The Island

Chapitre 1

Le bruit des vagues. Ce fut la première chose que Sheila entendit en retrouvant ses esprits. Le bruit des vagues qui claquèrent sur la mer. La jeune fille de dix-sept ans ouvra péniblement ses yeux, les faisant cligner plusieurs fois pour les habituer au soleil qui brillait haut, dans ce ciel sans nuage. Une fois habitué à la luminosité, elle remarqua qu'elle était allongée sur le dos, dans du sable. Perplexe, elle se releva sur ses coudes et observa le paysage autour d'elle. Comme elle s'y attendait, elle était sur un grand banc de sable qui bordait une mer d'un bleu turquoise. La plage où elle se situait n'était pas très grande. Elle devait s'éteindre sur une trentaine de mètres tout au plus. Après, les falaises dominées. Elles étaient plus au moins immenses, mais Sheila était certaine que jamais elle ne sauterait d'une d'entre elles. Elle n'était pas suicidaire.

La jeune fille se tourna sur le côté pour pouvoir voir derrière elle. Des arbres. A perte de vue. Surement une forêt... ou une jungle. En tout cas, rien n'était reconnaissable pour Sheila. Elle ne connaissait pas cet endroit. A cette pensée, elle se releva brusquement et tourna sur elle-même pour pouvoir revoir l'environnement qui l'entourait. L'inquiétude l'envahit. Prise de panique, elle poussa un cri :

- Y a quelqu'un ?!

Aucune réponse. Au fond d'elle-même, elle savait que personne ne lui répondrait mais elle l'espérait. Elle attendit plusieurs minutes que quelqu'un lui réponde en lançant des appels réguliers, mais rien. Elle finit par se laisser tomber sur le sol, où elle se mit à réfléchir tout en attrapant des poignées de sable qu'elle laissait glisser entre ses doigts fins. Elle cherchait à savoir où elle était et surtout pourquoi elle ne se rappelait pas comment être venu ici. Rien ne lui revenait. Elle ne se souvenait de rien. Enfin si. Elle se rappelait tout ce qui concernait sa vie. Elle s'appelait Sheila Hemmings, elle avait dix-sept ans et vivait avec son père, sa mère et son petit frère de huit ans dans leur petite maison en brique rouge. Elle se rappelait avoir eu un chat quand elle avait quatre ans et qui s'était enfui six ans plus tard. Elle avait un meilleur ami qui s'appelait Tyler. Il y avait cette fille dans son lycée, qui la détestait. Caroline. Elle avait même eu un huit à son dernier contrôle de biologie. Elle se souvenait de tout ça. Mais toujours pas ce qu'elle faisait sur cette plage, seule.

Elle perdit rapidement la notion du temps. Peut-être au bout de trente ou quarante minutes, elle se leva, ne pouvant plus réfléchir à cause d'un mal de tête. Elle ne savait pas quoi faire. Rester ici à attendre ? Surement pas. Mais où aller alors ? La répondre s'avérait être très simple, il n'y avait qu'un seul endroit où elle pouvait se diriger : la forêt. Elle ne pouvait pas grimper sur des falaises et encore moins passer par la mer. L'adolescente se tourna vers la forêt, un brin anxieuse. Elle tapa sur son short en jean, puis sur sa chemise à carreau rouge pour les débarrasser du sable qui s'était glissé dans ses vêtements. Elle remarqua aussi pour la première fois un élastique autour de son poignet. Il était bleu... et sec. Ce qui signifiait qu'elle n'avait pas échoué sur cette ile par la mer comme dans allez savoir quel film. Elle avait forcément atterri ici par la terre. Ou les airs. Instinctivement elle leva la tête pour regarder le ciel, une main en visière sur son front pour ne pas avoir le soleil dans les yeux. Elle finit par rebaisser la tête quand elle ne vit rien d'anormal. Elle inspira un grand coup et s'avança vers la forêt. Elle avança d'un pas hésitant, continuant à jeter des coups d'œil autour d'elle. Elle s'enfonça dans le tas d'arbre, repoussant les branches qui lui barrer le chemin le plus silencieusement possible. Sans savoir pourquoi d'ailleurs. Elle avait l'air d'être seule ici.

Elle retenta un appel :

- Il y a quelqu'un ?!

Evidemment toujours aucune réponse. Et il n'y avait vraiment rien autour d'elle, mis à part des arbres. Soudain, Sheila sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle tenta de les chasser d'un revers de bras. Elle n'avait pas pleuré depuis l'âge de huit ans. Elle n'allait pas craquer ici et maintenant. Pourtant, plus elle avançait, plus elle sentait la solitude la submerger. Le rassurant bruit des vagues s'effaça peu à peu, laissant place à un silence bien trop pesant pour une fille de la ville telle qu'elle. Même pas un seul bruit d'animaux. La jeune fille s'arrêta alors, inquiète, tendant l'oreille mais absolument rien. Sauf un craquement derrière elle. Elle fit alors volte-face et poussa un cri qui fit s'envoler des oiseaux.