Une Saison Suffit - 1. La cage | Terminé

16. Hannah

Arrivé 18 h je fus soulagée de constater que ni Pauline, ni Benoît ne soient à l'appartement, si l'un deux avait su que je sortais avec le boyscout ce soir, j'aurais eu le droit à un interrogatoire, que j'aurais trouvé justifié. Je pris mon portable une énième fois pour regarder l'heure, Matthieu pouvait sonner d'un instant à l'autre. En levant la tête, je m'aperçus dans le miroir de ma penderie, je n'arrivais pas à comprendre comment j'en étais arrivée à passer du temps avec lui, malgré mes demandes constantes pour qu'il arrête de me parler, il avait insisté, si j'avais su que cela me conduirait à sortir avec lui un soir, j'aurais été plus ferme et c'est ce que je ferai après cette soirée. C'était la dernière fois que je lui accordai un peu de mon temps. C'est à ce moment qu'il sonna à la porte et je descendis, déterminée.

— Bonjour Hannah, me sourit-il quand je sortis de mon immeuble.

— Salut, souris-je peu motivée par cette soirée.

Je vis ses sourcils se froncer, mais il ne releva pas.

— Alors, hâte de passer cette soirée sous le signe du Rock ? Me demanda-t-il en se dirigeant vers sa voiture.

— Je ne sais pas, j'attends de voir, répondis-je taquine avec un fond de vérité.

— Fais-moi confiance, tu ne seras pas déçue, me rassura-t-il avec un sourire.

Il s'arrêta devant une voiture que je reconnus tout de suite, c'était celle que Thomas nous avait montrée au parc, il y a plusieurs jours.

— C'est ta voiture ? Demandai-je incrédule.

Il me regarda alors embêté.

— Oui, je sais, ça peut surprendre, mais c'est une longue histoire, me répondit-il en m'invitant à monter à bord.

Je le regardai sceptique, me demandant quel genre d'histoire pouvait-il y avoir derrière cette voiture, puis je décidai d'y rentrer. Je m'y sentis tout de suite mal à l'aise, cela ne faisait que renforcer mon sentiment de n'être rien, je n'avais qu'une seule envie, d'en sortir immédiatement.

— Je n'arrive pas à comprendre comment un gars de ton âge peut se permettre d'avoir une voiture comme celle-ci, repris-je toujours abasourdie.

Il ne répondit pas tout de suite, il mit d'abord la clé dans le contact et démarra.

— Je te l'ai dit c'est une longue histoire, que je n'ai pas envie de raconter, insista-t-il pour que j'arrête tout questionnement.

Je me renfrognai, la soirée commençait vraiment mal, et le malaise que je ressentais quand j'étais avec lui s'intensifia.

— Un peu de musique ? Proposa-t-il pour alléger la situation.

— Comme tu veux, répondis-je désinvolte.

Il alluma l'auto radio et la voix de Roger Daltrey résonna dans l'habitacle.

— Les Who ? Demandai-je surprise et oubliant quelques secondes mes sentiments négatifs.

Un large sourire se forma sur son visage et ses yeux se mirent à pétiller.

— J'adore ce groupe, confia-t-il heureux.

— J'aime aussi, surtout leurs derniers albums, avant que Keith Moon ne disparaisse, répondis-je avec un grand sourire à mon tour.

— Oui, ces albums-là sont géniaux, et surtout celle-là.

Il passa les chansons une à une et s'arrêta sur Baba O'Riley.

— Oh, c'est ma préférée ! M'exclamai-je enthousiaste.