Emmanuel Kabou

153 6 0
                                    


Baccalauréat

Une si longue lettre au Nouveaux Bacheliers (Emmanuel KABOU)

4 mois ago


*Lettre aux bacheliers- Par « Pa » Emmanuel KABOU-🏽‍*

*🏽‍🏽‍Chers bacheliers,*

_➡Vous venez d'obtenir le diplôme du baccalauréat. Vous avez donc réussi à l'examen le plus stressant dans le cursus scolaire et universitaire._ _Félicitations ! Sachez, cependant, que le baccalauréat boucle une étape de votre vie en ouvrant par la même occasion, une deuxième qui va être suivie de deux autres. Ces étapes, je les appelle simplement des âges. Je distingue donc quatre âges qui vont respectivement de : 0 à 20 ans, 20 à 30, 30 à 60 et de 60 à la mort._

_➡Durant le premier âge, c'est la responsabilité des parents qui est engagée. En effet, par la grâce de Dieu, ils vous ont mis au monde. Ils vous donnent ainsi une mère, un père, une famille et vous choisissent un toit, une école, une nationalité, une religion. La seule chose qu'ils attendent de vous, c'est de leur obéir. Cette obéissance se traduit par le comportement à la maison, à l'école et dans le quartier et la société. A la maison, on vous demande simplement de contribuer à la stabilité familiale ; à l'école, on vous demande de recevoir les enseignements dispensés et de vous les approprier, tandis que dans le quartier ou la société en général, c'est le respect des personnes et des biens que vos parents attendent de vous. Tout enfant qui obéit à ses parents joue son rôle et projette par cela-même, la meilleure image de lui. Par ailleurs, il est prêt moralement, intellectuellement, psychologiquement pour entrer dans le deuxième âge qui va de 20 à 30 ans._

_➡Le deuxième âge commence par l'entrée dans les études supérieures à l'université ou les grandes écoles. Pour cela, le conseil que je vous donne, chers bacheliers, c'est d'être ambitieux. C'est l'ambition qui détermine le courage et ces deux dispositions de l'esprit se traduisent par une « folie lucide ». Il faut simplement accepter d'être « fou » pendant les cinq années que dure un Bac.+5 ( Master ou équivalent). Je ne sous-estime nullement le Bac.+3 (Licence ou équivalent) ; je réfléchis simplement en tant que agent du secteur public , en référence à la théorie bureaucratique de Max Weber ; que je résume en ces mots : « Le plus ancien, dans le grade le plus élevé ; sauf pour une fonction politique ». Je considère que la position de cadre intermédiaire ou moyen que confère ce diplôme est ingrate. En effet, un cadre intermédiaire peut être plus étoffé intellectuellement et professionnellement que son supérieur qui ne l'est que par son grade conféré par son Bac.+5 ._ _Par ailleurs il ne faut pas avoir les yeux rivés sur le Bac+8 (Doctorat) ; car, non seulement il semble lointain mais aussi il est fait pour intégrer « l'asile » : l'université ou le laboratoire de recherche. Comprenez là que c'est en toute amitié que je traite de « fou » les enseignants et les chercheurs._

_➡Chers bacheliers, après cinq années de « folie lucide » vous êtes titulaires d'un diplôme qui a du contenu ; un diplôme qui sanctionne de manière effective des connaissances acquises et assises. Aujourd'hui, il est malheureux de constater que dans le public comme dans le privé, on peut obtenir facilement un master. Mon expérience des universités publiques comme des établissements privés m'autorise à l'affirmer. Je précise d'ailleurs que ce n'est pas un jugement téméraire de ma part car cela fait presque trois décennies que je sillonne universités publiques et grandes écoles. Beaucoup de diplômes délivrés sont des diplômes au rabais._

*🏽‍🏼‍Formation pédagogique*

_➡Dans le public, le recrutement d'enseignant n'est pas toujours fait sur des bases objectives ; dans le privé c'est la rentabilité financière qui constitue le mobile déterminant (c'est dommage). Je pense qu'il est temps que l'on renforce les compétences de l'agence chargé de veiller à la qualité de l'enseignement supérieur. La formation pédagogique des enseignants du supérieur ne doit pas être facultative mais obligatoire. Les enseignants eux-mêmes doivent faire preuve d'humilité et de modestie. L'humilité est dans le rapport à l'autre, tandis que la modestie est en soi, car comme la définit Léopold Sédar Senghor, « c'est la conscience de ses limites supérieures et inférieures ». Le vrai intellectuel c'est celui qui comme Socrate commence par confesser ses limites inférieures. Pour avoir fait une incursion au Ministère chargé de la recherche scientifique comme conseiller puis comme directeur, je puis assurer qu'il n'y a pas plus naïf qu'un universitaire pur et dur. Les intellectuels complets, ce sont les cadres des Ministères ; ils sont tout simplement bien formés. Ils ont la théorie et ils sont dans la pratique. J'ai quelque fois l'impression de retrouver le personnage du « mythe de la caverne » de Platon à travers l'enseignant pur et dur, « fort en thème ». Chers bacheliers, je vous invite à vous approprier cette réflexion de Gaston Bachelard : « *Toute connaissance est une réponse à un question* ». Le commentaire que j'en fais est *qu'avec des connaissances, on ne meurt pas de faim* ; pourvu que ces *connaissances soient acquises et assises*.Asseoir ses connaissances c'est les placer dans une perspective épistémologique ; s'interroger sur leur finalité comme réponse aux questions existentielles que se pose l'humanité (l'autre et les autres)._

LETTRE AUX BACHELIERSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant