8 : Casser des gueules

88 18 45
                                    

(27.12) aïe

. (-Clare)

...

Le problème quand on fait de la merde avec tout le monde c'est que quand on se rend compte que justement, on a fait de la merde, plus personne n'est là pour nous soutenir.

Jusqu'à ce qu'on prenne conscience qu'on a fait réellement n'importe quoi, on est habité d'une colère brûlante et dévorante qui nous consume et nous tient debout. Elle nous aide à nous lever le matin, elle nous pousse à nous endormir le soir, elle occupe nos pensées la journée et elle nous donne les outils nécessaires pour la journée suivante. Seulement, une fois que cette colère disparaît, il ne nous reste plus rien.

-Viens là, dit Justin en écartant les bras.

Amsterdam le regarde quelques secondes du pouf sur lequel il est installé depuis plus d'une demi-heure, puis recommence à se lécher la patte sans lui accorder plus d'attention. Visiblement, même son chat a décidé de ne plus venir vers lui.

Justin pousse un profond soupir qui résonne jusque dans son cœur vide, puis il embrasse sa chambre du regard avant de se forcer à fermer les yeux, déçu de lui-même. Sa piaule est une vraie porcherie : des paquets de gâteaux déjà entamés traînent au bout de son lit, des vêtements sales jonchent le bureau et son ordinateur posé sur ses genoux diffuse un vieil épisode de One Piece qu'il ne regarde même pas. Des vieux papiers cadeaux et des emballages en carton traînent également par terre, lui rappelant à quel point son Noël était merdique.

Sa mère avait préparé quatre plateaux de fruits de mer alors même qu'elle savait très bien qu'ils ne seraient que trois. Pourtant, elle a continué d'espérer jusqu'à la dernière seconde qu'Elo se pointe, ce qui n'est évidemment pas arrivé. Le repas était sinistre et personne n'a dit quoi que ce soit, jusqu'à ce que Justin annonce qu'il allait aller se coucher. Sa mère a alors insisté pour qu'il ouvre ses cadeaux et il l'a remerciée avec tout l'entrain qu'il avait encore en stock lorsqu'il a aperçu le hoodie Lacoste qu'il voulait s'acheter depuis des mois. Il a même tenté un vague sourire à son père, qui l'a simplement regardé sans aucune expression en fumant sa pipe à table. Il n'avait pas fumé depuis la naissance d'Elo, et ce fut la goutte de trop pour Justin qui monta s'enfermer dans sa chambre sans en sortir pendant deux jours.

Et dire que l'année d'avant ils étaient tous à Bali en train de manger de la bûche glacée sur la plage.

À part un GIF de renne qui fume de la beuh de la part d'Owen, une sorte de carte musicale kitsch avec des découpages d'Ariana Grande -qui d'autre que Charles pouvait-être capable d'une telle chose ?- et d'un SMS d'Élias, il n'avait rien eu de plus. Ah, si, un texto d'Audrey qui lui demandait d'acheter du sopalin. Visiblement, elle s'était trompée de destinataire et Justin ne s'était jamais senti aussi seul.

Il avait hésité comme un idiot au-dessus de son clavier s'il devait envoyer un message à Clare. Finalement, alors qu'il allait se raviser au bout de vingt minutes sans taper une lettre, le bitmoji de sa copine avait apparu comme par magie dans la discussion Snapchat. Il avait alors attendu quelques secondes ; un battement de cœur, deux battements de cœur, trois battements de cœur. Puis Clare avait disparu de la conversation et n'avait même pas ouvert le pauvre 'joyeux noël' de Justin qu'il avait envoyé ensuite.

Voilà comment maintenant il se retrouvait à manger des Oreos sur son lit en regardant des animés un vingt-sept décembre, tout en se morfondant en pensant qu'il est censé fêter le nouvel An chez Arthur dans moins de quatre jours et qu'il ne sait même pas s'il est toujours invité.

Amsterdam se décide finalement à le rejoindre sur le lit et lui fait une caresse avant de se blottir contre lui, puis de lécher les doigts du brun qui sont encore tâchés de crème à la vanille.

JustinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant