Témoignage de ses dernières heures

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En ce sixième jour de décembre, Dimitri se retrouve prisonnier dans sa maison familiale. Cette oppression le poussera sans doute à fuir dans ce chapitre où on le pousse à Conter les jours ! J'ai effectué quelques modifications sur ce chapitre et j'espère que cela l'a amélioré ! Bonne lecture !

Le premier réveil de Dimitri se fit en douceur alors que le Soleil était levé depuis longtemps. Lui qui avait l'habitude de se lever aux aurores, il fut surpris de voir que l'astre brillait tant. Le plus étonnant demeurait dans le repos qu'il avait en se réveillant. D'ordinaire, il avait un sommeil agité lorsqu'il sortait de l'un de ces tourments nocturnes. Alors que cette fois, il s'était rendormi comme si rien ne s'était passé. Pour une fois depuis que ce fichu mois avait commencé, il avait bien dormi. Dimitri se doutait qu'il avait sous-estimé la fatigue qui l'envahissait car il avait dormi plus longtemps. Trop longtemps, à son goût. Alors qu'il émergeait, il s'en voulut presque d'avoir été inconscient autant de temps. Cela ne lui ressemblait pas. À sa décharge, il avait du mal à se reconnaître depuis que ces chimères hantaient ses nuits. Dans le but de ne pas traumatiser ses muscles encore endormis, il se leva lentement. Il prit son temps pour se relever et s'étirer de tout son long. Se précipiter hors du lit ne servait à rien. Rien ne l'attendait hormis cette famille qu'il s'évertuait à fuir. Au contraire, être lent au sortir du lit lui permettrait de retarder cette rencontre fatidique. En pensant à cela, il se mit à ouvrir ses valises et ranger ses affaires pour ne pas descendre tout de suite. Au bout d'un moment, un détail le frappa : la maison était plongée dans un silence sans fin.

Connaissant ses deux frères, il sut que c'était impossible. Même si ces diablotins étaient endormis, il entendrait ses parents s'agiter ou monter les escaliers pour les réveiller. Il entendrait également le bruit de la machine à café et du grille-pain agiter la cuisine. Alors que là, il n'y avait aucun son qui résonnait dans la demeure familiale. Il y régnait une telle quiétude que Dimitri pouvait percevoir les battements réguliers de son myocarde. Il fut intrigué de connaître les raisons d'une telle accalmie. Non pas que cela lui déplut, mais cela était étrange de se réveiller dans une atmosphère tranquille. Avant de revenir, il s'était attendu à se faire brusquer. À ce que des hurlements perçants le forcent à émerger d'un puissant sommeil. Dimitri s'était préparé à ce que deux tornades blondes vinrent le secouer farouchement. Il s'était même mentalement préparé à ce qu'on vint lui crier dessus, de bon matin. Par pur bonheur, rien de tout cela n'était arrivé. Le jeune blondin se retrouvait dans la plus paisible des harmonies qui lui eut été donné d'entendre. Seule la nature s'énervait quelque peu au-dehors. Tandis que l'intérieur demeurait imperturbable. Pour un temps, il était seul. Pour un court instant, la douce impression qu'il était toujours à Paris l'envahit.

Conscient que ce ne fut que pure folie, il se croyait encore là-bas, loin de l'agitation familiale propre à chacun de ses retours en Russie. Dans cette chaleureuse bulle de crédulité, rien ne pouvait l'atteindre, tout pouvait arriver. Chaque erreur ne serait que la conséquence de son fait. Dimitri serait superbe, libre et puissant. Il suivrait ses ambitions et l'envie fougueuse de retrouver quiétude et solitude. L'adonis soupira d'un air las, conscient qu'il ne devait pas s'accrocher à ce rêve. Son retour au bercail demeurait la réalité, rien ne viendrait le sauver. Il devait juste patienter. Attendre que les fêtes de fin d'année fussent passées. L'attente serait longue, mais pas infinie. Il allait y survivre, il le faisait chaque année. Celle-là ne ferait pas exception à la règle. Quand il fut pour de bon tiré de ses rêveries, il alla se doucher pour mettre d'aplomb tant son corps que son esprit. Une fois qu'il fut propre et pourvu de nouveaux habits, il se mit à chercher une réponse à ses questions. Tête de mule, il ne serait serein que lorsqu'il saurait ce qui était arrivé. Il voulait connaître la raison qui avait bousculé la routine de ses pairs. Le jeune homme n'était pas inquiet, il était juste perturbé car rien ne bougeait dans ce manoir. Tout se déroulait toujours exactement de la même façon. Pour lui, le moindre changement d'attitude pouvait signer l'apocalypse. Ses parents étaient aussi précis que des montres suisses. S'il se moquait de leur sort, il se souciait de ses cadets. C'étaient les uniques êtres humains qui avaient de l'importance à ses yeux. C'étaient pour eux que Dimitri était prêt à fouiller leur foyer de fond en comble. Eux seuls suscitaient son intérêt. S'il pouvait ne plus jamais revoir ses géniteurs, il serait un homme comblé.

Hiver de débaucheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant