Chapitre 18

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La vision du couteau dans la main de Tristan le glaça. Sa gorge s'assécha, il sentit la sueur couler le long de ses tempes. Ses mains tremblèrent tandis qu'il fixait l'adolescent face à lui. L'obscurité l'empêchait de voir la couleur de ses vêtements, mais Tristan ne semblait pas porter de capuche. Lorsqu'il le vit faire un pas vers lui, Ryan recula et leva les mains, en signe de défense. Parler. Il devait parler. Détourner son attention à tout prix, retarder son acte. Il ne voulait pas mourir maintenant, il n'y était pas prêt.

-Pourquoi m'avoir donné rendez-vous ici ?

-Tais-toi. C'est moi qui pose les questions.

Ryan déglutit. Il avait beau être plus âgé que Tristan, seul face à une arme, il était en position de faiblesse. Il se tut et attendit. Un sourire mauvais se dessina sur les lèvres du jeune homme. Un sourire à la fois victorieux et menaçant...Ryan ne put s'empêcher de frémir en le voyant faire un nouveau pas vers lui. Il dut, une fois de plus, prendre sur lui pour ne pas reculer. Il ne quittait pas l'adolescent des yeux, certain que celui-ci s'enfoncerait dans la brèche s'il relâchait une seule seconde son attention. Il ne sut pas combien de temps ils restèrent ainsi à se fixer. Plus les secondes passaient, plus la tension montait. Ryan vit la main de Tristan se resserrer sur le manche du couteau ; il sentit son souffle s'accélérer.

-Si tu es ici, c'est que tu as trouvé mes indices. Vrai ?

Ryan n'osait plus prendre la parole ; il se contenta de hocher la tête.

-Je ne t'ai pas choisi au hasard, poursuivit l'adolescent. Je savais que seul un passionné de littérature trouverait et comprendrait les indices que j'ai laissés.

Son regard se durcit, son sourire s'effaça.

-Depuis que j'ai six ans, j'affronte tous les jours les regards fuyants de mes parents. Chaque fois que j'entre dans la pièce où ils se trouvent, ils se taisent et changent de conversation. Ils croient que je ne vois rien. Mais cela fait onze ans que je remarque leur attitude étrange.

Il y eut un silence. Ryan n'osait plus respirer.

-Jusqu'à présent, j'avais réussi tant bien que mal à les ignorer, à me dire que je me faisais des idées. J'avais réussi à me persuader qu'ils ne me cachaient rien. Et puis, il y a eu toi. Tu as reculé la première fois que tu m'as vu. Tu semblais troublé, voire horrifié de me voir.

Ryan recula encore lorsqu'il le vit avancer. L'air semblait avoir déserté ses poumons. Le visage de Tristan se durcissait de plus en plus.

-J'ai aussitôt compris que tu me cachais toi aussi quelque chose et je n'ai pas pu m'empêcher de faire le lien avec le silence de mes parents. Désormais, j'en étais certain : vous saviez tous les trois quelque chose que j'ignorais. Cette pensée m'a énervé à un point que tu n'imagines pas. Je ne pouvais pas m'en prendre à mes parents ; j'en étais incapable. Quelle cible me restait-il, sinon toi ?

Ryan le vit serrer les poings. Ses yeux brillaient de colère, tout son corps était crispé d'une rage qu'il peinait à contenir.

-Je n'ai pas osé, jusqu'à présent, t'attaquer directement. Alors, j'ai détruit tout ce qui avait un lien avec toi. J'ai abîmé ta voiture. J'ai détérioré ton immeuble. Puis, le lieu où tu travaillais. J'étais déterminé à te faire payer le silence que vous m'avez imposé tout ce temps. Ensuite, je t'ai laissé des indices pour que tu me retrouves ici. Et j'ai fugué, changeant régulièrement de cachette pour ne pas être retrouvé. Je savais que tu viendrais ce soir. Et ce soir, crois-moi, tu vas payer. Personne ne pourra t'entendre ni te secourir. Alors, fais ton choix, Ryan. La vérité ? Ou la mort ?

Ryan frémit à ces mots. Son cœur s'accéléra, il sentit la sueur couler le long de ses tempes. Lorsque Tristan fit un pas de plus, il recula encore et leva les mains en signe d'apaisement.

Le secret des Dumont [La Grande Dictée 2e jet]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant