Noyé par le passé

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Bonsoir, je tiens à m'excuser d'avance pour la niaiserie que vous risquez de lire sur ce chapitre qui suit les pas du thème Au péril de la mer.

Suite aux évènements de la veille, Dimitri avait cru que ses géniteurs l'auraient laissé en paix. C'étaient mal les connaître. Il avait oublié qu'il était chez ses parents et non dans un hôtel. Tout comme il avait oublié qu'il avait hérité la détermination sans failles de sa mère. Alors que son père s'était totalement adouci en un an par un miracle dont Dimitri en ignorait la raison, sa mère était devenue une véritable plaie. Il la supportait de moins en moins car dans ses mauvais jours, elle pouvait se montrer plus bornée que son fils. Le pire, c'était qu'elle était la version enflammée de sa progéniture. Si sa procréation avait hérité d'un cœur de glace, d'un sang gelé et d'une main de fer dans un gant de velours, la génitrice était tout feu tout flamme. Et quiconque allumait le brasier le regrettait immédiatement jusqu'à ce qu'ils cessent leurs chamailleries. Mais il risquerait de se rendre de nouveau coupable d'un crime aux yeux de ceux qui étaient coupables de son existence. Et, cette fois, il le serait aussi au niveau de la loi. Ce n'était donc pas la meilleure idée qu'il pouvait commettre. Le mieux fût d'endurer leurs hurlements. Mais, très vite, bercé par les légères secousses de la voiture, il fit une légère sieste emplie de brumes, de formes et de mélodies indistinctes. Il se fit réveiller par Alexei qui lui avait secoué l'épaule avec insistance. Et son aîné l'avait brusquement repoussé. Grognant, il finit par se réveiller et sortir de la voiture. Même s'il traînait des pieds, il sourit avec nostalgie en voyant le vieux manoir de son aïeule. Il ressemblait ironiquement aux vieux manoirs que l'on voyait dans les histoires de vampires. Et Dimitri avait maintes fois utilisé cet aspect inquiétant pour effrayer sa cousine, plus jeune que lui de deux mois, à savoir la seule personne à tourmenter dans le coin.

En y repensant, la commissure de ses lèvres s'étendit davantage mêlant nostalgie, douceur et tristesse. Rien qu'à voir l'effigie de la demeure encore debout après avoir bravé tant des siècles, il se souvint ces jours heureux de son enfance. Il se rappelait ces temps presqu'immémoriaux où il riait aux éclats, où il débordait de joie et d'énergie de vivre. Cette époque où il faisait brailler tous les adultes de sa famille. Ce vieux passé poussiéreux, gardien de ses jeunes années qu'il avait partagé avec Yelena tantôt la faisant pleurer, tantôt la faisant geindre, tantôt la faisant sourire. À ce moment, son innocence inondait son cœur qu'il avait perdu depuis fort longtemps et ce simple vestige mémoriel de ces jours où il éprouvait encore de la compassion le fit frissonner de dégoût et de regret. Pourtant, ce dont il se rappelait n'était plus. Il n'était plus ce garçonnet joufflu aux yeux pétillants de malice qui souriait pour un oui ou pour un non. Cette facette de son être était éteinte depuis presque une éternité et elle n'avait aucune raison de resurgir. C'était même stupide de rêvasser à ces scabreuses hallucinations. Il ne redeviendrait jamais comme cela. Il était devenu quelqu'un d'autre et il n'en n'avait nulle honte.

Ce à quoi il pensait était révolu, il fallait s'y faire. Il devait désormais penser au présent. Et faire en sorte de ne pas passer pour un jeune impertinent comme on le lui avait tant reproché par le passé. Alors qu'il reprit enfin sa marche vers la porte d'entrée, s'arrachant à cette morose contemplation suivant le reste de ceux qui l'accompagnaient. Celle qui vint leur ouvrir n'était pas leur grand-mère, mais sa femme de ménage qui la suppléait dans les tâches qu'elle ne pouvait plus accomplir. Elle les invita alors à entrer même si ses prunelles demeurèrent fixées sur Dimitri quelques secondes, ce dernier lui renvoya un froid glacial qui intimida la jeune femme. Et le jeune innocent se prit une réflexion qu'il préféra ignorer. Alors que la marmaille prit ses aises dans le salon de leur hôte. Quelques instants plus tard, ils l'entendirent arriver avant même qu'elle n e prît la parole. En effet, la vieille dame boitait légèrement et sa hanche grinçait quelque peu, ce qui fit qu'on savait toujours lorsqu'elle approchait. De prime abord, elle ne remarqua pas Dimitri qui demeurait en retrait et elle salua tout le monde et son regard s'illumina lorsque l'aîné de la fratrie s'avança vers lui. Elle le serra dans ses bras, étouffant son petit-fils, tout en incendiant sa belle-fille :

Hiver de débaucheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant