Humanité décadente

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Bonsoir, la deuxième partie de ce chapitre traite de maltraitance infantile et de violence conjugale ! Ce ne sont donc pas des sujets faits pour tout le monde...Pour ceux qui oseront tout de même lire, ce chapitre suite le thème : Les éraflures ! C'est parti, bonne lecture !

Le jeune homme continua de lire dans le froid de la matinée. Mais le vent mordant qui s'acharnait à s'abattre sur sa face ne le dérangeait nullement. Il entendit sa famille se réveiller peu à peu, mais cela ne le fit pas bouger pour autant. Même lorsque deux paires d'yeux si familières se posèrent sur sa personne avec inquiétude, il n'esquissa aucun mouvement, estimant que leurs émois enfantins n'étaient nullement de son ressort. Il continua de jouer la statue de glace jusqu'à ce que son ventre grogna si fort qu'il n'arrivait pas à se concentrer. Après avoir mangé un rapide petit-déjeuner, il repartit dans sa chambre où personne ne vint le déranger. Vers le début de l'après-midi, il était toujours confortablement installé à lire quand sa mère pénétra dans son antre et elle lui parla d'une voix douce comme pour jauger de son humeur :

« Dimitri ?

— Quoi ? demanda-t-il de son sempiternel ton froid et désabusé.

— Nous allons emmener tes frères au parc et j'aurais besoin que tu ailles faire une course à la banque pour moi s'il te plait.

— Qu'est-ce que je dois faire  ?

— Il faudrait que tu ailles à la banque s'il te plait. On a reçu de l'argent de la part de ton oncle Boris, pour un service qu'on lui avait rendu. Mais ton père n'est toujours pas parti l'encaisser et comme tu es là...

— C'est bon, j'irais. Autre chose ? demanda-t-il avec froideur.

— Non, la banque ferme à dix-huit heures et je t'ai aussi laissé de l'argent au cas où tu voudrais manger en ville.

— Merci.

— Bon...à ce soir.

— À ce soir. ».

Elle sortit de sa chambre, la mine sombre tandis que sa progéniture demeurait insensible à la situation. Il retourna à son hobby dès qu'elle ferma la porte de sa chambre. Bien qu'elle n'en montrât rien, elle se rongeait les sangs vu qu'elle ne lui avait pas vraiment parlé depuis la veille. Elle se demandait s'il pensait vraiment ce qu'il avait dit la veille. C'était la première fois qu'elle assistait à tant de rancœur de la part de son fils et elle ignorait qu'il n'avait pas dit la moitié de toute la ferveur qu'il ressentait. Elle soupira en se disant qu'il avait hérité de la force de caractère des deux côtés de la famille et cela le rendait presque incapable à canaliser. Il était le seul à être aussi froid, hargneux et impérieux depuis son plus jeune âge. Ses autres enfants avaient toujours été doux, altruistes et généreux bien qu'ils avaient d'autres défauts qui les faisaient ressembler un tant soit peu à leur aîné. Dimitri avait toujours été le seul qu'elle n'avait jamais réussi à cerner et elle ne craignait que les années eussent creusé un fossé entre eux qui l'empêcherait de l'appréhender un jour.

Cela ne perturbait nullement l'activité du concerné qui resta dans sa chambre encore une heure. Quand il fut quatorze heures, il garda son jogging ainsi que son tee-shirt auquel il rajouta une polaire noire. Il descendit, armé de son téléphone, de ses écouteurs ainsi que de son porte-monnaie. Il prit l'argent qui trônait sur le buffet de la salle à manger avant d'enfiler ses chaussures et son manteau et de partir pour le centre-ville. Il s'arrêta dans un fast-food du coin où il dégusta une pita. Puis, il se rendit à la banque comme sa mère le lui avait demandé.

Pour lui, cela serait rapide, il n'avait qu'à entrer dans le bâtiment, donner le chèque et en ressortir. Il ne comptait pas s'y éterniser. Néanmoins, sur le trajet qui le menait à son ultime destination de la journée, il sentit un étrange pressentiment l'envahir. Il chassa instantanément ce frisson qui lui parcourait l'échine, persuadé que ce n'étaient que des futilités et que cela ne pouvait être guère réel. Son imagination lui jouait encore des tours. Arrivé devant cette façade administrative, il leva la tête vers le logo de Saint-Pétersbourg Finance, il soupira comme pour balayer ses derniers doutes avant de pénétrer le seuil de l'établissement bancaire.

Hiver de débaucheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant