HELLO STRANGE PLACE
et donc j'étais là. un pied dans le vide, l'autre bien ancré sur la terre ferme, la seule chose qui faisait de moi un homme vivant. un pas et la boucle serait close. un pas et je ne serais plus jamais un fardeau pour quiconque sur cette planète. un pas et tout serait fini. tous ces petits bonheurs, toutes ces choses qui me faisaient me sentir en vie. le soleil réchauffant ma peau un beau jour d'octobre, la fourrure de mon chien sous mes doigts, mon père souriant quand je lui disais je t'aime, la voix de mon chanteur préféré dans mes oreille pendant l'intégralité d'un long trajet en bus, le goût des plats préparés par ma mère lors des jours pluvieux... mais aussi toutes ces douleurs, tout ce pourquoi j'aurais préféré être mort. la solitude éprouvée quand personne n'était à la maison, les larmes roulant sur mes joues après une dure journée, les critiques de mes parents face à mes mauvaises notes, cette sensation de ne rien valoir, de ne rien mériter, d'être invisible, l'envie constante de disparaitre tout en sachant que personne ne me regretterait réellement. à ce moment là, une partie de moi avait conscience que pour vivre la joie il fallait expérimenter le malheur. je pesais le pour et le contre, sachant pertinemment que dans mon cœur, la tristesse prendrait toujours le dessus sur le bonheur. l'autre partie de moi n'hésitait même plus, je voulais disparaître sans réfléchir, c'est ce que j'avais toujours désiré de toute façon. alors je me suis dit que c'était le moment. mes yeux, vidés de toutes larmes depuis bien longtemps, se sont tournés vers les étoiles. un pas et c'était le grand final. un seul pas. mes pieds bougèrent instinctivement. plus de terre ferme sous mes chaussures. le vide, seulement le vide. et c'est comme ça que je me suis senti à cet instant, complètement vide et apaisé. et c'est comme ça que la boucle fut close.
GOODBYE STRANGE PLACE
