Chapitre [178]

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Augereau fit une entrée fracassante dans le bureau de son Empereur.

Ce dernier grimaça. Aucun de ses proches n'était capable d'entrer dans une pièce avec douceur ou quoi?! Ça allait finir par devenir un running gag...

- ...Bonjour, Augereau. Comment te portes-tu?

- Bien... j'me prélasse, pendant que les autres font la guerre. Pourquoi vous m'y avez pas envoyé? Vous allez pas me faire croire que j'suis pire commandant que Murat!

- Non, ça, c'est certain. Je ne voulais seulement pas... t'infliger ça.

- Pourquoi vous m'avez fait maréchal alors, si vous voulez pas m'envoyer à la guerre?

- C'est un titre honorifique. Je voulais seulement te faire plaisir et... te garder auprès de moi.

- Et Junot, vous voulez pas le garder auprès de vous aussi? Parce que vous l'avez envoyé au Portugal.

- Il a décidé lui-même d'y retourner faire la guerre. Nous nous sommes disputés. C'est compliqué. Il est mieux là-bas. Dit-il sèchement.

- Encore!! Vous ne cessez donc jamais! Tout de même... il vous manque, n'est-ce pas?

- Oui. Terriblement. Mais je ne souhaite pas en parler.

- Il se porte bien, au moins?

- Parfaitement bien. Il a pris de nombreuses villes. Il est sur la route de Lisbonne. Il la prendra aussi...

- Quel dommage qu'il ne puisse pas vous prendre également...

- A-Augereau!!

- Pardon, hm, comment êtes-vous si certain de sa réussite?

- Je le sais, c'est tout. Mon instinct... ne se trompe jamais.

- Majesté, voici votre café, lui dit un vieil homme en entrant dans la pièce et en déposant la seule tasse de son plateau sur le bureau.

- Je croyais que vous n'aimiez pas le café... remarqua le Maréchal.

- En effet, je n'apprécie pas son goût, mais il m'aide à rester éveillé et à garder ma concentration, lui dit-il en prenant une gorgée, suivie d'une grimace.

L'homme fit une rapide révérence et s'en retourna dans les couloirs.

Augereau l'observa s'en aller et se retourna vers son ami.

- Sire, c'est votre nouveau valet de chambre, non? Comment s'appelle-t-il?

- Constant.

- Lui aussi?

- Oui, j'ai trop de noms à retenir, si j'appelle tous mes valets Constant, c'est bien plus simple, lui dit l'empereur sans relever les yeux de ses papiers.

- Je... euh... d'accord. Mais... qu'est-il arrivé à Constant? Je veux dire... celui qui avait des cheveux bruns et courts, et que vous aviez déjà lors de vos débuts en politique.

- Constant... il a démissionné lui-même de son poste. Il n'avait plus la force nécessaire pour s'occuper de mes chats.

"Tu m'étonnes", pensa Augereau. "Vous étiez inhumain avec lui! Avec toutes les tâches que vous lui donniez à faire, il en serait mort d'épuisement!"

C'était tout de même dommage. Il avait fini par se lier d'amitié avec lui.

- Et puis il s'est marié, avec sa petite femme... je leur ai offert une modeste demeure en campagne, où ils sont bien heureux. Et puis, maintenant, j'ai trop de chats ; un seul valet est trop peu pour eux. j'ai engagé pour eux plusieurs serviteurs et servantes compétents et fiables. Baptiste s'occupe des Maréchats, Sophie de ma famille, Eléonore des petits et nouveaux venus et Thibault, eh bien... des autres.

Folie rime avec irréfléchiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant