2 : Ouvrir les yeux sur ses amitiés

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(13.10) à peu près rien (?)

JE T'AIME JSQ LA LUNEEEEEEE (-Clare)

...

Seulement une dizaine de jours qu'il n'avait pas vu Clare, et Justin n'arrêtait pas de penser au moment où il allait la retrouver tout à l'heure. Cette fille était devenue une vraie drogue pour lui, et s'il en fut effrayé le temps d'une seconde il remplaça vite cette pensée par l'excitation qu'il avait de la revoir. Chaque fois qu'il la voyait, il avait un véritable feu d'artifice qui éclatait dans son ventre. Elle était plus jolie chaque fois, plus intelligente chaque fois, plus surprenante chaque fois. Il n'arrêtait pas de tomber amoureux de Clare, encore et encore.

-Enfin prêt, ou monsieur a besoin d'encore vingt minutes pour arranger son faciès déjà pas très ouf ? retentit une voix sarcastique à la porte.

-C'est gentil de proposer mais ça ira, dit Justin en se retournant.

Il s'immobilisa et porta ses doigts à sa bouche pour la siffler, tel un gars des rues. Elo était moulée de haut en bas dans une jolie robe noire en laine à col roulé, agrémentée d'une grosse ceinture marron et de cuissardes claires en daim. Sa bouche était relevée avec un rouge à lèvres prune et elle portait des créoles en or qui brillaient chaque fois qu'elle tournait la tête.

-Waouh, depuis quand t'es belle toi ? commenta-t-il avec sarcasme.

-Depuis que je fais mes fringues moi-même. T'aimes ? questionna-elle.

Même si son ton détaché ne laissait rien paraître, Justin la connaissait par cœur et savait que son avis était très important pour elle. De manière générale, Elo ne montrait jamais quand quelque chose comptait vraiment pour elle. Elle se contenait de le suggérer avec un regard, un geste. Pas de mots. Trop compliqué, les mots.

-C'est canon. Fin', ma sœur l'est encore plus mais le bout de tissu est pas mal, dit-il avec un sourire moqueur.

Elo sourit, puis détourna le regard. Justin n'insista pas sur le vêtement, car il savait qu'Elo rêvait depuis petite de créer sa propre collection. Cependant, elle n'avait pas réussi à trouver de stage et, dans moins d'un mois, elle serait forcée de changer d'école si elle ne se dépêchait pas. Ces pensées n'étant pas très agréables, et il voulait éviter de lui gâcher la soirée avant même qu'elle ne commence.

-Dans ce cas, on y va, déclara Elo en disparaissant dans l'escalier.

Justin enfila sa veste en cuir et éteignit les lumières avant de quitter de la chambre à son tour.

-Vous sortez ? résonna la voix de leur mère de la cuisine alors qu'Elo était en train d'ouvrir la porte d'entrée.

-Maman, on t'a déjà prévenue que le samedi soir on était rarement là, dis-je alors qu'elle nous rejoint dans l'entrée, un torchon dans les mains.

Elle nous regarde avec un regard triste et pose une main sur ma joue, un sourire nostalgique aux lèvres.

-Qu'est-ce que vous êtes grands, dit-elle alors.

Je sens Elo se tendre à côté de moi. J'ai toujours été plus à l'aise qu'elle pour exprimer mes sentiments, et pour donner de l'amour. Du coup, je suis aussi plus apte à le recevoir. Elo, quant à elle, n'a jamais été douée pour ça malgré tous ses efforts.

-Prends bien soin de ta sœur, dit alors ma mère en reculant d'un pas.

-T'en fais pas pour ça, son Léo d'amour est là aussi, dis-je d'un ton moqueur en serrant la main de ma mère dans la mienne.

Elle a l'air crevée ces temps-ci, et sa main est si frêle dans la mienne que j'ai presque peur de lui casser un doigt. Je me demande le temps d'un instant si elle mange assez, si elle dort assez. Si elle prend soin d'elle autant qu'elle essaye de prendre soin de nous, des fois.

JustinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant