إسراإحسان
Dans son vaste bureau somptueusement décoré de marbre et de bois sombre, Ihsan, se tient près de la grande baie vitrée, cigarette à la main. La fumée s'élève lentement vers le plafond, se mêlant à l'air frais de la climatisation. Ses yeux fixent l'horizon, mais son esprit est visiblement ailleurs.
De l'autre côté de la pièce, Israa est assise derrière un bureau massif en acajou, concentrée sur des dossiers. Son regard est froid et distant, ses gestes précis. Chaque fois qu'elle bouge, le doux bruit du papier ou du stylo brise le silence entre eux. Elle ne lui accorde pas la moindre attention.
« Tu n'as pas besoin de faire semblant de travailler si dur », dit Ihsan, d'une voix calme mais teintée de sarcasme. Il tire une autre bouffée de sa cigarette avant de l'écraser dans le cendrier en cristal sur la table.
Israa lève enfin les yeux, son regard glacial le transperçant un instant avant de revenir sur ses documents. « Je n'ai pas besoin de ton approbation », rétorque-t-elle sèchement. « Ce poste, je l'ai mérité. Tes conditions ridicules ne m'intéressent pas. »
Un silence lourd s'installe entre eux. Ihsan sait qu'elle a raison. Son mariage avec Israa, bien que stratégique, l'irrite plus qu'il ne l'aurait imaginé. Elle ne cherche pas à le plaire ou à le séduire, elle n'est là que pour les affaires. Et il ne peut nier son efficacité. Depuis qu'elle a pris le poste de directrice, elle a fait preuve d'une rigueur et d'une vision qui ont bouleversé certaines de ses certitudes.
« Tu joues bien ton rôle », murmure-t-il presque pour lui-même, en se détournant vers la fenêtre. « C'est presque impressionnant. »
« Ce n'est pas un rôle », répond Israa en se levant de son siège, ses talons résonnant dans le silence tendu. « Si tu pouvais te contenter de faire ce pour quoi tu es bon, gérer tes affaires, sans m'imposer ta présence, ce serait parfait. »
Ihsan ne se retourne pas, mais ses épaules se raidissent imperceptiblement. Leurs regards ne se croisent pas une seule fois. Malgré l'anneau qu'ils portent chacun à leur doigt, tout entre eux semble n'être qu'un contrat froid, dépourvu de chaleur et d'émotion. Deux individus piégés dans une alliance d'intérêts, où l'ego et la fierté règnent.
Alors qu'Israa s'approche de la porte, prête à partir, elle s'arrête un instant. « Tu devrais arrêter de fumer », lance-t-elle sans se retourner. « Ça ne te tuera pas plus vite, mais au moins, l'air ici sera un peu plus supportable. » Puis, sans un mot de plus, elle quitte la pièce, laissant Ihsan seul avec ses pensées et sa cigarette éteinte.
Ihsan resta figé, le regard toujours fixé sur l'horizon alors que la porte se refermait derrière Israa. Sa silhouette voilée, fine cachée derrière une longue abaya en soie, lui revenait en mémoire malgré lui. Cette froideur qu'elle affichait, ce mépris subtil, ne faisaient qu'alimenter une étrange fascination qu'il ne comprenait pas encore. Elle avait tout pour captiver, non seulement par sa beauté envoûtante, mais aussi par cette assurance glaciale qu'elle portait en elle. À 26 ans, elle était non seulement compétente, mais aussi impossible à impressionner — même par lui, un homme dont l'autorité et la richesse faisaient habituellement fléchir tout le monde autour de lui.
Il la trouvait insaisissable, mais c'était aussi pour cette raison qu'il l'avait choisie. Son mariage avec Israa n'avait rien d'un conte romantique, c'était une alliance de compétences, une transaction tacite où chacun connaissait son rôle. Mais il y avait quelque chose en elle qu'il ne pouvait nier : elle n'était pas simplement là pour le poste, elle le dominait en tant que directrice. Chaque décision qu'elle prenait était calculée, chaque mot pesé avec la précision d'une femme qui savait exactement ce qu'elle valait.
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TACIT ALLIANCE
RomanceIsraa n'a jamais cru à l'amour véritable, et les petites attentions qui touchent les cœurs ne l'intéressent guère. Pour elle, les plaisirs éphémères de la dunya, l'argent et le statut social sont bien plus importants que les émotions humaines. Elle...