Paris, le 17 mars 1965 ..

0 0 0
                                    

«  Courage,  madame  !  Vous  y  êtes  presque  !  Soufflez…  Inspirez…  Expirez… »

Dans  cette  chambre  d’hôpital,  où  la  petite  Mathilde  allait  bientôt  naître,  on  s’agitait  dans tous  les  sens.  Les  infirmières  rentraient  et  ressortaient.  La  sage  femme  était  présente  depuis environ  sept  longues  heures  déjà.  Le  mari  d’Anastasia,  la  mère  du  futur  nourrisson  se  tenait à  côté  de  son  épouse  et  lui  serrait  fort  la  main. 
Tante  Joséphine  était  également  présente. Elle  restait  silencieuse  face  à  cet  évènement  mais  elle  le  ressentait  si  fortement…  et  elle  était si  vieille…  Son  visage  et  la  forme  de  son  corps  étaient  à  jamais  marqués  par  les  cicatrices  et les  crevasses  de  la  vie.  Elle  s’appuyait  sur  sa  cane  en  bois  de  chêne  au  bout  arrondi  et observait  intensément  le  visage  de  cette  jeune  femme  si  merveilleuse  qu’était  la  mère  de Mathilde. 

Anastasia  suffoqua  de  plus  belle  …  Elle  sentait  les  dernières  minutes  de  son  accouchement s’achever  et  tout  son  corps  partir.  Mathilde  allait  naître. Tout  d’un  coup,  tante  Joséphine  se  mit  à  parler.  Elle  n’avait  pas  laissé  une  parole  sortir  de  sa bouche  de  puis  cinq  heures. 

«  Regarde  ta  femme  comme  elle  est  belle.  Regarde  la,  ce  n’est  pas  tous  les  jours  que  tu  la verras  ainsi.  

Georges  était  muet  mais  avait  parfaitement  entendu  la  réflexion  de  l’ancienne.  Il  y  eut  un temps  de pause,  et  puis  il  répondit  : 

-  Je  la  contemplerai  aussi  longtemps  qu’il  le  faudra.  Aussi  longtemps  qu’il  me  faudra  pour réaliser  la  chance  immense  que  j’ai  de  l’avoir  pour  épouse  et  de  la  voir  donner  la  vie  avec autant  d’ardeur. 

-  Mon cher neveu…  tu le sais,  Anastasia  ne  sera  pas  éternelle.  Je  crains  que… 

Il  y  eut  un  temps  de  silence  ponctuel.  Georges  l’interrompit  :  

-Que  ? 

Et  il  y  avait  toujours  cette  agitation  envahissante  dans  la  pièce.  Tout  se  brouillait  dans l’esprit  de  la  jeune  maman.  Elle  se  voyait  dans  un  tourbillon  infernal  et  tout  devenait  flou autour  d’elle  comme  si  la  folie  s’emparait  de  tout  son  être  chétif.  Son  mari  lui  serrait  alors encore  plus  fort  la  main  et  tante  Joséphine  la  regardait  toujours  avec  autant  d’intensité. Elle  n’avait  pas  répondu  à  son  neveu  quant  à  son  interrogation  éventuelle.  Et  puis,  on entendit  des  pleurs.  Ça  y  est.  Le  bébé  était  enfin  né.  

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Oct 21, 2019 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

L'Homme à TalonsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant