Elle faisait les cents pas dans le salon. Ça se voyait qu'elle était prête à péter un câble. Et lui, il avait les mains sur les hanches, debout, adossé au mur. L'odeur provenant de sa cigarette allumée se répandait de plus en plus dans la maison. Il semblait si nerveux mais en même temps si calme.
- Mais qu'est ce que tu crois? J'ai appris à vivre à mes dépends, depuis que tu as renié l'enfant que tu m'as fait.
- Est-ce ma faute si tu m'avais entraîné? Pourquoi en ce temps, tu ne te protégeais pas! S'exclama t-il en jetant sa cigarette à terre avant de l'écraser du pied.
- Oh! N'y revenons pas parce que tu as été le seul homme à m'avoir touché, salaud. En tout cas, cela fait maintenant quatorze ans que la petite n'a pas vu le bout du nez de son père, quatorze ans qu'elle me demandait où est ce que tu étais et donc quatorze ans que je lui mens!
- Orgh! Tu n'étais pas obligée, grogna t-il en croisant les jambes.
- Assume tes actes! Déjà que tu oses venir CHEZ nous. Il est hors de question que tu restes plus longtemps.
- Mais, qu'est ce que tu racontes? S'indigna t-il.
- Sors de chez moi, t'entends? Cria t-elle en lui montrant la porte du doigt.
- Quoi? Tu me mets à la porte? Tu sais ce que j'ai fait pour toi.
- Dégage, merde!
- Elle a besoin de moi et tu le sais, affirma t-il en se dirigeant lourdement vers la sortie.
- Elle AVAIT, mais plus maintenant... conclut-elle.
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Elle ouvrit les yeux, leva légèrement la tête et desserra le poing de sa main gauche.
- Ce fut la première et la dernière fois que je vis cet homme, déclara-elle.
- A ton avis, qui était cet homme?
- Mon père, peut-être.
Une larme voulut lui échapper mais elle se murmura une phrase: "Montre à ton ennemi tes faiblesses et il en fera ses richesses". Alors, c'est juste un long soupir qu'elle laissa s'échapper.
- Tu restes sceptique sur son identité..
- Je ne veux pas croire qu'il est mon père.
- Sais-tu au moins où il se trouve?
- En prison, répondit-elle sèchement, reprenant ses esprits.
- Cela ne te fait rien? Ton père n'était pas bien tu comprends? Je ne voudrais pas que tu regrettes quoique ce soit..
- Je ne regrette rien! Il méritait la prison pour avoir tué maman et il y est, dit-elle calmement, sur le point d'en dire plus.
- D'accord, je vois.. J'ai cru comprendre que tu avais des pulsions suicid...
- Je viens de perdre la personne la plus importante de ma vie.
- Et.. Est-ce toujours le cas?
- Non.
- Bon.. termina t-il.
L'homme qui lui avait parlé sortit de la salle pour aller discuter avec l'un de ses collègues. De l'intérieur on ne percevait que des murmures.
- Albert, je suis découragé! Chaque fois c'est la même chose, dit il. Je crois qu'elle fait exprès de nous raconter la même histoire à chaque fois.
- Ses réponses sont plates, il nous faudrait plus d'informations, affirma Albert.
- Depuis presque un an! Elle m'exaspère. Très coriace, la petite. Et elle ne fait que me couper, bon sang!
- Continuez. Continuez de la suivre. Je crois qu'on peut lui en soutirer plus que ce que vous ne croyez, continuez! Termina Albert avec un regard malicieux.
Ils l'observaient depuis le couloir, postés devant une fenêtre fumée qui donnait vue sur elle. Il l'avaient mise dans une pièce sombre et peu éclairée. La lampe du plafond avait une faible lueur. Distinguer parfaitement son visage était impossible. Elle, assise sur une chaise en bois, avait la même pose depuis le début de la séance. Les jambes croisées, les mains sur ses cuisses, on aurait dit qu'elle fixait le mur en face d'elle. Mais en s'y plaçant devant, on remarquait qu'elle avait le regard vide.
Soudain, quelqu'un ouvrit la porte. C'était Albert.
- Bonsoir mademoiselle ! Comment allez vous ?
- Bien.
- D'après mon collègue, vous êtes étonnamment neutre et ... étonnamment peu bavarde pour quelqu'un qui en sait des choses. Il marqua une pause puis sourit, on ne vous veut que du bien, vous savez?
Elle ne répondit pas. Il poursuivit alors:
- Bon, la séance est terminée. Nous nous reverrons bientôt, j'espère.
- Bonne soirée, monsieur!
- A la prochaine, Aven!
Elle se leva de sa chaise et se dirigeait vers la sortie quand il l'interpella:
- Oh, heu, après de vaines recherches, nous avons retrouvé une de vos tantes. Dès demain, vous rejoindrez son foyer accompagnée de Monsieur Mirès. Préparez donc vos affaires.
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Je suis une tueuse
Mystery / Thriller"Je levai les yeux vers le ciel après un bref soupir [...]. Il faisait assez sombre dans la rue, mais j'arrivai quand même à remarquer qu'ils étaient toujours derrière moi. Je pris alors la ruelle de droite, toute essoufflée et m'arrêtai quelques se...