Lexa :
La discussion se poursuivit et je conversais avec Murphy quand je vis le regard de Niylah changer. Ses yeux fixait un coin de la pièce où une silhouette sombre se tenait. Ange gardien silencieux. Mais Niylah ne dut pas avoir la même vision que moi puisque sa mâchoire se serra et que son regard devint meurtrier. L'attention de cet ange gardien ténébreux était dirigée vers moi. Entièrement. Le froncement de ses sourcils creusait un mince sillon sur son front qui me faisait craquer. Ma conversation avec Murphy prit fin brutalement lorsque je sentis la tension dans la salle monter. D'un côté, je détaillais la silhouette sans me préoccuper du monde qui m'entourait. J'adorais son corps de statue, ses paupières baissées qui me rappelaient sans cesse le secret que nous partagions, ses lèvres si providentielles qui m'attiraient irrémédiablement et qui me permettaient de me souvenir de ce moment si précieux que nous avions échangé. J'étais dans mon univers. Notre univers. Celui dans lequel je me sentais à ma place, celui dans lequel j'étais moi-même. Je sentais son regard sur mon corps, se défendant de monter plus haut et de révéler brutalement son secret si protégé.
D'un autre côté, Niylah me sortit brusquement de ma contemplation en se levant, menaçante.
- Qui es-tu pour rester ici ?
Sursautant, ma silhouette se tourna à-demi pour lui faire face malgré ses yeux fuyants.
- L'esclave personnelle de la Commandante.
- Qui me dit que tu n'iras pas tout répéter une fois cette discussion finie et mon sort scellé ?
Plus rapide que jamais malgré ses blessures et sa faiblesse physique, elle se rapprocha de l'esclave, l'attrapa par le col et la plaqua contre le mur. Sa vitesse me prit par surprise et je n'eus pas le temps de faire un geste avant d'entendre le dos de Clarke taper contre le mur. À ce moment, rien n'aurait pu me retenir si ça n'avait pas été Niylah. J'esquissais un geste de protection envers Clarke mais je vis la position de son corps. Il était posé, serein et dégageait un calme surhumain. Elle n'avait pas peur. Ce constat me surprit mais en y réfléchissant je la comprenais. Elle me faisait confiance. Elle savait que je n'aurais jamais relâché mon attention si il y avait un quelconque danger.
- De quel droit est-elle encore présente ici, Alexandria ?
Niylah s'adressait à moi. Et je ne savais pas quoi lui répondre. Cependant, à ce moment précis, Clarke pris la parole.
- Sont-ils dignes de confiance ma Commandante ?
La question était explicite pour les spectateurs mais implicitement elle me demandait s'ils méritaient son secret. Avant que j'eusse le temps de répondre, Murphy me devança.
- Clarke, comment oses-tu poser une telle question ?
- Excusez-moi mais vous vous connaissez ? demanda Niylah.
Je vis la poigne de la jeune femme se resserrer autour du cou de Clarke. Mon poing se serra de colère.
- Lâche-la Niylah ! On va t'expliquer mais lâche-la...
La fin de ma phrase se fit presque plaintive lorsque je ne vis aucun mouvement de la part de la jeune femme. En voyant mon désarroi, Clarke me regarda en fronçant les sourcils et tout à coup, son bras jaillit et elle se défit de l'emprise de Niylah. Elle recula ensuite vers moi et je me plaçais entre les deux, faisant rempart de mon corps.
- Qui est-elle pour que tu la défendes ainsi Alexandria ? Et toi, mon frère, tu ne dis rien ?
- Que veux-tu que je dise si tu ne veux pas nous écouter ?
- Et qui me dit qu'elle n'ira pas tout répéter une fois sortie de la salle ?
Un échange de regard se fit entre Clarke et moi, comme une permission demandée. J'acquiesçais silencieusement à sa requête. Puis doucement, elle dénoua lentement son chèche noir. C'était celui que je lui avais offert pour le bal. Avec le lion en or dessus.
J'aurais pu regarder ce geste si délicat pour l'éternité que je ne me serais jamais ennuyée. Le tissu qui file entre ses doigts, ceux-ci si agiles qui dénouent légèrement les couches d'habit et les noeuds de blocage, sa tête inclinée pour faciliter le passage de ses mains. Et surtout, maintenant que j'avais eu droit au magnifique spectacle de ce qu'il y avait en dessous, j'aurais passé ma vie à en rêver encore et encore. Me rappeler chaque détail de sa splendide chevelure, ses mèches rebelles qui descendent jusqu'à sa poitrine, la courbe de sa nuque sensiblement exposée aux rayons du soleil à travers les fils d'or qui la parsèment, ses doigts qui passent dedans pour les démêler en traçant des sillons entre eux, ses oreilles auréolées de cette douceur blonde bien trop attirante pour ma survie personnelle... Bloquée sur la beauté de Clarke, je n'avais pas encore prêter attention aux réactions de nos spectateurs imprévus.
Un cri. Un hurlement. Une fuite effrénée. Une injure. Un hoquet de surprise. Peut-être une accolade de soutien. Voilà ce à quoi je m'attendais. Cependant, je ne m'attendais certainement pas à la gifle qui claqua sur la douce joue de Clarke et à la tempête de reproche qui tomba sur moi.
- Il fait toujours que tu sois la plus intéressante, hein ? Comment as-tu pu la laisser en vie après ce que son peuple a fait ? T-a-t'elle ensorcelée ? Qui est-Elle ?
Son regard noir dirigé vers moi se posa sur Clarke.
- Qui es-tu ?
Sans un mot et au rythme de ses chaussures qui frappaient durement le parquet, Murphy sortit sa sœur de ma chambre tout en l'empêchant d'ajouter un mot de plus.Deux jours étaient passés depuis l'incident avec Niylah et je ne l'avais pas revu. Murphy était revenu en s'excusant pour le comportement de sa sœur. Je ne lui en avais bien sûr pas tenu rigueur. Sa relation avec Clarke, bien que je m'attendais à ce qu'elle se détériore, s'était améliorée drastiquement. Ils passaient ainsi toutes leurs journées à se chamailler et quand ils ne se voyaient pas, Murphy bougonnait. Il murmurait dans sa barbe, rigolait tout seul, j'en étais presque jalouse. Parce que moi ça faisait deux jours que je ne l'avais pas vu. Et elle me manquait. Terriblement.
Ce soir, il y avait un repas-réunion-bataille politique prévue à la capitale du royaume de Skaikru. Nous avions la journée pour nous y rendre à cheval. La perspective de cette journée harassante me fatiguait déjà mais le seul point positif c'est que j'allais revoir Clarke et ça n'avait pas de prix.
Lorsqu'au milieu de la matinée, à l'heure prévue pour le départ, j'apparus dans la cour de l'écurie royale, je vis mon géniteur sortir d'un box, énervé. Rien de tout cela ne sentait bon. Lorsqu'il me vit, un sourire mesquin apparut sur ses lèvres et sa réjouissance étira les rides qui perlaient aux coins de ses yeux pour en creuser d'autres, plus profondes, en parenthèses encadrant sa bouche mielleuse. Décidément, je ne le sentais pas. Soudain, tout fut décidé, mon père s'installerai dans la calèche pendant tout le voyage et moi je ferai la moitié sur mon cheval et l'autre moitié avec lui pour qu'il m'informe des stratégies à adopter pour ce soir.La première partie du voyage touchait à sa fin. Pendant tout ce temps je n'avais fait que la chercher du regard, elle. Encore et toujours, elle. Je l'avais entraperçue sur son cheval brun portant un gros manteau noir. La grande capuche cachait la majorité de son visage et je vis qu'elle tremblait de froid dès qu'un flocon de neige touchait ses mains déjà rouges de gel. Mais dès que j'essayais de m'approcher d'elle, elle disparaissait dans la foule des esclaves et c'était perdu d'avance si je voulais la retrouver. Nous fîmes donc une pause pour nous rassasier et nous réchauffer autour d'un grand feu de bois. Murphy vit bien que quelque chose me tracassait mais apparement des fils lui permettant de relier ses neurones étaient apparus pendant la nuit et il eut l'intelligence de ne rien dire...
- Au fait Lex, tu as vu Clarke aujourd'hui ? Je suis désolé de te poser la question mais avant j'avais trop froid pour parler sans claquer des dents.
Oh non...Les miracles n'existaient pas. Il fallait sérieusement que j'aille rencontrer les zigotos qui avaient balancé la rumeur. Quels crétins, faire des fausses joies au gens, comme ça sans même prévenir ... quel toupet ! Dix ans de travaux forcés dans les pleines Südchen au climat sibérien et on verra qui fait le malin après ça !
- Hey Lex, je te parle !
En agitant sa main devant mes yeux, mais quel mauvais bougre ce garçon !
- Il y a Clarke qui te regarde...
- Hein quoi, qui, où, comment ?
Puis je me rendis compte qu'il me fixait d'un regard narquois. C'était pas fairplay de dire des choses comme ça m'enfin !Nous étions arrivés depuis quelques heures, deux ou trois, dans la capitale de Skaykru et les majordomes nous avaient installés dans des chambres immenses dans plusieurs ailes du château. La suite qui m'avait été attribuée était aux couleurs du royaume, bleu pâle et blanc. Cette blancheur agressait presque les yeux et la pureté qu'elles reflétaient n'était qu'illusion. Le rouge était une couleur riche dans ce pays car trouver des teintures de cette couleur était très difficile si ce n'est impossible. Il fallait, pour en obtenir, conclure des marchés très défavorisants avec les autres royaume. Ainsi, les habitants de ce royaume avaient banni cette couleur de leurs habitudes. Certaines légendes contaient même que les habitants de Skaykru ne voyaient plus le rouge.
" Pour oublier ce qu'ils ne pouvaient voir, les habitants de Skaykru le transformèrent. Leur subconscient perdit la notion de cette couleur et de ce qu'elle représentait. Force et pouvoir. Domination. Ils la remplacèrent par du blanc, synonyme de pureté, de divinité et de combattivité. Ainsi, au fil des ans, leur sang se gela et devint blanc pour la plupart et bleu clair pour les plus purs. Les rois avaient le sang bleu.
Lorsqu'ils se retrouvaient face à du rouge, leur cerveau imaginait pour combler le manque de savoir et de connaissance. Leur réseau neuronal travaillait donc plus fortement pour proposer aux yeux quelque chose à voir ce qui provoquait une migraine terrible aux habitants de Skaykru.
Contes et légendes des 13 royaumes.
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You're my evidence of love's existence (FanFiction)
FanfictionUn autre univers, une autre histoire. Une histoire de prince charmant avec une Commandante à la place du prince et pas vraiment le côté charmant... Injustement, Clarke se retrouve esclave de la Commandante tandis que la couleur de ses yeux et de ses...