuer furieusement. Je vis les yeux de Nikita s'agrandir de surprise, comme ceux d'un enfant pris sur le fait. Alexei fronça les sourcils.

-Père, qu'y a-t-il dans ce coffre ?

-Rien, rien...

Alexei s'avança vers le coffre en question, mais son père le retint.

-Je t'en prie, n'ouvre pas !

Les deux vampires fixaient le coffre, l'un suspect et l'autre effrayé.

-Tu ne peux pas nous abandonner pour elle ! fit une voix grinçante en provenance du coffre.

-Oh non ! souffla Alexei, père, ne me dîtes pas que...

Nikita recula, vaincu. Alexei fit sauter le verrou du coffre et libéra trois femmes à l'allure fantomatique. Deux étaient brunes, la troisième était blonde. Elles avaient des manières aguicheuses, la poitrine et les hanches généreuses, les lèvres écarlates et pulpeuses, les dents fines et longues, le teint blafard, et des flammes dans les yeux. Elles étaient affreusement belles, magnifiquement terrifiantes. La blonde et l'une des deux brunes s'élancèrent sur Nikita et commencèrent à caresser son torse avec de mielleuses paroles. La dernière vint passer la main sur la joue d'Alexei en lui souriant, mais il la repoussa. Elle réitéra son geste, mais comme Alexei allait devenir agressif, elle lui cracha dessus et s'empressa d'aller rejoindre ses consœurs. Nikita quant à lui tentait désespérément de retirer calmement leurs mains qui parcouraient son corps.

-Pas maintenant Sonja... se défendit-il tendrement.

-Il faut que tu la mordes, lui chuchota la blonde à l'oreille, on s'ennuie à trois...

Le regard de Nikita se leva vers moi. Je frémis. Il n'allait quand même pas écouter ses femmes !

Elles essayèrent de venir vers moi, mais Alexei les fit reculer.

-Vous me décevez, Père.

-Je déçois tout le monde, souffla-t-il, l'air désemparé.

Les trois femmes en profitèrent pour se ranger de son côté en montrant leurs crocs à Alexei.

-Fils indigne, tu ne respectes même pas ton père. Nous on connait sa valeur. Qui es-tu pour oser lui parler ?

Sur ce, elles embrassèrent Nikita qui essayait, avec moins de succès que son fils de s'en défaire. Alexei à bout de patience les rejoignit en deux pas et attrapa la brune que Nikita avait appelé Sonja par la base des cheveux. Il la décolla de son père et la jeta dans le coffre dont elle était sortie. Les deux autres ouvrirent des yeux ahuris. Leurs nez se plissèrent de méchanceté, et elles se mirent à siffler :

-Comment oses-tu faire ça à notre sœur ? Viens Anoushka, il va le payer. 

La morsure des VolkovOù les histoires vivent. Découvrez maintenant