Prologue

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Depuis notre insertion dans le quotidien des êtres humains en l'an 2087, nous n'avons cessé de tendre vers la perfection. Apodis est notre Eden, et nous avons su faire les sacrifices nécessaires à l'avènement de notre ère.


La nouvelle génération qui verra le jour, aujourd'hui, nous mènera vers l'apogée de notre race.


    La voix métallique du chef de communauté avait retentit, puis, sans un bruit parasite, la horde d'humanoïdes s'était redressée sur ses jambes. L'illusion était parfaite, ou presque. On les aurait cru humains tant leur apparence était trompeuse. Mais un défaut persistait, ces tas de ferraille étaient incapables de ressentir quoi que ce soit. Ils avaient eu, il y a quelques années, un esprit de rébellion, comme un éclair et s'étaient emparé de tout le pays dont ils avaient à présent toujours le contrôle. A plusieurs reprises, les nations humaines avaient tenté de les déloger, sans succès. Les troupes humanoïdes étaient d'une technologie bien plus sophistiquée.

L'humain a détruit bien plus que ce que nous allons créer, mes amis. Ensemble, faisons de la seconde génération d'humanoïde une génération qui se placera au dessus de toute race, une génération sans vice ni défaut. Ces enfants laveront le monde de la dépravation humaine.

    Les quelques concernés par la cérémonie avaient avancé de quelques pas calculés au millimètre près. Il s'agissait d'une quinzaine de « couple » qui avaient été choisis pour élever la seconde génération d'humanoïdes, des humanoïdes bien plus proches de l'humain, mais bien plus parfaits que cela. Avant que la voix tonitruante et pourtant insipide de « A01.1» ne s'éteigne, le cris frêle d'un bébé avait fait écho sous le dôme. Aucun des humanoïdes n'avait vraiment réagit, les pleurs criards du nourrisson ne les atteignaient pas mais il avait réussit à inquiéter les quatorze autres petits humains étendus à ses côtés comme des morceaux de viande sur un stand de boucherie.

    Dans une parfaite chorégraphie, les quinze duos s'activaient, ils connectaient l'enfant à sa réplique parfaite, les accordaient l'un à l'autre dans un enchaînement de gestes précis et cadencés. Le vagissement des bébés, arrachés aux bras de leurs mères, se répercutait sur leurs imitations automates. Là était la seule musique de la cérémonie, un poil sacralisée. Mais l'être organique allait bientôt rejoindre les coulisses pour que sa copie artificielle ne prenne le devant de la scène. L'un dans l'ombre, l'autre dans la lumière. L'un grandirait, l'autre se consumerait.


Fêtons, aujourd'hui, la genèse d'une nouvelle génération. Puissent-ils nous rendre meilleurs.

𝙰𝙿𝙾𝙳𝙸𝚂: 𝚊𝚗𝚊𝚕𝚘𝚐𝚘𝚞𝚜 | 𝐽𝑖𝐾𝑜𝑜𝑘Où les histoires vivent. Découvrez maintenant