Bonjour/Bonsoir, me revoilà avec le second thème de ce mois de décembre : Nous qui n'étions rien ! Ce chapitre a été modifié !
La deuxième journée de décembre vit tout autant de neige tomber que la veille. Le jeune homme d'affaires russe pensa qu'il ne lui restait que trois jours avant de devoir rejoindre son cocon familial. Il ne sut comment il allait gérer ces retrouvailles familiales. Il aurait largement préféré rester ici, en solitaire, prétendre qu'il était souffrant et qu'il devait se reposer. Le problème est qu'il ne tombait presque jamais malade et cela aurait été suspect qu'il ne tombât malade qu'à la veille des vacances de la nativité, cela sonnerait faux même pour lui. Il se dit que s'il avait les pouvoirs de la sylphide dont il avait occupé le corps le temps d'une nuit, il pourrait créer une avalanche qui bloquerait tous les avions français. Il secoua la tête, il ne devait pas penser à ce songe sordide. Ce ne serait qu'une erreur fatidique. Il ne devait pas s'appesantir sur cette chimère qui l'avait perturbé la veille. Il devait se concentrer sur sa journée actuelle, il devait occulter tous ces problèmes pour accomplir au mieux ses tâches quotidiennes. Il arpenta donc les couloirs de son lieu de travail avec son éternelle arrogance . Il continua d'ignorer toutes les salutations qu'il reçut. Il se contentait de rejoindre son bureau, il s'installa comme à son habitude devant son ordinateur et en s'asseyant sur sa chaise si confortable. Au bout de dix minutes, son assistant lui apporta son café, il lui récita les nouvelles de la matinée, mais il n'eut droit à aucune réponse. Dimitri avait seulement eu la décence d'attendre que ce spécimen fût parti pour soupirer. Il mena ensuite une journée bien monotone, semblable aux autres journées de sa vie.
En plein milieu d'après-midi, il fut contacté par une de ses anciennes conquêtes, mais il refusa son invitation à passer la soirée en sa compagnie. Il n'était pas suffisamment désespéré pour passer sa nuit avec une parfaite inconnue qui l'avait juste aidé à décompresser. Il en trouverait plein des femmes comme elle, elle n'avait rien de spécial à ses yeux, elle n'avait été qu'un passe-temps donc rien ne l'obligeait à la revoir. Lorsqu'il fut vingt-deux heures, et que le bureau fut désert, il se décida à rentrer chez lui. Il appréciait beaucoup marcher seul dans le noir. Le climat froid lui rappelait son milieu d'origine, l'obscurité nocturne agitait ses sens lui octroyant le mystère dont il avait besoin, elle attisait sa curiosité naturelle et le calme l'enveloppait sans que cela ne le gênât pas parce qu'il semblait lui conférer une protection que ne lui prodiguait pas le soleil. Cette atmosphère noctambule lui permettait d'être à son aise car il ne se sentait plus scruté par tous ces parasites qui l'embêtaient lorsqu'Hélios régissait le ciel. Une délivrance que seule Nyx pouvait lui offrir. Véritable oiseau de nuit, il semblait avoir besoin de cette noirceur pour vivre et s'épanouir silencieusement. À cette heure tardive où il rentrait chez lui, un autre homme serait inquiet de se faire agresser par un inconnu, mais Dimitri demeurait serein et marchait lentement pour savourer chaque instant de cette extase spirituelle. C'était son moment préféré. Il se sentait maître du monde alors que tout semblait ensommeillé. Comme hors du temps, il se laissait aller à une rêverie éveillée pleine d'insouciance et de légèreté. D'ordinaire sérieux, il oubliait absolument tout lorsqu'il se retrouvait dans ce paysage nocturne. Baigné uniquement par la lueur de la Lune et des réverbères, Dimitri renaissait et chassait naturellement tous les tracas qui l'habitaient durant le jour. Cette ambiance propice à la nuit était sienne, il en jouissait sans retenue et en profitait pour se ressourcer. Malgré son errance, il demeurait apaisé comme si chacun de ses pas le dirigeait vers un havre de paix jusqu'alors inconnu.
Hélas, toute bonne chose avait une fin et il lui fallait rentrer. Sur le pas de sa porte, il fut presque tenté de ressortir comme si ce qui se trouvait chez lui ne pourrait que le tourmenter. Comme si ces pièces dans lesquelles il vivait agiraient sur lui comme une prison fourbe et oppressante. Comme si un piège l'y attendait et qu'il ne manquait que lui pour qu'il vînt se refermer sur sa carcasse humaine. Soupirant d'exaspération, le russe décida de chasser cette idée sordide de son esprit en secouant sa tête et pénétra dans son appartement. Constatant que nulle menace ne rôdait, il se sentit idiot d'avoir eu une telle frayeur pour rien. Avoir un mauvais sommeil ne lui réussissait vraiment pas. Il espérait que cela ne durerait pas et qu'il pourrait se reposer. Cela lui permettrait de recouvrer sa raison. Une fois rassuré, le jeune homme accomplit sa routine vespérale avant de devoir aller dormir. En voyant son lit, il eut une faible hésitation, se rappelant des tourments de la veille. Il craignait de subir le même supplice lorsqu'il serait assoupi. Son instinct lui hurlait de ne pas commettre cette erreur de baisser sa garde car cela lui serait fatal. Au lieu de l'écouter, il fit la sourde oreille, préférant se raccrocher à la raison. Et nulle n'expliquait cet effroi qu'il éprouvait à rejoindre un royaume sibyllin. Ce qui lui était arrivé n'était rien d'autre qu'une vulgaire coïncidence. C'était ce dont il se persuada afin de gagner le terrain de l'imaginaire.
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Hiver de débauche
ParanormalDimitri, un jeune homme russe possède un comportement peu exemplaire et extrêmement critiquable. Fidèle à sa conduite de gougeât, il va bousculer un lutin qui va peut-être changer le cours de sa vie. Suite à cette rencontre brusque, Schrubble va mau...