Les Neurodancers d'Harmonia

1.

Titre du téléhologramme : Le devoir de mémoire

Émetteur : Grand Orient

Mots clés : Harmonia, chaos public, histoire, guerre, paix.

Nombre de visions : 97 546 152 702

Réalisation : La voix du Grand Orient

Description du téléhologramme :

Harmonia, vue de l'espace. La caméra tourne doucement en un mouvement ellipsoïdal autour de la sphère bleue qui brille sur le tapis d'étoile. Voix off masculine, très grave, légèrement inquiète.

« Ceci est notre belle planète Harmonia. Il y a deux cent ans... il y a deux cent ans, nous avons failli disparaître de l'univers. »

La caméra finit son mouvement circulaire. La planète devient progressivement rouge incandescent. S'ensuit une multitude de séquences montrant la guerre, de gigantesques incendies, des bâtiments s'écroulant sur eux-mêmes, des femmes, des enfants et des hommes qui courent dans tous les sens. La voix off poursuit :

« Nous sommes morts par millions. Notre planète a connu les pires cataclysmes. Tout ça à cause de quoi ? À cause de nous. Purement et simplement. »

La séquence suivante est jouée en accéléré.

Une grande pièce vide. Un homme relativement âgé rentre par le côté gauche en marchant et vient s'installer au centre du quadrilatère. Une femme rentre par le côté droit. Lorsqu'elle arrive au centre de la pièce, l'homme tente de l'étrangler. Après avoir essayé en vain de se défendre, la femme se met à genoux en tremblant, se prosterne et ne bouge plus. L'homme met les poings sur les hanches, l'air satisfait.

Un jeune homme rentre à son tour par le côté gauche, court vers le vieil homme et tente de l'assommer. Le vieil homme se prosterne à côté de la femme. Le jeune homme met les poings sur les hanches et dresse fièrement le menton.

Un homme corpulent rentre alors par le côté droit et se dirige vers le centre de la pièce. Le jeune homme essaye de se battre contre le gros homme, mais ses coups ne semblent pas lui faire mal. Il s'épuise rapidement tandis que le gros homme ne bouge pas. Finalement, le jeune homme vient se prosterner à côté des autres.

Une suite de plans très rapides montre une véritable bataille rangée entre une vingtaine de personnes différentes, agglutinées les unes contres les autres dans la pièce. Certaines sont debout, d'autres prosternées.

La voix off reprend :

« Nous ne supportons pas la différence. Nous ne sommes pas responsables. À cause de cela, nous avons failli nous autodétruire. Heureusement, nous nous sommes arrêtés, et nous avons réfléchi. »

Une balance à plateaux apparaît progressivement, superposée à la scène, jusqu'à prendre tout l'espace du téléhologramme ; derrière, la pièce est devenue floue. La balance disparaît soudainement, laissant la place à la même pièce, cette fois cloisonnée par de petits murets en vingt-cinq carrés dans lesquels se trouvent les acteurs précédents, vaquant à des occupations diverses (on reconnaît un laboratoire, un poste de soudage, un studio d'enregistrement holographique, une chambre équipée d'un fantasmatron...)

« C'est pourquoi nous avons créé les communautés. À l'intérieur d'une communauté, chacun est libre et protégé. Grâce à notre système d'information continue, chaque Nous est capable à tout moment de décider quelle communauté est la plus à même de servir ses aspirations. Grâce aux centres du savoir, nous nous enrichissons spirituellement et travaillons sans cesse à perfectionner l'équilibre sur lequel repose Harmonia. Le chaos public a remplacé l'ordre public pour notre bien à tous.

Harmonia, c'est les communautés et la grande boucle. Ne l'oubliez pas. Pour que plus jamais nous ne nous mettions en danger. Pour rester unis et heureux. »

Chacun des acteurs arrête son activité, se dresse dans son cube et tend les bras pour se saisir des mains de ses voisins.

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Accès restreint : databank de l'histoire d'Harmonia.