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29 Septembre 1938

Le Manoir des « Casteljaux ». Une demeure qui fait partie des plus belles perles rares de France. Sa grandeur rougissante et ses environs lugubre entourés d'une forêt immense font sa renommée dans tout le pays. Cela allant même dans les pays voisins. Une façade datant du 14émesiecle, des fenêtres aux bords arrondis en bois de boulot, une tour nord et une tour sud en pierre garnie, des histoires comme quoi la folie l'habiterait, des légendes ou encore des secrets qui l'entourent. Tant de mystères que de beauté. Je crois que depuis que mes parents ont acheté cette merveille, le château retrouve peu à peu son éclat, car oui, les restaurations qu'ont entrepris mes parents ont redonné la vie à ce lieu. Avant de l'acheter, ce manoir tombait chaque jour un peu plus en ruine. La cause était faute du budget insuffisant du dernier propriétaire, mais aussi de sa présence disparue, sans laisser de trace. Après une longue enquête, la mise en vente du manoir Casteljaux fut une opportunité incroyable pour notre famille. Nous venions à peine de l'acheter que nous prîmes toutes nos affaires pour nous installer dans le manoir. Les quelques restaurations dirigées par mon père se sont très vite terminées après notre aménagement. C'était comme un rêve. Notre vie allait pour une fois devenir encore plus palpitante qu'a l'habitude. Un véritable conte de fées. Sinon notre famille se compose de moi Edwige, de mes deux grand frères jumeaux inséparables, Ethan et Bradelet. De ma petite sœur Luna toujours de bonne humeur. De ma mère, une femme très belle et pleine de gentillesse et de mon père, un homme heureux, respectable et fier de sa famille. Rien de plus, rien de moins. Nous sommes tous heureux depuis le premier jour.

4 Octobre 1938

Les premiers jours qui sont passés étrangement vite se sont plutôt bien passés. J'ai eu la chance d'avoir la deuxième plus grande chambre et j'en suis ravie. Elle possède une tapisserie de couleur vert foret avec des dessins de feuille, d'animaux comme des cerfs, des oiseaux ou encore des sangliers. Ma petite sœur, qui a un peu de mal à s'habituer à notre nouvelle maison, contrairement à mes frères et mes parents, dort avec moi. Elle déteste la chambre dans laquelle elle doit dormir. Elle lui fait horriblement peur à cause des quelques vieux portraits accrochés aux murs. Le premier soir où nous avons dormis, elle s'est mis a hurler de toutes ses forces, en pleine nuit. Comme je me trouvais à côté, je suis arrivé en courant dans sa chambre et l'ai retrouvé en pleurs, terrorisée, sous ces draps. Elle me disait « Ils ont bougé ! Ils m'ont regardée et se sont transformés en monstre ! Et...Et... Il y avait du sang sur mes mains ! ». Elle continuait à pleurer. Mes parents et mes frères sont arrivés à leur tour et nous avons essayé de la réconforter. « C'était un cauchemar Luna. Ne t'inquiète pas. Tout va bien » nous lui dîmes. Elle et moi avons alors commencé à dormir ensemble et ces « cauchemars » ont cessé. La nuit dernière était, du moins, des plus étrange. Alors que nous étions toutes les deux installées confortablement dans l'immense lit en chêne, endormis dans la pénombre de la chambre sous les draps, un corbeau vint a la fenêtre de la chambre et ces coassements me reveillérent moi mais pas ma sœur. Quand je fus debout avec entre les mains une petite bougie que j'eus allumé, je me suis approchés de la fenêtre et le corbeau ne fut point effrayer et continua à me fixer, cela pendant quelques minutes. Étrangement, plus le temps passait, plus j'avais l'impression qu'il me souriait d'une manière moqueuse. Énervée, je fis de grands gestes pour le faire fuir même derrière la vitre, mais hélas encore une fois en vain. J'eus abandonné pour me recoucher dans mon lit en ayant comme une boule dans le ventre et en ayant la chair de poule. La petite chaleur que dégageait Luna me relaxa et me fit m'endormir. Le lendemain, au petit déjeuner mon père avait l'air épuisé et malade, comme s'il avait envie de vomir. Mère lui demanda finalement si tout allait bien, et il lui répondit d'un ton incroyablement calme qu'il allait bien. Que tout allait très bien. Il nous raconta que son air fatigué était simplement causé par un rêve étrange où il aurait vu Luna, avec un corbeau, dans la forêt, portant une vieille robe blanche tachée par la vieillesse et le temps. J'eus un horrible frisson et décidai de ne dire à personne ce que j'avais vu cette nuit. Dans la plupart des croyances, il était dit que tout comme les chats noirs, les corbeaux portaient malheur ou faisait part d'un mauvais présage. Je repris la raison en me disant que c'était juste un hasard et qu'il n'y avait rien de bizarre. Tout est normal ! Tous les corbeaux ne font pas tous signe de mauvaises augures, c'est absurde !

9 Octobre 1938

J'ai étrangement peur en ce moment. Plus de frissons. Plus d'hallucinations comme entendre des bruits de pas dans les couloirs toutes les nuit, vers minuit alors que tout le monde dort normalement. J'ai aussi l'impression que quelqu'un ou quelque chose me prend par les épaules ou encore me pince, me chuchote des mots incompréhensibles dans le creux de l'oreille. Pourtant quand je me retourne il n'y a personne. Rien. C'est surement la fatigue...

10 Octobre 1938

Je ne comprends pas ! Tout était...normal, avant. Alors pourquoi ?

Luna et moi dormions encore une fois toutes les deux dans la même chambre. Nous avions fermé la fenêtre a clé juste avant de dormir. De même pour la porte. Quelques bougies allumés, dansaient dans les quatre coins de la pièce, éclairant légèrement celle-ci. Cette fois ce sont d'étranges bruits venant de dehors qui m'éveillérent. Un cri long, puissant et rauque. Un cerf ? Des cris aigus. La voix du vent hurlant à plein poumons. J'étais paralysée dans mon lit. J'avais peur ! Je ne pouvais pas bouger. J'essayai mais je n'y arrivais pas. Soudain, la fenêtre s'ouvrit dans un grand fracas laissant entrer le froid glacial de la nuit qui vint nous enlacer. Je voulus me mettre à hurler ! Mais ma bouche ne s'est pas ouverte et aucun son n'est sorti. Elle, Luna, ne bougeait pas. Dos tourné, face à la porte fermée. Comment faisait-elle pour continuer à dormir après l'ouverture soudaine et étrange de la fenêtre ? Elle était censée être fermée à clé ! Un simple coup de vent n'aurait pas pu l'ouvrir sauf si les rénovations des fenêtres avaient été mal faites, je me trompe ? J'avais encore plus peur ! Il faisait froid et toutes les bougies s'étaient éteintes à cause de ce vent glacial qui noya entièrement leurs petites sources de chaleur ! Même plongée dans le noir, je vis des formes rentrées lentement dans la chambre dont une très imposante. Les yeux écarquillés devant ce spectacle terrifiant, je sentis cette ombre imposante s'approcher et s'asseoir sur moi, sur mon buste. Elle était grande et elle me semblait horriblement lourde. Quand je voulus bouger, je la sentis m'agripper le cou et le serrer. L'ombre m'étranglait ! J'étouffais ! J'avais mal ! Je ne pouvais pas bouger ni appeler à l'aide. Quand je m'évanouie après ces quelques minutes de torture, je me réveillai dans mon lit. C'était le matin. Couverte de sueur, des traces rouges au cou. Luna n'était plus dans le lit avec moi. Je me suis donc empressée de sortir de mon lit en ayant d'horribles vertiges, les membres de mon corps alourdis, le souffle court. En allant dans la grande salle à manger en passant par les chambres vides de mes frères et de mes parents, je rejoignis ma famille toute tremblante. Les larmes roulantes sur mes joues, je me suis laissé tomber sur les genoux après être rentrée dans la grande pièce à peine éclairée pas la faible lumière du soleil levant passant par les vitres. Je me suis mis à pleurer de toutes les larmes de mon corps. Personnes ne réagissaient. Ils ne bougeaient pas. Ils restaient tous assis à table. Ils gardaient tous exactement la même position et la même expression endormie pour chacun. La nappe blanche posée délicatement sur la table était maintenant recouverte d'un liquide rouge. La mise en scène sous mes yeux faisait part d'un repas de famille. Mère, Ethan, Bradelet et Luna ainsi qu'une place libre. Il ne manquait plus que moi. L'ombre d'hier soir m'avait épargnée, mais était-ce juste parce que j'étais sa propre fille ? Ou bien qu'il n'en a pas été capable ? Tout ce que je pouvais constater c'était que la folie elle-même habitait les murs de ce manoir est qu'elle venait surement d'emporter encore une victime dans son délire éternel. Elle venait en tout cas de détruire ma vie...

Edwige Fagaut

L'ombre de cette nuitWhere stories live. Discover now