A ma chere amie

A ma tres chere amie

Dans ce froid hivernal, j'étais là, lassé de la vie monotone que je menais, je regardais le paysage enneigé du parc, juste en face de petit bistrot dans lequel je m'étais posé, pour être au chaud comme lorsque je m'endormais au coin du feu durant mon enfance, l'attendant comme toujours. Elle était en retard, tout comme moi il y a un an, mais contrairement à elle, je m'étais précipité pour ne pas être en retard. Mes yeux sans vie se promenaient sur le tapis d'un blanc angéliquement pur qui perdait de son relief de velours sous l'amusement des enfants, emmitouflés dans leur longue écharpe traînant au sol, dessinant des formes sur la magnifique poudre blanche, et leurs doux gants de laine les aidaient à se protéger du froid lorsqu'ils formaient des boules-de-neige.

 Leurs rires retentissaient dans mon cœur d'adolescent rebelle, me plongeant dans une profonde mélancolie caché aux yeux de tous, sous ce masque de verre si fragile, si livide et sans once d'espoir. Je n'ai aucune chance de gagner dans ce jeu des apparences. Toujours critiqués, toujours remplis de défauts, jamais aux goûts des autres, j'ai un jour craqué devant elle et elle m'a soutenu, rassuré et aidé à avancer tel le fauteuil roulant aidant un paraplégique à vivre en ayant connu un bouleversement dans sa vie. C'est pour cela que je souhaitais une dernière fois lui rendre l'appareil.

Ainsi, je jetais un œil sur mon poignet, sur lequel je pouvais y voir la présence d'un bracelet à ficelle rouge composé de petites perles cubiques avec écrit dessus "Friends Forever". J'espère vraiment que ça lui plaira. Je l'enlevai avec toute la délicatesse du monde avant de le poser sur la table en le regardant avec douceur. Humant l'odeur du chocolat chaud déposé en face de moi par la serveuse durant ma contemplation de ce paysage apaisant mon âme et mon esprit torturé. Je revenais sur terre, quand la chaleur de la tasse me picotait mes doigts gelés. Plongeant mon regard vers la couleur noisette de la boisson hivernale, j'amenais délicatement mes lèvres aux bords de la tasse, rencontrant cette chaude liqueur qui ne manqua pas de me brûler la trachée plus d'une fois. 

Le bruit d'une notification résonna près de moi, attirant mon attention vers l'écran de téléphone portable posé à côté de moi. La personne avec qui j'ai rendez-vous me prévint qu'elle aura du retard. Je lui répondis que ce n'était pas grave, et lui dis de venir dès qu'elle le pourra. Le temps s'écoulait lentement, toujours et encore plus lentement à chaque seconde qui passait. Les enfants commençaient à rentrer chez eux sous les coups de dix-neuf heures, alors que je payais ma boisson au comptoir, je déposais sur la table le bracelet et un petit mot accompagnant le présent offert.J'enfouis mes mains dans mes poches de mon long manteau usagé qui ne m'allait absolument pas tellement qu'il était grand pour moi, avant de commencer à partir, jetant un dernier regard derrière moi avec le peu d'espoir qu'il me restait. 

J'aurais voulu revoir son sourire une dernière fois. Je ne savais pas que quelques minutes après, mon amie arriverait en courant vers le petit bistrot et regardait autour comme si elle me cherchait désespérément, moi l'être condamné à ce destin de vagabond, devant rester éternellement seul, à l'écart de la société tel un fragment du passé. Elle demanda au patron du bistrot qui lui indiqua la table à laquelle je m'étais installé et elle y vit mon bracelet sur lequel il y était écrit derrière le message d'amitié un message d'amour qui lui était adressé. Elle tremblait légèrement et prit avec hésitation le petit bout de papier à côté du cadeau. 

Elle fermait les yeux en ouvrant lentement le mot et lorsqu'elle le lit, elle le lâcha pétrifier comme si elle avait vu un fantôme. Ses larmes coulaient sans qu'elle ne puisse contrôler son avalanche d'émotion qui l'engloutissait, l'obligeant à regarder derrière elle, vers un passé lointain qui la hantait depuis un an. Elle se laissa tomber sur une chaise en face de celle qui plutôt était occupée de son défunt ami, moi. Se laissant envahir par les souvenirs d'antan.