Amours Sylvestres

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Je suis fatiguée... Ces dernières semaines ont été éprouvantes. On me dit que le temps fera son œuvre, mais comment se remettre d'une rupture amoureuse lorsque celui à qui vous aviez tout sacrifié était en fait un menteur, un homme à femmes ?

Mes amis m'avaient pourtant dit de me méfier. J'ai la nausée. La tête me tourne. J'avais besoin de changer d'air alors j'ai pris la voiture et j'ai roulé, sans réfléchir, jusqu'à ce que je me sente suffisamment loin pour ne plus croiser âme qui vive. Je ne sais pas combien de temps j'ai roulé. Mais je suis au beau milieu de la nature. Je me suis éloignée du village où je vis, en traversant beaucoup d'autres pour fuir. J'ai roulé sur des routes au milieu des champs, à perte de vue. Me voilà à présent aux abords d'une forêt.

Tout semble si paisible, si harmonieux. Les couleurs de l'automne naissant sont sublimes ! Je remonte le petit chemin qui m'emmène jusqu'à l'orée des bois. Un panneau annonce « Forêt de Morte Fontaine ». Je reste interdite. C'est le bois qui est juste derrière chez moi ! Un craquement sinistre me fait sursauter. Je me tourne et ris de ma bêtise. Ce n'est qu'une jeune cerf qui est sorti d'un bosquet. Ce qui est étrange, c'est qu'il me fixe et ne semble pas effrayé du tout. Ses yeux noirs et brillants plongent dans les miens. Une étrange chaleur me pénètre. C'est réconfortant. Le rythme effréné des battements de mon cœur s'apaise. La colère me quitte. Cette douleur qui me ronge depuis des semaines. Je souris. Le jeune cerf s'éloigne en quelques enjambées gracieuses.

Je décide de ma promener dans les bois. Je ne comprends toujours pas. Moi qui pensais avoir roulé pendant des heures, je n'ai fait qu'un long détour pour me retrouver à quelques minutes de mon appartement... Cette forêt est vaste cependant. Je ne reconnais pas cet accès. J'entre dans les bois et essaye de faire le vide en moi. Le chant des oiseaux bercent mes méditations. Un peu plus loin, coule une rivière. Le bruit chantant du courant résonne délicieusement en moi. Je débouche sur une clairière. Le temps semble s'être arrêté. Le tableau qui s'offre à mes yeux émerveillés est digne des plus grands films de fantasy. Je me sens bien. Ici, tout est beau, apaisant.

Je décide de m'asseoir au pied d'un arbre et je ferme les yeux. Laissant chaque odeur, chaque son, chaque tressaillement autour de moi prendre toute la place. Je m'assoupis...

« Une fée arrive et me touche la main. J'ouvre les yeux et la dévisage, à peine surprise de sa présence... encore moins de son existence.

— Bonjour, Elina, me dit-elle d'une voix cristalline. Tu connais la légende de cette forêt.

Je ne réponds rien et me remémore les histoires que j'entendais à l'école sur cette forêt de Morte Fontaine. Il paraît qu'elle tombe parfois amoureuse d'un humain et qu'elle lui offre alors un cadeau à son réveil. La légende raconte que le fondateur du village où je vis a été l'un d'eux et qu'il s'est éveillé un matin, coiffé d'une ramure de cerf. Le prince des bois attend son véritable amour et prendra sa forme humaine lorsqu'il l'aura trouvé. Un frisson me traverse. Quelle étrange sensation. Je suis en train de rêver alors pourquoi tout semble si réel, si intense autour de moi ? La fée sourit et disparait dans un souffle. »

Je m'éveille en panique. Quelque chose vient de me tomber sur la tête. Je prote mes mains tremblantes sur mes cheveux et je sens une étrange chose. Sont-ce des cornes ? Je pousse un cri.

— Eh, ne t'inquiète pas, mon amour... je suis là.

Il me sourit. Ses yeux sont d'un bleu profond. Son regard me réchauffe instantanément. Sa main caresse ma joue. Un sourire se dessine sur ses lèvres de velours. Il m'embrasse doucement. Il a un goût de fraises des bois. Une chaleur intense m'envahit. Je me sens bien, aimée, à ma place.

— Reste ici, reprend-t-il. Je vais te chercher un peu d'eau. Tout va bien.

Avant de s'éloigner, il passe sa main dans mes cheveux et en ôte la branche qui y est tombée et qui m'a réveillée en sursaut.

Oui, tout va bien me dis-je. Tout va bien, jusqu'à ce que je réalise qu'il n'y a plus d'homme dans ma vie. Que ce beau jeune homme m'est totalement inconnu... Pourtant, je crois que je l'aime. La légende dit peut-être vrai... Le prince de la forêt a peut-être trouvé son véritable amour... J'ai bien envie d'y croire !

Lorsqu'il revient avec une gourde d'eau fraîche, j'en bois le contenu qui me glace la gorge. Je suis bien éveillée, pas de doute. Et c'est avec un plaisir infini que je me réfugie dans ses bras et que je le laisse me prouver à quel point j'ai eu tort de souffrir autant pour un amour futile et sans lendemain.

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