CHAPITRE 7 (NV)

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Kalie

Aidez-moi, je décède sur place, pensais-je, alors que les bras de Victoria enlaçaient mon corps. Victoria n'était pas une fille hideuse, avec des cheveux caramel très bouclés, des yeux légèrement en amande et un très joli sourire, Victoria était une des beautés naturelles du lycée, pas d'artifices, pas de hauts talons de dix centimètres pour montrer aux autres ses jambes élancées. Je n'avais rien contre les talons, mais nous avions un code vestimentaire à respecter étant dans une école privée.

D'un autre côté, ce qui rendait Victoria un peu détestable par la gent masculine et féminine c'était son caractère. Une vraie fouineuse. Elle ne faisait pas confiance et cela lui avait joué plusieurs tours. Malgré ce caractère un peu farouche, elle était dotée d'un mental incroyable, c'était la première de la classe ou du moins dans le top cinq, elle avait des qualités de meneuse sans pour autant oppresser les gens, ce qui ne coïncidait absolument pas avec son caractère habituel. On dirait une sorte de caméléon, elle s'adaptait à toutes sortes de situations, mais revenait toujours à sa vraie nature.

En parlant de cette dernière, je pouvais sentir son regard oppressant qu'elle jetait à... moi ? Enfin à Jonathan. Si seulement elle savait qu'elle se trompait de personne. La tension devenait palpable, et je sentais au plus profond de moi-même que l'imbécile devant moi devait se faire une joie incroyable à me voir galérer. Cependant, si j'étais Jonathan (aussi troublant que cela puisse paraître) je devais agir comme tel. C'est alors en prenant une grande inspiration que je me décalai légèrement de Victoria pour qu'elle me laisse respirer. J'entourai son épaule de mon bras et l'attirai contre moi pour un contact un peu moins sauvage.

— Écoute ma chérie, moi et Kalie ne faisions que discuter, tu connais nos chamailleries.

Elle fit une moue, mais sourit quelques secondes plus tard. Elle n'était pas méchante, juste sur ses gardes, ce que je ne comprenais absolument pas. Si j'étais elle, j'aurais largué ce singe avant qu'il soit né.

— OK. Mais Jonathan ta voix à l'air bizarre, ça va ? Tu as froid ?

Ma voix ? C'est vrai que j'avais l'habitude de parler calmement et tranquillement. Comment allais-je faire pour l'imiter ?

— Je vais bien ne t'en fais pas.

— Très bien. Je dois sortir avec les filles, à demain, finit-elle, en me donnant un baiser sur la joue.

Victoria esquissa un sourire puis s'en alla, en jetant des regards par-dessus son épaule pour mieux nous surveiller. Au moins, elle nous faisait assez confiance pour nous laisser seuls. Dans tous les cas, je savais que les garçons m'attendaient et je ne voulais absolument pas affronter ces animaux.

— T'as intérêt à bien la traiter, elle est spéciale pour moi.

Le ton employé par Jonathan pour prononcer ces simples mots m'avait un peu surprise. Il était doux, calme et pensa chaque mot qu'il avait dit. Serait-ce un aspect inconnu de Jonathan que je découvris ? Qu'est-ce que je raconte ? Je ne connaissais rien de Jonathan.

— Je... je vais essayer.

Il s'en alla sur ses mots en gardant son éternelle démarche d'homme. Me faire la morale en ce qui concernait ma façon de parler alors que lui-même me fait ressembler à un pingouin. Un moment gênant dans toute sa splendeur.

Quand faut y aller, faut y aller.

Courage.

***

Assassinez-moi.

Mettez-moi dans un cercueil, je me rends. Je ne pouvais m'empêcher d'avoir ces voix qui résonnaient dans ma tête. Plus le temps passait et plus je me disais qu'il fallait que j'écoute cette voix qui me chuchotait de sortir de la voiture en marche.

Une heure passée avec eux et je sentais déjà que je perdais des neurones. À part Justin qui était concentré sur la route, Jason et Drake s'amusaient à balancer n'importe quoi sur Kalie, du coup, moi. Le plus énervant était sans doute Drake, je ne l'avais jamais aimé.

Nous étions au centre-ville et ces messieurs ne trouvaient pas de toilettes pour uriner. Ils s'étaient alors dit que la rue était un endroit parfait pour libérer leur vessie. Je n'oublierais jamais cette image traumatisante. Un moment de répit était tout ce que je demandais, mais avec eux, on arrivait à droite, il fallait déjà repartir à gauche.

Justin m'avait trouvé bizarre toute la journée, ce qui était tout à fait justifié. L'anatomie d'un mec ne devrait pas en choquer un autre, mais je n'étais pas un mec. Le voilà le problème. Après cela, nous reprenions la route pour enfin aller au lycée. Du moins c'était ce que je pensais. Justin prit une autre direction et au lieu de quitter le centre-ville, on s'engouffrait encore plus dans les embouteillages. Je me retournais pour regarder le reste de la bande à l'arrière et ils étaient tous parfaitement calmes.

— On va où exactement ? demandai-je, en essayant de limiter le plus possible le tremblement dans ma voix.

Justin et le reste du groupe me regardaient avec un air ébahi et me dévisageaient plus que jamais.

— Quoi ? ajoutai-je.

— Jo ? Tu es sûr que ça va ? On a besoin de toi là, si tu es bizarre, on va laisser notre peau.

— Que... Quoi ?

— Je rêve ou il bégaie ? se moqua Drake.

Tout en conduisant, Justin me regardait en fronçant les sourcils. Je m'attendais au pire. Drogues ? Vente d'armes ? Est-ce que c'était à cela qu'ils s'amusaient ?

— On est lundi aujourd'hui, tu sais qu'on ne peut pas être en retard ? Le patron nous tuera sinon.

Ce n'était pas la drogue ni la vente d'armes qu'ils pratiquaient, mais les deux en même temps. J'étais tombé dans un gang.

Jonathan.

Rends-moi mon corps ! TOME 1 #Wattys2020Où les histoires vivent. Découvrez maintenant