Chapitre 6

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Voilà deux semaines que Shade n'est pas sortie. Allongée en pyjama sur son canapé, Emma est en pleine réflexion sur son avenir de mercenaire. Elle ne supporte plus Cobblepot, mais il a des ressources dans toute la ville. Elle a commis une erreur en le mettant en rogne. Maintenant elle doit trouver un autre "grand patron". Il reste Maroni et Falcone, mais Maroni risque de mal prendre la candidature de celle qui lui a volé du matériel. Il faudrait beaucoup d'audace pour faire ça. Ce serait un tout ou rien. Théoriquement, Emma ferait mieux de se tourner vers Falcone, mais le vieux Carmine commence à perdre la main, selon les rumeurs. Ce ne serait pas rentable.
Rentabilité ou probabilité de survie, que faut-il suivre ? Oh, et puis merde. Dans tous les cas je...
Le flux de sa pensée est interrompu par une journaliste au journal du soir :

"Vers 4 heures du matin, une fusillade a eu lieu près d'une usine de Soder Cola désaffectée. Jusque-là, c'est une habitude pour les habitants de Gotham. Cependant, comme vous pouvez le voir sur ces images, celle-là a été d'une particulière violence. On dénombre pour l'instant 24 morts qui étaient pourtant armés. Ce sont tous des membres du gang de Maroni, d'après la police, qui ne veut pas donner plus de détails concernant la violence de cette attaque. Bien que nous soyons maintenant débarrassés de 24 criminels, la question est désormais de savoir pourquoi ces hommes étaient présents près de cette usine : quel coup préparaient-ils ? Et qui sont ceux ayant perpétrer ce massacre ?"

Quelque chose perturbe Emma dans cette nouvelle. Il serait fort étonnant que Falcone se laisse aller à ce genre d'attaque, malgré sa perte de pouvoir au sein de Gotham. Elle a beau triturer, retourner l'information dans tous les sens, elle n'arrive pas à trouver la réponse à ce petit détail qui la chiffonne. Elle doit en savoir plus. La jeune femme  décide donc de descendre à l'appartement d'en-dessous. Elle ne toque pas et ouvre directement avec son double des clés.

"- Qu'est-ce que tu fais là ? interroge-t-elle depuis le canapé, une cuillère de glace à la main.

- Salut. Je dois voir Jim, j'ai des trucs à lui demander.

- Quels trucs ?

- Des trucs probablement pas intéressants pour une lycéenne.

- Comme l'informatique et les technologies de pointe, et pourtant...

- Parce que les fusillades ça t'intéresse ?

- Euh, moyennement.

- C'est bien ce que je pensais.

- Pourquoi tu veux lui parler de ça ?

- Parce que moi ça m'intéresse.

- T'as toujours été bizarre, toi." dit Barbara avec un air mi-choqué, mi-dégoûté, avant de partir dans sa chambre.

C'est à ce moment que James Gordon choisit de rentrer. Il ferme le loquet, enlève son manteau en soupirant sans remarquer la présence d'Emma, avant de se retourner.

"- Ouah, tu es fatigué, lance Emma.

- Si tu savais, répond machinalement Gordon avant de voir enfin Emma, l'air surpris. Salut.

- C'est cette fusillade qui t'a autant claquée ?

- Une fusillade qui ne laisse aucune trace de balle côté victime, y a de quoi fatiguer n'importe qui.

- Comment ça, aucune trace de balle ?

- On a retrouvé les douilles et es balles perdues des cadavres, dans les murs, les piliers... Mais aucune trace de coups de feu de l'autre côté. Ni douilles, ni balles, comme si les trous dans leurs corps s'étaient fait tous seuls.

- Mais s'ils ils ont tiré, c'est bien que quelqu'un les a attaqué. Les Falcone ?

- C'est une possibilité. Mais peu importe qui a fait ça, il a accès à un armement inconnu et intraçable, visiblement, et ça, on ne peut pas le laisser passer. On doit absolument le retrouver avant qu'ils ne recommencent et qu'ils ne tuent des innocents, cette fois. Mais on a aucune piste, rien d'exploitable, un véritable échec. Mais bon, je ne suis pas vraiment censé te dire tout ça.

- Comme d'habitude, je n'ai rien écouté, rien entendu.

- Mouais, allons bon. Et sinon, pour changer des sujets de discussion macabres, tu comptes trouver un travail, un jour ?

- J'ai un travail.

- Je parle d'un vrai travail. Tu as un diplôme et tu ne t'en sers pas, qu'est-ce que tu attends ?

- Un job sympa et utile ? demande la jeune femme en haussant un sourcil.

- Parce que c'est clair que c'est utile de sentir la friture... Ecoute, tu as 25 ans, tu ne sors jamais, tu restes enfermée chez toi, tu n'as vraisemblablement aucun ami, je te paye une partie de ton loyer, et tu travailles dans un fast-food. C'est normal que je m'inquiète, à force. Ce n'est pas la vie que je te souhaitais.

- C'est pas exactement le sujet de discussion que j'avais prévu, ça.

- En attendant c'est le sujet que j'ai choisi, répond fermement James Gordon.

- Et c'est exactement pour ça que je vais m'éclipser dans la seconde, parce que je sais déjà ce que tu vas me dire, parce que tu me l'as répété je ne sais combien de fois, et que ma réponse est toujours la même : je suis adulte, je peux me gérer toute seule, et si le problème c'est que tu payes une partie de mon loyer, ne t'inquiète pas, je peux le payer en entier, voire partir."

Emma se dirige vers la porte d'entrée, déverrouille le loquet et ouvre la porte.

"- Je me souviens t'avoir appris qu'on ne quitte pas les discussions importantes juste parce qu'elles nous déplaisent, lance Gordon.

- Je m'en souviens, j'avais 12 ans, mais plus maintenant. Bonne soirée."

La porte se referme derrière la jeune femme. James se lève et se dirige vers le buffet. Il en sort une bouteille de whisky et un verre, il se sert, puis retourne s'asseoir dans le canapé avec son verre. Il s'attendait à voir du changement lors de l'évolution de ses enfants, rien de plus naturel, mais il ne s'attendait pas vraiment à et éloignement progressif. Malgré le manque de liens biologiques, il la considère bel et bien comme sa fille, et il souhaite réellement sa réussite dans la vie. Mais avec cette tête de mule là, parler ne sert pas à grand chose.

Mercenaire de Gotham [abandonné, cf partie 11]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant