Sa capuche volant derrière lui, Francis courait à toute vitesse parcourant les pâtés de maison. Tel un ninja. Un coup à gauche, un coup à droite, ses pieds glissant sur le béton mouillé. Le vent qui lui fouette le visage avec la vitesse. Il avait le souffle court pourtant il riait, il riait tellement. Imaginez la scène. Un garçon courant dans une rue vide et qui rit tout seul. Toute cette situation était complètement absurde. Mais tout ce qui est le plus absurde est aussi le plus merveilleux. L'absurdité que cette histoire ce finisse bien. L'absurdité qu' Apollo ressente la même chose que lui. L'absurdité que Francis ait enfin le bonheur qu'il mérite.
Francis fit un tour sur lui même comme une danseuse de ballet. Le moment paraissait propice pour faire une danse improvisée en plein milieu de la rue. Il ferma les yeux s'imaginant en train de voler. Et il volait presque. Il ne manquait qu' Apollo pour s'envoler avec lui dans les nuages.
« Francis ? »
Francis ouvrit les yeux. Il cligna des yeux plusieurs fois. A présent il ressentait bien la gravité qui lui tirait les pieds vers le sol. Il aurait aimé s'y enfoncer d'ailleurs. Il se racla la gorge.
« Euh salut... »
Apollo se trouvait la debout, devant lui, un regard d'incompréhension. Mais il eut un demi sourire d'amusement. Et un point de plus pour l'absurdité de la situation!
« Qu'est-ce que tu faisais ? »
Francis se gratta l'arrière de la nuque et baissa les yeux.
« Euh...rien. »
Francis se sentit devenir rouge pivoine. Il fixa le lacet défait sur sa basket. L'expression amusée d'Apollo s'évanouit rapidement.« Moi j'étais venu te voir, j'espérais que tu ne sois pas encore rentré... »
Il était venu le voir ? Lui ?
Les battements de cœur de Francis s'accélérèrent. Il ne dit rien mais Apollo reprit.
« Écoute, je sais que tu m'en veux pour l'histoire de Léonie mais je te jure que c'est pas ce que tu crois. Je ne suis pas un trompeur. J'avais d'autres...euh raisons pour agir comme j'ai agi. »
« Je te crois. »
Leurs yeux se croisèrent. Apollo balbutia.
« Je euh...je...je n'ai jamais voulu faire de mal à personne. »
Francis sourit faiblement.
« Je sais. Moi non plus... Je ne pensais pas ce que j'ai dit toute à l'heure. »
Apollo avait l'air rassuré mais sa nervosité ne le quittait pas. Francis se balança sur ses pieds mal à l'aise. Fais quelque chose, te dégonfles pas ! La petite voix dans sa tête lui hurlait dessus mais devant le doux visage d'Apollo, Francis ne savait rien faire.Silence.
Ils se regardèrent un moment. Un très long moment. Comme pour essayer de faire passer un message par télépathie. C'est comme si ils étaient prisonniers du regard et qu'ils n'oseraient jamais détourner les yeux. Francis avait chaud, il faisait pourtant si froid dehors. Il inspira doucement par la bouche. La tension était insoutenable. Il se racla la gorge. Mais ses yeux se perdaient toujours dans ceux d'Apollo.
« ...j'ai chaud...quand même. »Apollo ouvrit la bouche puis la referma. Il n'arriverait pas à s'exprimer avec des mots. Il posa un pied vers l'avant. Francis n'osa pas reculer. Apollo osa se rapprocher. La chaleur et le tambour des battements de coeur de Francis augmentèrent quand il vit la dangereuse proximité entre lui et Apollo. Rien que si il tendait le petit doigt, il pouvait le toucher. Toucher la matière de son pull et passer la main dans une des poches de son jean. Il pouvait aussi ressentir sa respiration. Respiration chaude et lente. Rassurante.
Et si...et si il se penchait...un tout petit peu...vers l'avant...il pourrait...enfin...
Fais le !Francis se pencha en avant et embrassa Apollo. Avec toute la passion qui lui avait manqué. Suivant les conseils de Léonie. Il passa sa main dans ses cheveux, odeur du shampooing à la pomme. Il souriait doucement quand Apollo mit une main derrière son dos pour le serrer contre lui.
Et maintenant il volait dans les nuages rose bonbon. Avec Apollo. Texture de barbe à papa, odeur de pomme et de transpiration. Apollo et lui en tutus bleus. Faisant des girouettes. Un arc en ciel dans le dos. En plein hiver, dans une rue vide et trempée par la pluie. Et puis derrière on entendait la musique de Titanic jouer.
On peut dire que c'était magnifiquement absurde.