Chapitre 1

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Ma participation au concours "La pluie d'un instant" de socamm

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Je me promenais en forêt quand je l'ai rencontrée pour la première fois.

Elle était seule, assise sur ce banc, et fixait l'horizon face à elle, sans mot dire. 

Emmitouflé dans son gros pull en laine, elle ne m'avais pas remarquée.

Elle avait une peau de miel, des yeux d'ambre, des cheveux de feu et le charme destructeur d'un filtre d'amour.

Sous le ciel d'automne et la pluie de feuilles mortes, elle promenait son regard noisette sur le somptueux paysage qui s'offrait à ses pupilles curieuses.

Le camaïeu d'oranges, rouges, jaunes et dorés des arbres autour de nous se mouvait lentement au rythme de la brise douce qui soufflait dans nos visages.

Et tandis qu'elle souriait timidement au soleil craintif qui pointait entre chênes, érables et cèdres, je reprenait mon chemin, un air satisfait plaqué au visage.






Notre deuxième rencontre a eu lieu le lendemain.

Elle était sur son banc, un livre entre ses mains délicates et ses lunettes glissaient lentement le long de son nez fin.

Cette fois, je suis venue m'asseoir près d'elle, nos regards se sont croisés et elle m'a sourit.

Mes joues sont devenues roses mais mes yeux se sont perdus dans les siens, et je me suis noyée dans un lac d'or fondu.

Elle a repris sa lecture comme si de rien était mais ses pommettes cerises l'ont trahie.

Je l'ai observée encore un moment avant de rêvasser, regardant distraitement les nuages de coton aux formes extravagantes passer dans le ciel bleu-gris de l'automne.







Le troisième jour, elle n'était pa là.

Son banc se dressait, solitaire, contre le vent rageur qui grondait et faisait violemment danser les arbres.

Une pluie dure s'abattait sur moi mais je suis restée, en attendant qu'elle pointe le bout de sa truffe.

Elle n'est pas venue et je suis rentrée, dégoulinante et déçue.







Je l'ai revue lors de ma ballade du jeudi.

Elle écoutait de la musique, les genoux ramassés sous le menton et les bras autour des jambes, sur son banc.

Sa chevelure de flammes rousses flottait élégamment par dessus son dos.

Une bruine légère la paraît de minuscules perles transparentes.







C'était devenu comme un rituel.

Elle était toujours là, tout les jours à la même heure, seule sur son banc, une expression sereine sur le visage et moi, je venais m'asseoir à ses côtés.

Elle ne disait jamais rien, et moi ça me suffisais.

Un jour, elle a chantonné.

A peine un murmure.

Une douce mélodie, celle d'une mère à son enfant.

C'était beau et simple.

Un diamant a roulé le long de sa joue et je l'ai observée quelques longues secondes.

Elle s'est levée et s'en est en aller, étalant son maquillage contre sa peau constellée de tâches de rousseur.

Je l'ai regardée faire sans bouger et je suis parti.

J'ai marché dans la direction opposée.

Quand je lui ai tourné le dos, j'ai sût que je ne la reverrais pas.

J'ai continué sur mon chemin, des larmes de regrets s'écrasant, pesantes, dans mon cou.








Il m'est arrivé de revenir à notre banc.

Et sous le ciel d'automne, je danse.

Et sous le ciel d'automne, je chante.

Et sous le ciel d'automne, je pleure.

Et sous le ciel d'automne, je te vois dans les nuages blancs.

Je te vois dans les feuilles qui tombent des arbres.

Je te vois dans les flaques d'eau que ma fille adore.

Je te vois dans ce banc solitaire.

Je te vois dans les cheveux indomptables de ma petite.

Je te vois dans les yeux des renards curieux mais trop sauvages pour vraiment se laisser approcher.

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"I'm covering my eyes, entrusting my body to the music.
Screw the boring rythm, tonight it is foxes dance."

En espérant que ça vous a plus.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 28, 2019 ⏰

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