BREATHE ○ Tome 1

I

Je me dirige maintenant vers le rayon dans lequel je suis affecté avec Harry. Il ne semble pas être encore arrivé, alors je commence à tout mettre en place, tandis que les autres employés s'occupent des premiers clients ou de leurs rayons.
Nous nous occupons de tout ce qui est Pop et Rock and Roll, ce n'est pas dérangeant pour nous, c'est même au contraire une chance pour moi de travailler dans ce rayon. J'aime la musique, en général, mais j'ai quelques préférences pour ce style-là je l'avoue. J'ai mes groupes et mes artistes préférés, je crois que c'est à peut près la seule chose qui me raccorde à la normalité.

Je sens une pression sur mon épaule, qui me sort de mes songes et je tressaille en me retournant vers le propriétaire de la main. On ne change pas les bonnes habitudes...

« Je te le répète tous les matins. Arrête d'arriver dans mon dos. »

Il ne fait pas attention à ma remarque, comme toujours d'ailleurs, et commence à disposer les différentes nouveautés sur l'étagère.

« Moi aussi, Ylhan, je suis content de te voir. Oui je vais très bien et toi ? »
Je marmonne quelques mots, sans doute incompréhensibles pour mon vis-à-vis avant de continuer mon travail.
« -Tu sais, je te trouve de plus en plus mince, et de plus en plus blanc...Tu es sûr que tout va bien ?
- Harry...

Je souffle en me retournant vers mon ami, ça commence tôt le matin maintenant...

- Je vais bien.

Je lui souris, mais ça sonne tellement faut que Mozart, Bach et bien d'autres se retournerai dans leur tombe à l'heure qu'il est.

- Tu me mens souvent aussi. Pourquoi ne veux-tu donc pas de l'aide que je veux te donner ?

Suit à cette dernière remarque, ses yeux cherchent les miens, mais je préfère regarder mes pieds plutôt que de les affronter.

- Parce ce que je n'ai besoin de l'aide de personne Harry.
Il m'énerve.

- Tu n'es même pas capable de me mentir en me regardant dans les yeux. C'est triste. » Il se retourne et continue ce qu'il avait commencé.
Désolé mais le silence est souvent ce qui préserve le mieux du monde extérieur. C'est mieux si personne ne sait jamais rien. On vit plus facilement quand les secrets sont bien gardés/
Mais pourtant tu as raison, j'ai maigri, et ma santé mentale ne tient qu'à un petit fil, un simple petit fil qui me rattache encore à la réalité de ce monde qui m'empoisonne.

« - On organise une petite soirée avec James ce soir, à l'appartement tu veux venir ?
Si je refuse ils vont tous se poser des questions, et les inquiéter est vraiment la dernière chose qui puisse me faire envie. Alors, je n'est pas vraiment le choix...
- À quelle heure je dois venir ?

Un petit sourire effleure mes lèvres alors que la mine rayonnante du brun me fait face.
- J'aime quand tu parles comme ça ! J'adore !

Il est amusant. Je ricane doucement, je n'ai jamais vu quelqu'un s'émerveiller pour de si petites choses et sourire à la moindre futilité. Il est un peu comme... un rayon de soleil... un rayon d'espoir. Il paraît que l'espoir fait vivre, mais s'il ne fallait que ça pour vivre ça se saurait. Et moi je ne serais pas là, à me sentir glisser sans pouvoir rien faire d'autre que me regarder tomber.

- Je t'ai demandé l'heure, rien de plus... Il ne s'arrête pas de sourire pour autant.

- Dix-neuf heures, prévois un change, on va dormir là-bas !
- Je suppose que je n'ai plus le choix de toute manière.

Je lui réponds dans un souffle.

- Ce qu'il y a de bien avec toi Ylhan, c'est que tu comprends vite. »