28. Hannah

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Le lendemain ne fut pas de tout repos, à mesure que les heures passaient, mon malaise grandissait. J'allais revoir Matthieu et même si je savais que je pouvais lui faire confiance, une part de moi se méfiait tout de même de ses explications.

Quand j'ouvris la porte de la salle, je fus étonnée de le trouver à sa place habituelle, je pensais qu'il se serait mis à côté de moi, mais il était apparemment sincère quand il m'avait dit ne plus vouloir forcer. À l'instant où je m'assis, je le vis se retourner dans ma direction et il me sourit avec appréhension. Je lui rendis un sourire peu sincère et mis mes affaires devant moi, coupant le contact visuel.

Le professeur arriva très peu de temps après avec un large sourire et, une fois à son bureau, nous observa tous amusé.

— Je remarque que tout le monde n'est pas forcément à côté de son binôme, j'aimerais que pour les deux semaines qui vont suivre ce cours soit matière à vous inciter à débattre entre vous et pour ça il faudrait peut-être que vous soyez assez proches pour le faire, finit-il amusé.

Matthieu et moi nous regardâmes quelques secondes, nous demandant lequel ferait le premier pas, puis, cédant, je pris mon sac et le mis à ma gauche, laissant la place à côté de moi libre. Il y eut de légers mouvements de foule où chacun se mit près de son partenaire et Matthieu vint s'asseoir près de moi.

— Bonjour Hannah, me salua-t-il timidement.

— Bonjour, ronchonnai-je légèrement.

Tout le monde venait de finir de s'installer et M. Cohen put commencer le cours. Hélas, ma concentration était aux abonnés absents, le silence de Matthieu me perturbait plus que ses explications. En l'observant quelques secondes je remarquai que lui aussi n'écoutait pas le cours, il triturait son stylo en regardant dans le vague quand tout d'un coup il poussa un soupir puis se tourna vers moi. Je sentis mes joues s'empourprer de gêne qu'il ait aperçu que je le fixais et je détournai aussitôt les yeux.

— Hannah, j'aimerais te parler de samedi soir..., commença-t-il dans un murmure.

— Laisse tomber, le coupai-je ne voulant pas entendre de nouveau ses explications, j'étais ivre et toi comme tout homme tu as su profiter, c'est de ma faute, je n'aurais pas dû boire autant, chuchotai-je sans le regarder.

— Je n'ai pas profité de la situation, lança-t-il agacé, peut-être que ça te rassure de croire que je suis comme tous les autres hommes, mais ce n'est pas le cas. Je ne profiterais jamais de toi, je te respecte beaucoup trop pour ça, alors arrête de me mettre dans le même sac qu'eux, s'il te plaît, finit-il sèchement

Je m'étais tournée vers lui, étonnée par son emportement, de son côté il ne me lâchait pas du regard, attendant sûrement de voir ma réaction. Je fixai alors ma feuille, toujours vide malgré les nombreuses minutes de cours qui s'étaient déjà écoulées. Il avait raison, il n'était pas comme tous les autres, je le savais et c'était mal de rejeter ma colère envers moi-même sur lui

— D'accord, lâchai-je entre l'agacement et l'approbation.

Je n'osais toujours pas le regarder, mais je sentis qu'il venait de tourner sa tête vers le cours, satisfait de ma réponse. J'essayai à mon tour de suivre ce que le professeur nous racontait, mais cela m'était difficile.

Nous restâmes silencieux toute l'heure qui suivit, mais quand M. Cohen s'absenta durant la pause, Matthieu se tourna vers moi plus souriant.

— Je voulais aussi te dire que j'ai passé une bonne soirée samedi, malgré tout. Tu as vraiment su t'entourer de bons amis, ce qui est assez étonnant quand on connait ton caractère, me taquina-t-il.

Une Saison Suffit - 1. La cage | TerminéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant