1.Recadrage gratuit

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_Chapitre 1:
Recadrage gratuit_

_ Une tasse bien remplie pour moi avec des petits gâteaux, comme d'habitude...

Kaïra s'activa. Elle extirpa un paquet de biscuits du frigo. Son père adorait prendre son café accompagné d'un petit truc à grignoter. Un jour, il prenait un toast, à d'autre des mashemalow... Aujourd'hui, il optait pour des sablés à l'amande. Elle tendit le léger petit-déjeuner à son paternel. Sa mère, de meilleure disposition ce matin que son mari, choisit de prendre son liquide noire sans aucune autre substance que ce fut. Pas même du sucre... Elle se servit après en observant ses parents. Elle eût droit à la scène routinière qui l'amusait tant : son père, sans aviser la scrupule, trempa directement ses biscuits dans sa boisson tandis que sa mère, répugnée par cette manie accusait une grimace de consternation.

_ Voyons Rodlows! s'écria Audrey en voyant son mari échapper des miettes de biscuit mouillées vers le plan de travail.

_ Quoi? Mais enfin laisse moi vivre Audrey!

_ Je conçois bien n'être pas à ma place, mais la décence exigerait que vous alliez apaiser vous tensions sexuelles ailleurs. intervint Kaïra pince-sans-rire.

Rodlows lâcha un petit rire cristallin tandis que son épouse s'ingénuait à se donner la mort avec une gorgée de café. Kaïra reçut une tape réprobatrice sur la nuque par les soins de sa mère. Son père abandonna sa tasse pour la détailler d'un regard scrutateur. Il semblait vouloir lire en elle. Kaïra baissa les yeux. Elle connaissait le pourquoi de ces observations. Après une durée indéchiffrable pour la jeune femme, les yeux de son paternel se détachèrent enfin de sa peau afin de se visser sur un autre sujet.

Audrey tapotait vigoureusement l'écran de son portable. Ses mèches brunes barraient son front plat mais la vision de ses traits n'en était pas rendue moins attrayante. Sur son visage allongé, les deux personnes à ses côtés pouvaient deviner sans se tromper les deux prunelles ambres, les joues rondes, les yeux rieurs ou les sourires chaleureux de ses lèvres rosées et pulpeuses.
Son visage était encré en eux, elle représentait leur monde. Pour Kaïra c'était une mère sans égale, une amie, une confidente, pour Rodlows, une conjointe hors paire, sa force et son oreiller de tendresse. Elle était une femme remarquable, introvertie certe mais mémorablement indispensable pour tout ce petit monde fragile qui l'entourait: sa famille.

Qu'il était beau d'incarner le support des autres sans en avoir conscience!

Audrey releva soudain la tête en étouffant un juron. Elle s'extirpa de sa chaise puis tira sur sa jupe.

_ Je dois m'en aller, j'ai une urgence.

Habitués à la voir partir moins tôt pour son travail, Kaïra et Rodlows plissèrent les paupières d'inquiétudes.

_ Quelques choses de grave? demanda son époux sur un ton dont la pointe de peur mordait.

_ Non, juste un imbécile qui me sert de client qui a essayé de se faire justice par lui-même en pénétrant par infraction chez notre adverse. Je dois me dépêcher de le sortir de là avant que cela ne se retourne contre ma défense.

Rodlows se détendit à ses mots. Il se leva et déposa un smack sur le front de sa femme qui rougit furieusement. Kaïra détourna les yeux, leur laissant de l'intimité malgré qu'elle savait parfaitement que sa mère ne permettrait pas l'approfondissement du baiser.

Si elle et son père étaient des gens vifs et hétéroclites, Audrey, elle, était une satanée timide.
À son stade, il était évident qu'il n'y avait pas qu'un balais encastré entre ses fesses. La tour de Londres devait y être aussi avec toutes ses jumelles à travers le monde. Toutefois, ce détail ne revêtait que mieux l'aura qu'elle réverbérait au sein de cette petite famille de dégentés. Un peu comme du diamant incrusté sur une fourrure de laine ou une goutte de caramel fondu sur une pomme... Bon d'accord, j'arrête de vous décrire mes fantasmes!

_ Tu vas être en retard si tu ne te déplaces pas dans exactement dix minutes. avertit Audrey en montrant le cadran de sa montre à son conjoint.

_ Oui, maman. plaisanta ce dernier en ressaisissant son café. Il le recracha dans l'évier le plus proche aussitôt car la boisson avait refroidi.

La sus-surnommée lui accorda une mimique sadique puis elle effleura l'épaule de sa fille, lui annonçant par ce geste un au-revoir stricte.

_ Bonne journée chérie! tenta de s'écrier Rodlows avec la bouche pleine alors que la silhouette d'Audrey disparaissait déjà vers l'entrée.

Sans plus tarder, un moteur entama son vrombissement puis la demeure replongea de nouveau au creux du silence qui l'avait environné depuis le frais petit matin.

Rodlows se pencha par dessus l'évier une seconde fois. Il se rinça la bouche puis revint se mettre face à sa fille.

Kaïra assistait à ce train-train chaque matin qu'il soit donné au soleil d'éclairer la planète. Sa vie était vide, désuète. Regarder ses deux parents qui avaient réussi ne l'aidait pas. Ils avaient chacun grimpé les échelles de la société, s'étaient encrés et fait reconnaitre comme étant des spécialistes de leur domaine. Son père dirigeait toute une chaine de télé et sa mère était une avocate renommée. Comparé à un si beau florès, les petits boulots qu'elle avait remplis jusqu'à présent étaient insignifiant. Elle se sentait insignifiante. Alors chaque jour, elle se confortait un peu plus dans sa thèse d'être la brebis noire du groupe*.

_ Tu vas t'occuper comment aujourd'hui?

Son père la tira de ses pensées. Elle lui répondit qu'elle trouverait et qu'il n'avait pas à s'en faire.

Rodlows comprenait sa fille. Le désespoir et l'abandon auquel elle cédait progressivement se marquait sur ses traits. Ce n'était pas chose facile que de trouver sa voie. Lui aussi avait beaucoup tergiversé avant de se tourner vers l'univers de la télé. Il était le seul qui s'obstinait à en parler avec elle. Sa femme disait qu'il fallait lui laisser du temps, qu'elle se reprendrait finalement l'heure venue. Lui, il persévérait ardemment. Il n'aimait pas cette expression résignée sur le visage de son unique enfant.

_ D'accord, acquiessa-t-il malgré tout.

Il ne suffisait pas d'aborder le sujet mais encore de l'explorer, Kaïra n'avait pas l'air d'être disposée à atteindre un stade exhaustif des conversation sur sa situation et Rodlows patientait...

Elle lui adressa un sourire soulagé.

_ Maman a spécifiquement dit, si je m'en souviens bien, que tu devrais te déplacer... Non?

Oh Le temps! Oh le traitre!

Les trois quart des dix minutes s'étaient écoulés à une vélocité phénoménale.

_ On se fera une soirée ciné-père-fille ce soir si tu veux. proposa Rodlows en endossant son blaser élimé de fil d'argent.

Kaïra fit un véhément non de la tête alors qu'elle mordait dans un biscuit. Elle avala sa bouchée et s'empressa de refuser l'offre.

_ Hors de question! La dernière fois, tu m'as fait passé quinze-heures à visionner "Star je ne sais plus". Je n'ai pas envie de revivre ce moment de torture.

_ Ce sont de bons films! protesta vivement Rodlows.

_ Je suis d'accord sauf que mon dos et mes fessiers en ont pris gros.

_ Et alors? Ils en valent bien la peine. contra le quinquagénaire. (Rodlows)*

_ Dépêche toi papa, tu vas être en retard à ta réunion. Il ne reste plus qu'une minnute. lui avertit-elle avec un sourire.

Cette phrase mit fin à leur débat litigieux.
Rodlows s'empara de ses clés en passant par le salon. Arrivé à la porte, il se retourna afin de souhaiter une bonne journée à sa fille restée accoudée au bar de la cuisine. Elle lui retourna son voeux sans grande joie puis se reconcentra sur son paquet de biscuit.

«Je me laisse une semaine pour te tirer de là ma fille quitte à te traîner par la peau des fesses.»

Avis?Impressions?
Love T.N

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 31, 2023 ⏰

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