Une ville au coin de l'oeil

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Au matin d'une journée embrumée, Derry pleurait la disparition de ses enfants, eux qui ont observé le mal arracher leur âme, avant de sombrer dans les ténèbres. Un lieu où Derry serait accueilli à bras ouverts.

On ne savait pas vraiment pourquoi il y avait des habitants dans cette ville. Dans l'État du Maine, personne ne voulait parler de Derry, on n'y voyait aucun intérêt, il ne s'y passait pas grand chose, à part quelques faits divers dont on parlait uniquement dans le coin du journal officiel du Maine. Comme une chose qui est toujours là auprès de vous, seulement présente au coin de l'oeil, une chose anodine de la vie qui ne mérite pas vraiment votre attention si précieuse. Il y a peut-être une fois où la ville de Derry eu un peu de notoriété. Cette fameuse période du début du mois de Juin 1958, où à cause d'un << default d'assainissement >> les rues de la ville se sont retrouvées inondées de tas de merde verdâtre, mélangé à des déchets alimentaires en décomposition. Il y a bien un endroit qui a été un peu plus touché que les autres. Au croisement de Baker Street et Montana Street, à quelques miles de Sun's Park, on y trouvait toute sorte de mélange immonde qui s'accrochaient comme un furoncle percé, aux bords des trottoirs à deux pas de chaque maison.

Oui, c'est bien ici que le petit Francis (4ans), Edward (7ans), Catherine (4ans), Patrick (6ans) et Milly (4ans), fut portés disparus il y a quelques jours de cela. Un problème d'assainissement vous dites ? Pfff... mon cul ! C'était comme ça à Derry, on ne savait pas vraiment faire de rapprochement entre chaque événement, comme si personne ne voulait savoir par quel foutu moyen, cinq gosses ont disparus du jour au lendemain, en à peine une semaine.

Je ne saurai vous dire comment on vis à Derry, si on a conscience de vivre dans un endroit qui draine tout ce qui vous rattache à un semblant d'espoir et de volonté. Peut-être est-ce la ville qui derrière cette construction humaine, cache une entité qui dépasse toute imagination de nimporte quel esprit saint. Quelque chose qui vous appelle sans cesse, sans que vous sachiez qu'il est en train de vous pourrir jusqu'à la moelle. Qui vous enlève tout ce qu'il y a de compatissant et de tolérants au fin fond de votre âme. L'indifférence la plus totale sous cette amas d'horreur pantagruélique.

Derry est là, près de vous, au coin de l'oeil, comme une tache de crasse sur le rebord de votre fenêtre. Tout cela pour vous dire que personne n'a véritablement cherché ces enfants. Lors d'une disparition, on scrute les bois, les bords de route en périphérie, les communes voisines, mais jamais à l'endroit même où toutes vos peurs les plus profondes peuvent surgir. Dans votre foyer, au cœur où tout se passe, où l'on crie, où l'on vit, sans imaginer une seule seconde que les corps de ces mômes gisent dans l'eau noire et salubre de Derry...

DerryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant