Si vous m'enlevez les lettres
Si vous me confisquez les mots
Je suis comme une tortue sur le dos
Sans raison d'être
Même noble de cœur
Je n'ai comme sœurs
Que les architectes des phrases,
C'est mon gymnase
Des centaines de fleurs embaumantes
Ne seront pas remplaçantes
D'une cohorte de fins et de déliés
De boucles et de liés
Mon âme sans encre
Serait un bateau sans ancre
Comment crier, comment supplier
Comment prier, comment contrer
Je pleure sans alphabet
Je me consume sans quolibet
Comme une aurore sans soleil
Comme une pensée sans éveil
Laissez-moi les lettres pour tenir tête
Laissez-moi les mots pour faire la fête
C'est mon alcool pour hurler
C'est mon canif pourgraver.