C'est durant ces belles journées...

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Gotham était beaucoup moins inquiétant le jour venu. Peut-être était-ce le fait que les sombres quartiers emplis de criminels trouvaient le repos dès les premiers rayons du soleil et que la vie florissait au centre de la "Grande Pomme". Tandis que le silence se faisait dans les bas-fonds, une foule de personnes zigzaguaient vers Dieu seul savait quel immense building. L'effervescence atteignait les chaumières, remuait les cités, réveillait même jusqu'aux populations des îles voisines et, en à peine quelques minutes, tout Gotham n'était plus qu'une cacophonie de sons tirés de véhicules ou de voix. Ce jour là cependant, une voix d'homme parvînt à s'imposer par-dessus la puissante pollution sonore, tonnant hors d'une agence de police d'où il se trouvait.

—Je suis presque sûr de t'avoir appris à réfléchir avant de te lancer dans des situations pas possibles Bruce ! Et s'il t'avait tailladé les joues ou menacé d'exploser les deux genoux ? Du peu que je sache, je suis ton supérieur alors quand je te dis de rester loin du Joker, tu restes loin du Joker !

C'était un homme d'à peu près quarante ans. Quelques mèches grisonnantes nageaient dans le fleuve brun qu'étaient ses cheveux et sa moustache mais il ne fallait en aucun cas remettre sa vigueur en question. Jim Gordon, chef de la police de Gotham, pouvait encore tenir en respect de grands assassins sans perdre son souffle et il n'était pas prêt à laisser n'importe qui le regarder de travers. C'était à peu prêt ce qu'il essayait de prouver à un « novice arrogant » en hurlant aussi fort que ses cordes vocales le lui permettaient. Bruce se contentait d'écouter son supérieur se fatiguer seul, assis sagement au fond d'un confortable fauteuil dans son uniforme impeccable.
De l'autre côté du mur, les agents de la GCPD, s'amusaient d'entendre leur commissaire jouer les parents inquiets pour la énième fois depuis que le Kyle était devenus policier. La relation qu'entretenaient Jim et Bruce était assimilée par tout le régiment à celle d'un père et de son fils. Depuis que les parents du brun s'étaient fait assassiner par un révolutionnaire durant une émeute, Jim l'avait pris sous son aile. Non il n'était pas son tuteur, Jim préférait être sûr que le petit grandirait dans une famille stable et pas avec un flic qui pourrait se faire tuer à n'importe quel coin de rue. Et il s'avérait que les "Kyle" s'en occupaient à merveille jusqu'à ce qu'il tombe sur son nom durant l'examen d'entrer dans les forces de l'ordre.

—Tu n'aurais pas pu me garder à distance d'un criminel aussi dangereux Jim, lança Bruce, Vous avez tous essayé de l'arrêter sauf moi.

Le moustachu frotta ses yeux las sous sa paire de lunette en soupirant devant la tête de mule qu'on lui avait mit entre les pattes.

—Écoute Bruce, ce gars n'est pas comme ce lâche de pingouin ou cet idiot de Killer croc. Commença Jim en se rasseyant avec gravité, C'est un monstre fou, imprévisible et sanguinaire qui a réussi à noircir cette ville bien plus que tout autre malade de son genre.

—Je sais. Conclut-il en se levant, et c'est pour cela que je veux et vais le mettre derrière les barreaux. Gotham a besoin d'une victoire comme celle-ci pour se relever.

Gordon grogna de lassitude en jurant dans sa barbe:

—Tu es borné ! S'exclama le commissaire en s'emparant de sa pipe dans l'espoir de se détendre.

—On se demande qui a déteint sur moi, Ironisa le brun en lui ôtant l'objet qu'il se préparait à mettre entre ses lèvres. Ça va te tuer.

Sur ces mots, Jim roula des yeux marmonnant que c'était lui qui finirait par y arriver avec ses bêtises. Bruce se posta à ses côtés et posa sa main sur son épaule en le gratifiant d'un sourire se voulant rassurant:

—Tu es le seul à qui j'ai révélé mon plan parce que tu es celui en qui j'ai le plus confiance ici. Rend moi la pareille...

Le commissaire se préparait à lui répondre quand il aperçut une brune lui faire signe derrière la porte vitrée:

—On en reparlera plus tard, ta sœur est arrivée. Le prévint-il en ouvrant un dossier.

Bruce la rejoint en souriant, joie qu'elle ne partagea pas vu le regard emplit de colère qu'elle affichait. Il se prépara mentalement et fit mine de ne pas avoir remarqué son humeur en l'accueillant à bras ouvert:

—Selina, ma grande sœur préférée !

—Tu comptes passer ta vie à résoudre des enquêtes et poursuivre des malfrats ?! S'époumona-t-elle, cela fait des semaines que tu n'es pas venu à la maison !

Il soupira en passant une main dans sa chevelure corbeau. Du plus loin qu'il se souvienne, Selina avait toujours été hyper protectrice avec lui. Elle le protégeait autant par amour que par peur de le voir terminer comme ses feux parents.

—Je me suis déjà fait engueuler aujourd'hui, tu peux remettre ça à plus tard ? Marmonna-t-il en la suppliant du regard.

La brune se calma quelques peu et lui tendit un petit sac plein de délicieuses provisions en souriant légèrement:

—De la part de Maman, elle dit que tu paraissais maigre à la télévision.

Bruce ris à cette remarque et accepta l'offre. Pendant qu'il salivait devant le paradis gustatif, elle prit place sur l'une des chaises réservées aux criminels et lui demanda:

—Qu'est-ce que tu as trouvé sur le Joker ?

Le brun ne cacha pas sa surprise, ce qui l'amusa:

—Tu as oublié que tu ne pouvais rien me cacher ? Se moqua-t-elle en tapotant la chaise à côté d'elle, Alors ?

—Je n'ai rien pour l'instant si ce n'est la certitude qu'il est fou. Déclara-t-il en prenant place. C'est comme s'il n'avait pas de passé, qu'il n'existait pas.

—Fais-toi des amis là-bas, avec un peu de chance il y a des gens qui ont autant envie que toi de le voir tomber.

Au même moment une adolescente aux cheveux blonds lui frôlant les épaules, le regard joueur et un fouet à la main, entra dans l'office en clamant:

—Monsieur J veut qu'on lui apporte son garde du corps ! Il n'y aura pas de blessés si vous restez tous sage, promis. Pour ce qui concerne les morts...

Les agents la toisèrent du regard alors qu'elle se déhanchait sans gêne jusqu'à Bruce mais Selina se mit sur son chemin au grand désarroi de son frère:

—Qu'est-ce que vous lui voulez ?

—Calme-toi Selina... Tenta-t-il doucement.

La jeune blonde détailla la femme devant elle et ses lèvres s'étirèrent avec arrogance:

—Écoute le gosse de riche ou cette histoire va mal finir.

—J'aimerais bien voir ça, Lança Selina en croisant les bras plus que prête à en découdre.

—Ça suffit, Ordonna Bruce en fixant les deux, je te suivrais.

La blonde brisa le contact visuel avec l'autre quelques minutes après, pour regarder celui qu'elle était venu chercher:

—Tu devrais la laisser miauler de temps en temps, Se moqua-t-elle avant de ressortir, non sans jeter du matériel important au passage, Ça me fait mouiller.

Avant que sa sœur ne cause plus de problèmes, Bruce fit son possible pour la convaincre de ne pas les suivre et retrouva la fille à l'extérieur. Elle était adossée à une voiture peinturlurée de multiples couleurs fluorescentes aux vitres teintées et ouvrit la porte arrière dès qu'elle le vit arriver:

— Je ne parlerais pas de ton amie au patron si t'évites de me poser des questions.

Le voyage se termina rapidement et dans un silence mortel lorsque la voiture s'arrêta devant un bâtiment désaffecté de quatre étages. À peine eurent-ils le temps de descendre, que deux hommes masqués les accompagnèrent jusqu'à l'endroit où se trouvait le clown.
Ils l'auraient probablement facilement trouvé sans leur aide car, sur la porte à deux battants derrière laquelle se nicherait le Joker était tagué un emoji un tantinet trop souriant. Les hommes les y poussaient quand quelque chose explosa soudain à l'intérieur, faisant violemment vibrer l'endroit. La blonde et Bruce se mirent à couvert derrière les portes et le brun sortit son arme, certain que son plan était tombé à l'eau.

Make me smileOù les histoires vivent. Découvrez maintenant