Ars bellica (Prose)

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Dans la plaine où le grésil a pris place, deux belles troupes se font face : or les oripeaux de l'un, jade ceux de l'autre. Les instruments scintillent sous les feux de glace, et flamboient sous l'attirail les carcasses. Tous sont morts, nul ne le sait : ainsi se meuvent-ils, animés du seul délai entre le départ d'une Walkyrie et son arrivée.

Déjà l'orchestre commence pour l'orgueil de deux grands rois : sur le champ les cuivres se répondent pour mieux introduire le fer ; les chefs orchestrent les mouvements, et déploient des groupes les ailes. Place à la sarabande !

Zwing, zwing, clang ! Triolet de coups d'aciers, toujours marqué par le tambour d'airain ; des notes sifflantes percent l'air pour prestement retomber : tel est l'accompagnement. Les choristes, pour leur part suivent admirablement leur partition et harmonisent le tout de leur râles pour donner au spectacle sa voix.

Le rouge fourni sur place enivre les cœurs, fait tomber les têtes : la récolte du cru nécessita de fouler bien des jeunes pousses, pour en presser le sang. Par ces flots, le grésil fondra, par ces flots les oripeaux se teindront. Alors, quand la neige avec les âmes s'évapore, tous deviendront égaux dans la plaine des morts.


Et l'insensible roi des Engoulevents de célébrer cet art total, fécond pour la gent humaine, par ces mots.

- La montagne grimpe par le plissement de deux plaques, qui dans leur heurt s'entrelacent et grimpent : ainsi, nous parviendrons à la civilisation véritable.

Mais les cadavres n'auront plus pour lui d'oreille.  

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