Combien de fois vais-je être accusée encore ?! Je suis maintenant devant vous et vous me voyez comme moi je vous vois : Je suis comme un animal de zoo que l'on observe mais qui ne peut sortir de sa cage. Moi qui ai demandé de l'aide, j'ai sorti ma main de cette cage et un vide immense me répondit. Tel un coup sur ma main, ce néant renvoya ma main dans ma prison de souffrance où j'attendis nombre d'année. Après avoir réussi à sortir de ma prison de misère, je me rends compte que je suis encore une fois enfermée ! J'ai agi ! Et pour avoir agi, je me retrouve devant vous ! Je vous regarde et devant vos regards étrangement familiers, je me sens perdue et isolée. Mon corps est toujours endolori par la douleur... Vous ne savez pas ce que j'ai pu vivre ! Je suis accusée à tort et je compte bien le prouvée ! Vous ne savez pas ce qui s'est passé, alors je vais vous le raconter.
Voilà bien longtemps que je subissais en silence. Mariée à un homme qui semblait charmant mais qui était au final trompeur et violent ! Trois années se sont écoulées où je n'étais devenu qu'une simple cible... une victime qui devait subir en silence pendant que son homme se défoulait. Suite à cette situation, j'ai demandé assistance et les réponses qui me sont venu n'étaient autres qu'un lourd silence ! J'ai perdu mon travail car j'avais de plus en plus de mal à sortir de chez moi, je ne voyais plus mes amies car il m'en empêchait et chaque jour... chaque nuit aussi ! Il se défoulait sur sa proie ! Je n'avais plus d'identité propre à moi-même !
Jusqu'à ce soir où j'ai agi et qui me conduitici devant vous ! Ce soir-là, je me trouvais assise dans la cuisine enface d'un miroir avec le reflet d'une armoire dans mon dos, et le premier couparriva comme à son habitude sans prévenir. Ce coup me fit tombée au sol, ce solsur lequel je m'étais retrouvée tant de fois. Pourquoi ce coup ? Me direz-vous ;ma réponse sera tout aussi simple que votre question, tout simplement carj'existais ! Les coups s'ensuivirent durant un moment qui me sembla uneéternité, seules mes pensées me tenaient compagnie. Vous voulez savoir ce quemes pensées disaient ? Elles me murmuraient en boucle que cette fois, ceserait fini une fois pour toutes, que le prochain coup m'enverra dans un rêvequi ne se terminerait jamais. De simples pensées qui pourtant me paraissaientsi douces... Un coup plus violent me tira de ma rêverie et la douleur revintdans tout mon corps comme un vent glacial transperçant la peau de part en part.Et cela continua encore un certain temps ! Il s'arrêta et se leva puismarcha. Durant cet instant mon regard encore flou et injecté de sang sedéplaçait sans réel but. Dans un rapide reflet du miroir, je vis son regard... ouplutôt son absence d'humanité dans celui-ci ! L'homme que je mentionnen'avait plus rien d'humain depuis longtemps ! Il était un simpleanimal ! Lorsque sa silhouette sortie du miroir, je vis l'armoire et monregard resta dessus. Qui y avait-il dans cette armoire pour qu'inconsciemmentmon regard reste dessus ? Ce sont mes pensées qui me donnèrent la réponseet je vais vous la donner à vous aussi. Dans cette simple armoire se trouvaitle fusil de chasse de mon grand-père ! Il me l'avait offert pour monmariage en disant que sa faisait une bonne décoration d'intérieur... Mais que çapouvait aussi aider à se défendre en cas de nécessité. Vous connaissez sûrementla suite puisque vous-avez devant vous mon dossier, mais je n'ai pas terminée.Je l'entendais marcher dans l'autre pièce, il cherchait une nouvelle proie surlaquelle se défouler, « mais je ne le laisserai pas faire » mesuis-je dis. Je me redressai vers l'armoire et fit en sorte que ma respirationsoit la plus faible possible, pour ne pas l'attirer. Je me déplaçai versl'armoire à une lenteur dû à la douleur qui se trouvait dans mes membres et quià chaque mouvement, manquait de me faire hurler ! J'arrivai enfin auniveau de l'armoire et comme une enfant qui marche pour la première fois, je mesuis levée difficilement et tenais debout en m'appuyant au mur. J'ouvris entirant la poignée de l'armoire qui n'avait pas été ouverte depuis un longmoment, et comme vous vous en doutez celle-ci avec les battants de la porte, semit à grincer ! Ma main tremblait de douleur et de peur en effleurant le fusil. Quand j'entendis ses pas lourds entrer dans la pièce, ma main serra l'arme et je me suis tournée vers lui, le fusil en main, toujours tremblante. Mes yeux ne me renvoyaient qu'une image floue et tacheté de sang, la distance qui me séparait de lui n'était pas très visible mais je le jugeais à sept mètres de moi. Je tenais difficilement debout et je voyais mal, mais je fis en sorte de ne pas le quitter du regard et surtout de ne pas le baisser face à lui. Je vais vous donner un conseil : quand vous vous retrouvez face à une bête vous ne devez jamais le perdre de vue ni baisser le regard car sinon elle le prendra comme un signe de faiblesse et se mettra à vous attaquer ! Il avança de deux mètres mais s'arrêta net quand j'eus levé le fusil, au travers de ma vision floutée je voyais qu'il me regardait comme si je n'étais qu'une simple enfant effrayée par quelque chose contre laquelle elle ne peut rien faire, comme une enfant effrayée par l'orage et qui par ce bruit se cache sous sa couverture. J'étais donc la petite fille et lui était l'orage. Comme s'il avait pris conscience de la comparaison, il se mit à fredonner ! Il fredonnait sans s'arrêter et souriant en avançant d'un nouveau mètre vers moi. Quatre mètres le séparaient désormais de moi et cette distance diminuait chaque seconde de plus en plus. Le fusil toujours brandi vers lui, ma main enleva la sécurité de l'arme avec un cliquetis audible qui me sembla se répéter dans ma tête. Ma vue toujours parsemée de sang me laissait voir à travers d'un brouillard, un sentiment de crainte chez mon interlocuteur mais son regard se reforma en celui d'une bête : En effet j'avais baissé les yeux rien qu'une seconde tellement j'étais surprise par son regard. L'espace qui nous séparait disparut en un instant et il se retrouva contre moi, et tirait l'arme de mes mains mais je ne lâchais pas ! Il donnait des coups et des injures comme à son habitude et continuait de me bloquer contre l'armoire. Ma vision avait beau être floue et brouillé, mais à cette distance impossible de ne pas voir son regard vide de toute humanité ! Je m'époumonais et me débâtais jusqu'au moment où la petite fille apeurée utilisa le bruit du tonnerre contre l'orage, le ciel couvert de ces nuages sombres laissa passer un rayon de soleil sur la petite fille, ce rayon étais chaud et coulait sur sa peau... Un bruit lourd me sortit de cette comparaison et le rayon de soleil qui coulait sur mon corps s'avérait du sang, le bruit du tonnerre contre l'orage était le fusil et le bruit lourd était celui du corps de mon agresseur qui était tombé au sol. Je regardai son visage puis croisai son regard qui était comme toujours aussi vide et dans un bruit de respiration coupé par le sang qui envahissait ses poumons, il mourait. Je sortis de ma cage et libérée, marchai quelque temps avant que la police ne m'interpelle puis m'arrête avant de me mener ici après trois jours d'enquête.
Ainsi, pour avoir agi en faveur de ma vie, je suis accusée ? Je vois vos regards avec une vue qui m'est maintenant claire : votre regard n'est pas vide ni animal... Il est humain et c'est de ça que j'ai besoin pour conclure ma souffrance perpétuelle de me remettre en question. Si je ne me suis pas éteinte sur le sol comme d'autre avant moi ! C'est pour non pas servir d'exemple car mon geste est criminel mais pour que cette situation n'arrive plus, peu importe la personne ! J'ai énormément souffert, sous les coups et injures de l'homme qui me tenait captive dans ma prison. La légitime défense est une exception juridique, elle interrompt l'action au Pénal contre un prévenu qui aura fait cesser une agression contre lui-même ou autrui par des moyens en d'autres cas interdits. Par cette définition de la légitime défense, je fais appel à votre bon sens : oui, je me suis défendue avec un moyen illégal mais ma vie était en danger et ce moyen interdit était la seul option que j'avais !
Je vous demande à vous, après tout ce que j'ai vécu et enduré de mettre un terme à cette souffrance et de me laisser pleinement sortir de ma cage. Un grand nombre de personnes sont dans mon cas mais se trouvent emmurées dans le silence, ces personnes se demandent chaque jour si ce sera le dernier et se demandent également pourquoi leur existence sont remises en causes par des coups et pourquoi elles ont mérité ça. Mettez-vous dans la peau de l'une de ces personnes et statuez ensuite sur mon cas.
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Légitime défense
Short StoryEst-ce que je possède réellement le droit de vivre ? C'est cette question qui tourmente notre accusée dans cette nouvelle. La violence est parfois une solution qu'on juge inadéquate dans la situation... mais pour elle c'était la seule solution.