BREATHE ○ Tome 1

Prologue

« Je m'appelle Ylhan Mahe. J'ai vingt-trois ans. Je suis différent. »

Je me dirige une fois de plus vers le bâtiment dans lequel je passe mes journées, mon lieu de travail. N'est-ce pas ridicule... ? Tel un hamster dans sa roue, je tourne en rond dans ce qu'on appelle la société. Enfermé dans une cage, j'amuse les grands de ce monde, tout comme les autres civils. Mais je ne suis pas comme les autres. Je ne suis pas heureux de me retrouver dans une cage, même la plus dorée soit-elle. Je ne suis pas heureux de me rendre compte à quel point mon existence, tout comme celle des gens qui m'entourent, est inutile. Je ne suis pas heureux d'être un mouton parmi tant d'autres. C'est ridicule et presque triste. Ridicule, parce que je me retrouve à vivre mon pire cauchemar, une vie banale. Triste, parce que je me rends compte que le monde est heureux de faire partie d'un troupeau de moutons.

Je passe la porte de la bâtisse et me dirige vers mon casier pour y déposer quelques affaires en essayant de ne pas croiser trop de monde.

Je travaille chez un disquaire. Je conseille et guide les acheteurs sur tel disque ou tel CD, on y vend même des instruments, des enceintes et tout ce qu'il faut pour écouter de la musique. Je passe mes journée à parler à des incultes qui semblent vouloir m'apporter la science qu'ils ne possèdent pas, en matière musicale, parce que je ne suis ''qu'un gosse qui ne connaît rien à la vie''. Et je dois sourire. d'un sourire forcé et hypocrite. Je me rabaisse à l'image d'un gamin ignare et qui se contente de sourire, parce que c'est ce qu'il convient de faire, parce que ça fait plaisir aux clients. Mais je ne rêvais pas d'une vie pareille. Je voulais la musique, c'est tout, rien d'autre. J'aurais aimé pouvoir vivre de mon art, vivre de ce qui faisait battre mon cœur. Mais il n'en est évidemment rien. Et je me contente de ce boulot minable pour pouvoir payer le loyer du taudis qui me serre d'appartement, dans la périphérie de Londres.
Mais je n'ai pas été capable de réaliser mon rêve. Je suis une erreur. Je ne peux même plus jouer... Je pensais pourtant que quitter Cambridge m'aiderait plus que ça. J'ai vraiment tout raté. Je vais continuer à vivre comme ça, dans l'ombre ? Parce que je suis différent ? Sûrement, oui.

Je ne suis pas le seul, mes amis sont plus ou moins comme moi. Enfin, du même genre, serait le terme approprié. Ça ne les dérangent aucunement de tourner en rond dans leur bocal. D'ailleurs, Harry travaille avec moi. Harry Jensen. C'est un très bon ami. Je l'ai rencontré ici même, il m'a fait connaître le reste du groupe ensuite. Ils m'ont très vite accepté dans leur cercle. Parce que c'est plus simple de s'intégrer quand tout le monde peux retrouver une ressemblance rassurante au sein d'une même différence.

~~Isi