Prison

1.5K 97 12
                                    

Dans le bureau du shérif, Regina est plantée au milieu de sa cellule, les coudes au corps, les poings serrés, comme prête à se battre. Elle n'a pas dit un mot depuis que David et Emma l'ont enfermée là il y a des heures, autant pour la protéger de la foule qui voulait la lyncher que pour la punir de ses crimes.

Emma ne peut s'empêcher de noter que malgré les heures passées en détention, madame le Maire n'a encore rien perdu de son allure. Vêtue d'un chemisier immaculé, d'un élégant costume trois pièces bleu marine bordé de blanc dont le gilet ajusté lui va à ravir, coiffure et maquillage toujours impeccables, elle est splendide.

Malgré elle, Emma ressent une certaine admiration pour cette femme qui même brutalement déchue, menacée de mort par une foule enragée et jetée en prison, n'a pas fait couler son mascara en s'autorisant la moindre larme de rage ou de dépit.

ooo

Il s'est passé tellement de choses à Storybrooke. Le sort est rompu et la magie flotte de nouveau dans l'air. Tout le monde veut la peau de la méchante reine. Et Emma n'a pas l'habitude d'avoir quelqu'un à charge. Mais ce n'est pas une excuse pour oublier Regina au fond de sa cellule. A travers les barreaux, Emma lui tend le sac en papier rapporté de chez Mère-Grand.

― Je vous ai apporté à manger.

Il est onze heures du soir mais mieux vaut tard que jamais, non ?

Regina saisit le sachet sans la remercier et s'assied à contrecoeur au bord de la couchette qui constitue tout le mobilier de la cellule. Elle commence par vider d'un trait presque toute la petite bouteille d'eau et Emma se sent aussitôt coupable de l'avoir laissée mourir de soif toute la journée. Elle a promis à Henri qu'il n'arriverait rien à sa mère, après tout.

Regina considère d'un air hostile le croque-monsieur encore tiède que lui a apporté Emma avant de se décider à en prendre une bouchée. Une fois celle-ci avalée, elle braque son regard noir sur Emma.

― Vous comptez me regarder jusqu'à ce que j'aie fini de manger, mademoiselle Swan ?

Emma rougit malgré elle en prenant conscience qu'elle est en effet restée bêtement plantée devant sa cellule à l'observer comme un animal en cage.

― J'ai des paperasses à faire, marmonne-t-elle en se détournant, embarrassée.

ooo

Regina a fini de manger et rassemblé les reliefs de son repas dans le sac en papier, qu'elle a refermé avec soin. La cellule est impeccable, pas une miette ne traîne. Emma déverrouille la porte. Regina se lève, le sourire ironique.

― Serais-je libre de rentrer chez moi ?

La vérité, plus prosaïque, embarrasse Emma.

― Euh, avant que je vous laisse pour la nuit, si vous voulez aller faire un petit tour à la salle de bain...

Il n'y a pas de criminalité à Storybrooke, madame le Maire s'en est assurée. Les deux cellules au fond du poste n'ont été conçues que pour des gardes à vue de quelques heures et ne disposent d'aucune commodité élémentaire, ni toilettes ni lavabo ni rien du tout. Ce ne sont que deux grandes cages sans la moindre intimité.

Regina sort de la cellule avec panache et passe sous le nez d'Emma, plus hautaine que jamais, pour se diriger vers les toilettes. C'est elle qui a créé tout Storybrooke, elle sait aussi bien qu'Emma comment est agencé le bureau du shérif.

Emma la suit des yeux avec une vague appréhension. Si Regina avait retrouvé sa magie, elle en aurait déjà fait usage pour s'évader, non ?

Tous les accès extérieurs sont verrouillés. Sans magie, Regina n'ira nulle part. Emma a pourtant l'impression qu'elle ferait mieux de la surveiller de près. Elle ne va tout de même pas la suivre jusqu'aux toilettes ? Horriblement gênée, elle décide que non.

PrisonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant