Les pas lourds résonnaient sur le sol pavé de bitume, leurs échos se mêlant aux cliquetis métalliques des armes à feu que les gardes resserraient chaque fois que nous franchissions un seuil du palais.Ces bruits, graves et menaçants, étaient les seuls à troubler le silence oppressant qui nous enveloppait depuis plusieurs minutes.
Ma respiration se fit plus courte, un souffle saccadé qui peinait à se maintenir, alors que la peur, telle un serpent perfide, glissait le long de mon échine.
À mes côtés, la main tremblante de mon frère se refermait sur la mienne, comme si ce geste, aussi frêle qu'il soit, constituait notre dernier ancrage.
Ses doigts, glacés par l'effroi, trahissaient la terreur qu'il s'efforçait de masquer, une terreur que je partageais sans pouvoir l'apaiser.
Derrière nous, les gardes royaux, dans leur posture impassible et autoritaire, tenaient leurs armes pointées droit sur nos dos. Ils n'avaient nul besoin de prononcer une menace ; leur simple présence, leur silence pesant, nous poussait inexorablement en avant, vers l'immense portail du palais.
À chaque pas, je sentais le poids de la situation s'alourdir, à tel point que mes jambes menaçaient de céder sous la pression écrasante. Un faux pas, et je savais que la chute ne serait pas seulement physique.
À mesure que nous approchions des grandes portes, taillées de bois sombre, magnifiquement sculptées et ornées de dorures qui brillaient faiblement sous la lueur des torches, une peur plus profonde s'empara de moi.
La rencontre avec la souveraine approchait, et avec elle, une multitude de pensées se bousculaient dans mon esprit.
D'un côté, une crainte viscérale me hantait : qu'elle ordonne froidement ma mise à mort à peine aurais-je franchi le seuil, sans daigner écouter la raison de mon retour ici dans ce palais.
Et d'un autre côté le fait qu'elle me rit au nez en ne considérant pas mes intentions de sauver le roi.
Au plus profond de moi, je savais que ces sombres éventualités pesaient lourdement sur le sort qui m'attendait. Mon esprit oscillait entre ces deux visions, et chacune d'elles me semblait aussi probable que dévastatrice.
_ Avancez plus vite !!
La voix impérieuse du garde résonna soudain, brisant mon silence intérieur. Je sentis le canon froid de l'arme appuyé dans mon dos, une injonction muette, brutale, qui me poussait vers l'avant.
Mon frère tourna vers moi un regard où perçait la peur et la confusion ; je tentai, malgré le tumulte qui régnait en moi, de lui transmettre une illusion de calme d'un simple hochement de tête et d'un petit sourire.
Après ce qui sembla une éternité, nous atteignîmes enfin le grand portail du palais.
Il s'ouvrit lentement devant nous, dans un glissement lourd. Les gardes, toujours inexpressifs, nous firent signe d'entrer.
Je m'enfonçai dans l'obscurité intimidante du palais, mon frère à mes côtés, emprisonné tout autant que moi dans cette atmosphère.
Les souvenirs des couloirs que j'avais autrefois parcourus librement jaillirent en fragments dans ma tête ; ce palais, que je connaissais dans ses moindres recoins.
Mais à peine avais-je le temps d'évoquer ces bribes de souvenirs qu'un des gardes m'agrippa rudement le bras.
Nous étions conduits de force à travers le long corridor, dont chaque détail respirait la magnificence et la perfection. Les murs, tapissés de riches brocarts, s'élevaient majestueusement, ornés de fresques détaillées et de dorures délicates qui capturaient la lumière des lustres suspendus au-dessus de nos têtes.
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le prince et la chrétienne [TERMINÉ] ( RÉÉCRITURE )
RomanceAu cœur d'un monde empreint de mystère et de splendeur, Merveille, une jeune chrétienne de 21 ans, se voit offrir une occasion extraordinaire : travailler dans le majestueux palais des Akzak's. Dotée d'une grâce naturelle et d'une sagesse au-delà de...