Chapitre 13 : En un claquement de doigt

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— Je vais tout t'expliquer. Ça fait cinq siècles que j'attends ce moment...

Je ricane. Il faut toujours qu'il ait l'air d'exagérer celui-là.

— Aussi longtemps ? Alors, effectivement... il est temps que tu craches le morceau. À la condition que je veuille bien t'écouter, je lance désinvolte.

Il fronce les sourcils.

— Je ne vois pas pourquoi tu ne voudrais pas m'écouter.

Je soupire et observe une infirmière qui pousse un chariot de draps. Je réponds quand elle a quitté le couloir.

— Sûrement parce que je n'y suis pas obligée et aussi parce que depuis que je t'ai rencontré il y a trois jours, ma vie a pris un mauvais tournant, je lance ironiquement.

Il se poste face à moi, ses yeux affichent de la tristesse.

— Tu te trompe, Myla. Ta vie a pris un mauvais tournant avant ça. Je n'aime pas te savoir fâché contre moi.

Je le contourne en me mordant la lèvre. J'aimerais qu'il me laisse tranquille.

— As-tu le souhait que je m'en aille ?

Je grogne de frustration. Oui et ce serai super si tu pouvais te taire aussi, je pense.

— Je pourrai aussi cesser de te parler. Mais je n'y arrive pas. À mon grand damn, j'ai essayé. Plus d'une fois. Sauf que je ne peux m'y résoudre.

Je me tourne vers lui et coule un regard d'agacement. Comment il fait à me proposer ce que je souhaite à la seconde même où l'idée a effleurée mon esprit ?

— Je confirme. De nous deux tu es le plus bavard. J'aimerais rester près de ma meilleure amie, si tu n'y vois pas d'inconvénients.

Il lève les mains en signe de capitulation mais se mordille la lèvre.

— Viens. Allons à la cafétéria.

Je lève les yeux au ciel. Il n'a visiblement rien compris.

— Bien sûr. Je comprends que tu sois en colère. Mais c'est à Medhan que tu dois en vouloir.

— Je lui en veux aussi. N'ai pas de doute là dessus.

Il me tend la main alors que sa proposition ne m'enchante pas plus que ça. Je passe devant lui et m'approche de la vitre alors qu'une larme roule sur ma joue, quand je pose ma main sur le verre froid.

— Elle ne risque rien. Et puis, ça te ferai du bien de faire une pause.

Je souffle.

— Mais qu'est ce que tu en sais ? je m'énerve en me tournant dans sa direction.

Je tremble tout à coup et ai du mal à tenir debout.

Il s'approche l'air grave et m'attrape fermement par le bras pour me conduire sur la chaise.

Quand je suis enfin assise, je porte mon regard sur mes doigts et remarque qu'ils sont de nouveau grisâtres et tout craquelés.

Aliwer se penche et fouille dans mon sac de cours.

— Qu'est ce que tu fais ? je lui demande alors que ma voix est rauque et toute chevrotante.

— Ta boisson est où ? lance-t-il paniqué.

— Dans la poche de devant... Mais je n'ai pas envie de boire. Laisse moi tranquille, Aliwer.

Il attrape la petite bouteille en plastique et se relève.

Nos Âmes ÉternellesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant