Épilogue, Partie 2.

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« Gringe, attends ! »

Aurélien attrapa son ami par le poignet, essayant en vain de le retenir, alors qu'il était sur le point de passer la porte d'entrée de son appartement. Ce dernier était sorti sur le balcon, pour se griller une cigarette de toute évidence, et était tombé sur lui et sa copine en train de s'embrasser amoureusement. Aurélien s'était rapidement reculé en s'apercevant que quelqu'un avait ouvert la porte fenêtre pour les rejoindre et était tombé sur l'air ahuri de son meilleur ami. Son expression s'était changée en moins d'une seconde en une de colère intense et il avait tourné les talons en poussant un juron fleuri. Aurélien, confus, lui avait emboîté le pas en essayant de le rattraper alors qu'il le voyait disparaître à travers la foule entassée dans son petit appartement.

« Gringe ! »

Son ami se tourna enfin vers lui, en le sentant le retenir par le poignet, et se dégagea de ses doigts d'un geste brusque.

« Dégage, Orel ! »

Aurélien resta muet un instant, surpris de l'accès de violence du plus vieux.

« A-Attends, parle-moi. Qu'est-ce qui ne va pas ? »

Il voyait dans les traits tendus de son ami qu'il avait un peu bu et qu'il était en colère, comme tant de fois auparavant, mais cette fois, il ne comprenait juste pas pourquoi. Guillaume lui lança un regard noir et il recula d'un pas, un peu effrayé par cette expression sur son visage.

« C-C'est quoi ton problème, Gringe ? » demanda doucement Aurélien avant de regarder autour de lui.

Ils étaient complètement seuls. Ils se tenaient dans le couloir de son appart, qui séparait le salon de l'extérieur et tout le monde était en train de danser ou de discuter dans ce dernier, la porte fermée afin d'étouffer un tant soit peu le bruit pour les voisins. Peut-être qu'ainsi au moins Guillaume accepterait de se confier à lui, de lui expliquer pourquoi il réagissait aussi violemment à chaque fois qu'ils se retrouvaient tous les deux seuls au même endroit...

« C'est quoi mon problème ? C'est bien ça ta question, Orel ? lui demanda Guillaume en s'avançant vers lui et il se recula d'un pas, avant de hocher la tête. Mais c'est toi mon problème, putain !! s'écria tout à coup Guillaume en le poussant violemment contre le mur situé dans son dos et il eut l'impression que tout l'air présent dans ses poumons avait soudainement disparu. Toi et ta meuf, là ! J'en peux plus de te voir avec elle, Orel ! Tu me rends malade, putain...!

— Q-Quoi...? parvint-il à balbutier alors qu'il sentait Guillaume l'agripper violemment par les épaules.

— Tu m'as abandonné pour vivre avec elle, putain ! Comment t'as pu me faire ça ?! J'avais besoin de toi, moi...!!

— Lâche-moi, tu me fais mal... le supplia Aurélien qui sentait un bourdonnement apparaître dans son oreille gauche, sûrement causé par le coup qu'il s'était pris contre le crâne lorsque Guillaume l'avait poussé contre le mur. Tu débloques, complètement...

— Mais putain, c'est à cause de toi que je suis comme ça !! lui cria Guillaume en resserrant sa prise sur ses épaules et il sentit un grand frisson remonter sa colonne vertébrale en voyant l'air désespérée sur le visage de son ami. A cause de toi et d'Ahélya !!

— Putain, mais lâche-moi !! »

Il poussa fortement Guillaume pour que celui-ci le lâche et ce dernier fit quelques pas en arrière, surpris d'être ainsi repoussé.

« T'as pas intérêt à lever la main sur elle comme tu viens de le faire avec moi, t'as compris ?! cria Aurélien en portant une main à son épaule meurtrie par les doigts de son ami. Et t'as plus intérêt à me retoucher ainsi, Guillaume. Je plaisante pas. Tu vois pas que tu débloques complètement ?! Et tu comprends toujours pas pourquoi j'ai plus envie de vivre avec toi ?! Mais regarde-toi, putain !! T'as failli me casser la gueule et pourquoi ?! Parce que tu m'as vu embrasser ma copine ? Celle avec qui je suis depuis sept ans ?! Putain, je te comprends vraiment pas... Mais une chose est sûre, Guillaume... C'est que si tu fais aucun effort pour te reprendre, tu peux faire une croix sur notre amitié. Dégage, maintenant. »

Aurélien tremblait de tout son corps et essayait de s'empêcher de crier ces mots au plus vieux. Sa voix, bien qu'il essayait de la contrôler, tremblait et commençait à partir dans les aigües. Il avait eu peur. Guillaume l'avait effrayé. C'était la première fois que ce dernier s'en prenait réellement à lui. Avant, Aurélien était toujours là pour l'empêcher d'aller trop loin, pour l'empêcher de frapper quelqu'un dans une soirée un peu trop alcoolisée... Mais là, c'était à lui que Guillaume s'en était pris. Et ça, c'était inadmissible.

Guillaume le regardait en silence, les yeux écarquillés, et il le vit tenter une minuscule approche :

« Orel, je suis désolé... Je sais pas ce qui m'a pris...

— Arrête, dit Aurélien en faisant un pas en arrière et en tournant le visage comme s'il avait peur qu'il le frappe. S'il-te-plaît... Pars maintenant. »

Il vit du coin de l'œil Guillaume s'immobiliser et, alors qu'il s'attendait à ce que ce dernier ne tente une autre approche, il le vit tourner les talons en direction de la porte. Une seconde plus tard, celle-ci le fit sursauter en claquant violemment et il ferma les yeux de soulagement. Il sentait son cœur battre à mille à l'heure dans sa poitrine et il se laissa glisser le long du mur jusqu'à être accroupi par terre. Il remonta ses jambes contre son torse et enfouit sa tête dans ses bras croisés par dessus ces dernières, s'autorisant enfin à pleurer. Il extériorisa tout ce qu'il avait ressenti depuis le début de leur engueulade et resta ainsi à sangloter au sol pendant une vingtaine de minutes avant de se décider à rejoindre les autres dans la pièce voisine.

Fiction OrelxGringe - Épilogue.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant