Chapitre 8 Anpanman

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Jin

Il y a longtemps que je n'ai pas fait de vélo, c'est un plaisir de sentir le vent sur mon visage, dans mes cheveux. Je regarde Nam Joon qui pédale devant moi le nez au vent. Je sais qu'il adore cette balade le long de la rivière Han. Il vient ici quand il a besoin d'être seul, le plus souvent le soir ou la nuit. Il adore de ce contact régulier avec la nature, ça l'aide à faire le vide. C'est vrai que c'est très agréable ces moments volés dans notre emploi du temps chronométré. On enchaîne les concerts en Corée mais aussi au Japon où on a beaucoup de fans également. On fait pas mal de télé aussi, on tourne les épisodes de Run BTS et, bien-sûr, on répète, on enregistre pour notre prochain album.

Depuis plusieurs mois, avec Nam Joon, on sort au restaurant, boire un verre ou se balader comme aujourd'hui. Plutôt le soir tard pour être tranquille. On discute de la gestion de notre petite famille et de nos doutes sur notre avenir.

J'adore ces moments de complicité. L'attitude de NJ a changé envers moi. Il a l'air moins perplexe à mon égard. Il a toujours été bienveillant bien-sûr, mais maintenant il semble plus confiant. Il s'ouvre à moi, il sait que je suis son allié pour organiser notre vie à sept ; que je comprends ses inquiétudes, comme il comprend les miennes. Cette connivence a grandi après qu'il soit venu me voir répéter pour l'enregistrement de Awake. Nos deux âmes se sont connectées ce jour-là. J'étais sidéré mais si heureux quand il m'a serré dans ses bras. Ill m'a même embrassé...Je ne m'y attendais pas du tout. Il m'a sauvé de moi-même. Comme un super-héros. Je garde précieusement ce souvenir au fond de mon cœur. Nous sommes maintenant en connexion parfaite, un regard suffit pour nous comprendre et savoir comment agir pour s'entraider.

Instinctivement, on se tient côte à côté, on se cherche du regard, on veille à l'approbation de l'autre. Avec le temps, une amitié tactile s'est formée dans le groupe, même si Yoongi fait mine de ne pas aimer les câlins. Les petits se dorlotent beaucoup sous couvert de chamailleries, Hoséok n'est pas en reste. Nam Joon et moi avons aussi développé notre langage physique. On se tient par le bras, les épaules, la main. On s'appuie l'un sur l'autre. Pour moi, c'est naturel. J'aime montrer mon affection mais pour lui c'est nouveau et il y prend goût.

Je remarque qu'on a tous besoin de contacts physiques dans le groupe. Nos familles nous manquent, notre rythme est stressant, on vit une exaltation très forte sur scène, on reçoit beaucoup d'amour de nos fans. Tout ceci crée un bouillonnement d'émotions qui nous submerge. Tantôt il nous galvanise, tantôt il nous fragilise. Le réconfort et la chaleur humaine entre nous sept nous apaisent. Nous avons besoin de nous toucher.

Apparemment ça plaît aux fans, mais c'est avant tout devenu naturel entre nous.

Nam Joon se retourne vers moi sur la ligne droite et j'appuie sur mes pédales pour le rejoindre.

-ça va, t'es fatigué ? On s'arrête si tu veux ?

-Non non, je savourais le moment, je rêvais !

-C'est chouette hein ? Le sourire de Nam Joon est éclatant.

On pédale côte à côte, silencieux, tout à notre plaisir. Il fait bientôt nuit noire. Nam Joon ralentit et je m'arrête près de lui sur la berge.

-Viens, par-là, je te montre mon coin secret !

On attache nos vélos à un panneau avant de descendre plus bas sur la berge. Nous sommes invisibles du chemin. Nam Joon sort de son sac un plaid, deux verres et une bouteille de bière qu'il installe sur l'herbe humide.

-Ohoh, vous avez prévu d'abuser de moi, jeune homme ? Je ne me laisserai pas faire, sachez-le !

-Ah bon ? Pourquoi pas ? Me réponds Nam Joon en riant.

Et voilà, je sens que je rougis, il m'a pris à mon propre jeu. Je lui tire la langue en m'installant.

Il débouche la bouteille debout devant moi et, une fois de plus, je suis frappé par sa beauté, sa carrure qui se découpe sur les lumières de la ville de l'autre côté de la rivière. Je soupire d'aise.

Nam Joon me tend un verre, trinque avec moi et vient s'allonger. Il s'installe perpendiculairement à moi et pose sa tête sur mon ventre. Je me redresse un peu pour boire et me rallonge tranquille.

-Je viens ici à chaque fois que je peux me libérer pour respirer. Même en journée, je ne vois personne. Les promeneurs restent sur le chemin, dans le parc. C'est tranquille... Je suis content de venir ici avec toi. Rajoute-t-il.

Il s'exprime si simplement, si naturellement que mon cœur manque un battement. Je mets ma main dans ses cheveux et commence à les caresser lentement. Il soupire d'aise lui aussi.

-C'était vraiment gentil de ta part d'avoir invité Jung Kook chez tes parents hier. Il est rentré heureux comme tout. Murmure-t-il rêveur.

-ça m'a fait plaisir à moi-aussi. Enfin un week-end de repos ! Et puis, il est adorable, ma mère en est folle ! Sa famille lui manque tant. Jimin l'a encore trouvé pleurant dans la salle de bain la semaine dernière. Je l'entends parfois sangloter dans son sommeil. Je me suis relevé plusieurs fois pour le calmer.

-Oui je sais, je m'inquiète pour lui, moi aussi. Mais hier, il s'est régalé des bons plats de ta mère. Il a dit savoir maintenant d'où te venait ton immense talent de cuisinier ! Et la piscine ?!

-Oh, on aime bien bien manger dans la famille et c'est toujours un plaisir de voir ses grands yeux devant un bon plat. Il n'a rien laissé. Ensuite, on a joué au water-polo avec mon frère et mon père dans la piscine. Mon père et JK contre mon frère et moi. Un match de folie. On les a laissé gagner au final. Il était trop fier. J'ai parfois l'impression de l'élever ce jeune coq Jung Kook...

-Parce que c'est le cas, Jin. Il se sert de nous tous comme modèles mais toi, il t'aime.

-J'espère qu'il va tenir le coup. Il a un tel talent...Et si on organisait une fête surprise pour son anniversaire ? C'est bientôt, on pourrait faire venir sa famille le week-end, je suis sûr de pouvoir convaincre le directeur !

-...C'est exactement ce pourquoi tu nous es si précieux Jin...

Je rougis à nouveau et je suis content qu'il fasse nuit. Il m'a touché encore une fois.

On reste silencieux à siroter nos verres, à regarder les étoiles. Je sais qu'il aime beaucoup ça et je me perds bientôt moi-aussi dans ce magnifique ciel d'été.

Tu frissonnes ? Viens par là. S'inquiète Nam Joon.

Il pose nos verres vides près du sac et vient se coller à mon côté, puis il glisse son bras sous ma tête me faisant rouler au creux de son épaule. Son autre main me frotte le dos. Je suis si bien dans ses bras. Je suis si heureux qu'il agisse ainsi naturellement. Je lève un peu la tête pour lui coller un petit bisou sur le menton.

-Tu te rappelles Anpanman ?

-Oui, J'ai plusieurs figurines de lui, pourquoi ?

-Eh ben, tu es mon Anpanman ! Dis-je en le chatouillant.

Alors, il part dans un grand éclat de rire, la tête penchée en arrière.

-Alors je vais te faire une chanson !


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