Ce soir ma gorge a été tranchée, j'ai vu mes meurtriers dépecer mon corps pendant que le sang coulait de mon cou, à l'envers, attaché au même rang qu'un porc, le liquide chaud se déversant sur une bouche d'égout. Ils se mirent ensuite à découper ma graisse, trancher mes muscles, briser lentement mes os et hacher mes organes. Ils me croyaient évanoui ou déjà mort mais la douleur était bien là, je la ressentais de tout mon être, que ce soit mes viscères pendouillant ou mon cœur battant hors de ma poitrine, je subissais pleinement chacune de leur torture. Pourquoi me faire ça ? Moi qui ai toujours bien suivit le moule, qui ai toujours fait ce que tout le monde voulait. La douleur m'empêchait de réfléchir mais mon agonie, je peux l'assurer, dura des heures. La vie étant faite ainsi, les abatteurs, qui ont en vu des milliers comme moi se diront que c'était nécessaire, que ce n'est pas grave, pas leur faute, on leur a demandé, il fallait choisir entre logique et amour... Alors pourquoi ce sourire ? Pourquoi cet horrible édentelage* porté par ces lèvres joyeuses, pourquoi quand j'ai commencé à crié ils se sont mis à augmenter la douleur, pourquoi ils m'ont garder aussi longtemps en vie, à m'arracher les globes oculaires, à me couper la langue, à s'amuser à me retirer le peu de virilité qui me restait avant de cuir les meilleures pièces et de me dévorer en famille. J'ai toujours fait ce que j'ai pu et je ne suis que leur bétail, j'ai souffert pendant ma vie et j'ai prié pour qu'elle se termine plus vite, adieu, bon appétit.
Texte non-dédié,
Eliss
*édentelage: Néologisme, nom commun, ensemble de dents.
