Tu es parti. Trop occupé pour penser à moi, trop âgé pour vraiment me considérer, trop apeuré face à ce chantier qu'est ma pauvre âme, je ne sais pas.
Une promesse, ce ne sont que des paroles faites pour rassurer une personne que l'on voit trembler face à soi.
Mais les choses ne sont jamais aussi déterminées, pas vrai ? Rien n'est aussi peu discernable que les maux cachés dans les mots que l'on porte tous en nous, bien cachés sous un subtil amas de plomb.
Et quand la couverture fond, il ne reste plus que l'espoir vain d'avoir bêtement cru que ce serait différent cette fois-ci. Ça se passe toujours de la même façon, on finit par hurler à s'en briser les poumons.
Mais je ne peut pas te blâmer pour ce que tu m'inflige depuis ton abandon. Pour le temps que tu m'a consacré. Pour toutes ses heures passées à écouter mes pleurs au téléphone alors que tu travaillais le lendemain.
Alors même que tu souffrais toi même de ta propre vie, je ne cessais de venir te hanter de la mienne, tel une sangsue assoiffée, s'accrochant à ta jambe de peur de te voir t'éloigner.
Ne t'en veut pas toutefois, même si je sais que tu ne pourras vraiment pas t'en empêcher. Je te connais un peu à force. On ne tient jamais vraiment ses engagements, on espère seulement la prochaine excuse, le prochain tremplin.
Quelques instants de bonheur, de calme, de silence, de batailles d'oreiller endiablées, de thé glacés encore semi-brûlants, et cette odeur si particulière de la drogue que tu prenais pour oublier, et qui ne cesse de me hanter.
Une heure passée à tes côtés me faisait oublier un peu de ma peine, lorsque je voulais hurler à m'en faire éclater les veines. Je me suis brisée contre toi comme on explose un verre sous la colère et l'angoisse.
Et vous m'apaisiez inlassablement de par votre seule présence, toi, ton appartement minuscule, et ce fichu canapé brisé dont les lattes étaient devenues les réceptacles dérisoires de nos fous rires et de nos tasses.
Sans oser espérer pouvoir retrouver un peu de ce passé qui me file désormais entre les doigts, je voulais seulement te remercier pour tout ce que tu as bien pu faire pour moi.
Merci.
