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PDV BILLIE
23h05
J'étais assise sur le capot de ma voiture favorite, une barre de céréales à la main.
Le vent venait frapper ma peau de plein fouet et mes cheveux attachés en chignon commençaient peu à peu à partir dans tous les sens.
Cela devait faire une bonne heure que j'étais seule dans le cimetière, glacée par le froid et l'air exténué.
J'avais fumé trois joints et mangé une bonne dizaine de cochonneries, les yeux rivés sur le ciel gris de Paris.
Je n'arrivais pas à mettre un traitre mot sur ce que je ressentais.
Ma poitrine me brûlait par instant mais je ne savais même plus pour quelle raison tellement j'étais vide.
Chacun de mes membres tremblait à cause de la température glaciale qui régnait sur la ville.
Quelques gouttes de pluie venaient parfois s'écraser sur mon visage, faisant couler le peu de maquillage qu'il me restait sur les paupières.
Ça faisait un bon bout de temps que je n'avais pas consulté mon téléphone et je me demandais si j'avais de nouveaux messages.
Alors, tout en poussant un soupir, je le rallumais et observait mes notifications.

de: oriane: coucou ma belle, je suis passée à la villa cet après-midi mais j'ai vu personne. ni toi ni mathieu. vous êtes où?

de: lucas: wsh t'as pas vu le polak toi par hasard?

de: mat': jsuis à paname

de: mat': jsais où t'es

Entre temps j'avais aussi reçu pleins de demandes d'amis sur snap et sur instagram mais ce n'était pas vraiment ce qui m'importait.
Ce qui m'intéressait, c'était que le dernier message que j'avais reçu datait d'il y a 5 minutes.
Ce qui voulait dire que Mathieu n'en avait plus pour longtemps avant d'arriver.
Lorsque cette pensée me traversa l'esprit, un frisson parcouru mon corps et mes doigts se crispèrent sur l'emballage de barre de céréales que je gardais au creux de ma main depuis plusieurs longues minutes.
D'un instant à l'autre il serait là et on allait devoir s'expliquer une fois de plus.
Peut-être avec des cris.
Peut-être sans.
Je n'en avais aucune idée et à vrai dire ça me stressait légèrement.
J'étais du genre à ne pas accorder d'importance aux choses mais cette fois c'était différent.
Cette fois ça comptait réellement.

23h15
Alors que je fumais une clope, je vis des phares s'approcher peu à peu de là où je me situais.
Mon cœur se mit à battre de plus en plus rapidement, pensant que c'était le polak qui était de retour.
Mais à ma grande surprise, la voiture qui venait de se garer à quelques mètres de ma position n'appartenait pas à Mathieu ni à une de ses connaissances.
Sans chercher à comprendre, je me relevai d'un coup sec et attrapait discrètement le canif que j'avais caché dans mon soutien-gorge.
D'habitude, personne ne venait jamais ici et encore moins à cette heure ci, alors je préférais prendre mes précautions.
Je plissai les yeux, tentant d'apercevoir les hommes qui sortaient de la voiture et eu un très mauvais pressentiment.
Tout ça ne présageait rien de bon et ce n'était pas la première fois que je me retrouvais dans ce genre de situation.
Si les choses tournaient mal, j'avais de quoi me protéger dans mon sac mais je n'avais aucune envie de me servir de ça.

Peu à peu, je me reculai vers le grillage, empoignant mon eastpak le plus fortement possible.
Quatre hommes tous habillés en survêtement s'avancèrent vers moi sans dire un mot.
Il y en avait un que je connaissais parmi eux.
C'était un gars du 94, un ancien ami du polak.
Il savait parfaitement qui j'étais et rien qu'à son regard il avait compris que je l'avais reconnu.

-Alors t'es toute seule poupée?

Je tournai la tête un direction de mon interlocuteur.
C'était celui du milieu, un grand renoi avec un survet nike et un veste noire de la même marque.
Je fis défiler mes yeux de haut en bas et le toisai sans répondre.

POLAKOù les histoires vivent. Découvrez maintenant