Little Red Riding Hood

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Salut. Moi, c'est Jack. Je vais vous raconter la véritable histoire du Petit Chaperon Rouge.

Il était une fois, une jeune fille appelée Elyza. Elle portait tout le temps son chaperon rouge qu'elle avait depuis qu'elle était petite. Un jour, elle porta un panier de nourriture à sa grand-mère. Mais, pour ça, elle devait traverser la forêt. Jusque là, tout est normal. Sauf que ce n'est pas une petite fille qui traverse la forêt, comme dans le compte original, mais une jeune femme de 17 ans. Étant son petit-ami, je propose de l'accompagner, mais elle refuse catégoriquement. Quant elle revint enfin, son rouge-à-lèvre avait légèrement bavé sur le côté, et elle était découverte au niveau de la poitrine, ce qui n'était pas le cas avant. Que s'était-il passé dans la forêt ? Je voulais en savoir plus, mais Elyza ne voulait rien me dire. Ensuite, sa grand-mère mourut. Evidemment, elle alla à l'enterrement, qui avait lieu dans le village, quelques jours après le tragique accident. Sauf qu'elle retournait régulièrement dans la forêt, durant les six mois suivants, sans aucune raison. Une fois, je l'aperçut depuis ma fenêtre. Elle retournait encore dans la forêt. Et elle y retourna de nuit, sur la pointe des pieds. Je décidais de la suivre discrètement, pour savoir ce qu'elle avait à cacher. Je marchais silencieusement à travers les arbres, l'étoffe rouge me guidant à travers la forêt. Elyza était arrivée à l'orée d'une petite clairière. Je la contournais pour pouvoir voir sans être vu. Je trouva une cachette derrière un buisson garni de baies fruitées. Là, le loup apparut, et se transforma en jeune homme, beau, fort, grand, la peau blanche, ses cheveux noirs et longs en bataille, à peu près le même âge qu'Elyza. Ses yeux bleus comme le ciel fixaient les yeux verts émeraude de la jeune femme. Comme vêtement, il ne portait rien. C'est logique en un sens, pourquoi un loup porterait des habits. Puis ils s'embrassèrent. Un long baisé passionné. Le Grand Méchant Loup en profita pour prendre doucement le panier qui se trouvait dans les mains de la jeune femme. Ensuite, le jeune homme se pencha pour chuchoter quelque chose à Elyza, puis il se retransformait en loup pour s'enfuire dans la forêt, le panier dans la gueule. Au bout de quelques minutes, le loup revint redonner le panier à Elyza, et il en profitait pour se frotter à elle. Elyza le caressait doucement, puis elle se leva et parti. Le loup se tourna dans ma direction, et commença à grogner. Je pris peur et m'enfuis. Le loup ne me suivait pas.

Le lendemain, Elyza est de nouveau retournée dans la forêt. Je l'ai de nouveau suivie. Elle avait, comme toujours, son panier à la main. Quant elle arriva dans la clairière, elle enlaça le loup sous sa forme humaine, comme la dernière fois. Pour une fois, il portait des vêtements. Il portait un haut épais en laine, et un bas en tissu noir, ainsi que des bottes hautes en cuir noir, et une veste, en cuir noir elle aussi. Cette fois, je perçu leur échange.
-C'était le dernier ? dit le loup.
-Non, il m'en reste encore un, et on pourra partir.
-Demain ? demanda le loup.
-Oui, demain.
-C'est génial, j'ai trop hâte !
-Moi aussi, mon amour.

Et il la prit dans ses bras, la faisant doucement tourner au dessus du sol, tel une toupie. Là, il l'embrassa amoureusement, et je compris qu'Elyza l'aimait, bien plus qu'elle ne m'avais jamais aimé. Je réalisa alors qu'Elyza, ma petite amie, aimait le Grand Méchant Loup. D'ailleurs, ce dernier s'écartait doucement d'Elyza pour retourner dans un épais buisson, et en sortir une grosse moto. Une moto de biker, noire avec juste quelques tâches rouges, censées imiter des traces de sang, un peu dans le style des Harley-Davidson. Il enfourcha sa moto, et Elyza vint le serrer dans ses bras une dernière fois. Le loup en profita pour lui chuchoter quelque chose à l'oreille, mais je ne put distinguer leurs paroles. Je me roula en boule pour pleurer toutes les larmes de mon corps. Le soir tombait, et je finis peu à peu par m'assoupir.

Je suis réveillé par le bruit d'une branche qui se casse. Elyza arrivait avec son dernier panier de vêtements. Comme le loup n'était pas encore arrivé, je décida de régler mes comptes avec elle. Je suis donc sorti de ma cachette. Elle se retourna, un sourire collé au visage, mais son sourire disparut bien vite quant elle me reconnut.
-Bah, il est pas là, ton amoureux ? Il ne sait pas qu'il y a un Grand Méchant Loup dans la forêt ? Tu pourrais te faire dévorer si le loup te voit, seule, sans défense, et vulnérable.
-En quoi ça te concerne, Jack ?!
-Je suis ton petit-ami !
-Pardon ?! Je ne suis JAMAIS sorti avec toi, Jack.
-Et ce qui s'est passé il y a 3 mois alors ?!
-Mais il ne s'est rien passé il y a trois mois ! Tu te fais des films, faut te faire interner, Jack. Tu prends tes rêves pour la réalité.

Elyza commençait à perdre patience. Mais Jack n'en avait pas fini avec elle. Pour lui, ça fait plusieurs mois qu'ils sortent ensemble. Mais pour Elyza, Jack est le gamin un peu dérangé, mais pas méchant, du village. Sauf que, cette fois, le gamin a franchi une limite.
-Tu mens vraiment très mal, Elyza. Tu sais qu'on sort ensemble depuis trois mois, et tu vas flirter avec le Grand Méchant Loup.
-NOUS NE SOMMES JAMAIS SORTI ENSEMBLE, ET CROIS MOI, CA N'ARRIVERA JAMAIS !!! Et il s'appelle William, ce n'est pas un loup, c'est un métamorphe.
-Ca fait combien de temps, entre vous deux ?
-Ca fait combien de temps que tu m'espionnes ?
-Comment ça ?
-Tu crois vraiment que je ne t'avais pas remarqué, quand tu me suivais dans la forêt ? Enfin, c'est un peu un mal pour un bien. Maintenant que tu es ici, tu vas pouvoir avouer ton crime.
-Quel crime ?
-Sérieusement, Jack ? Creuse-toi un peu la tête, dit Elyza, un sourire glauque sur le visage.
-...
-Il y a sept mois, quand tu as vu un jeune loup traîner un petit garçon blessé dans la forêt. Si tu avais réfléchis, tu aurais su que le loup avait sauvé l'enfant d'un piège à ours posé quelques mètres plus loin. L'enfant avait marché dessus, sa jambe a été broyée. Le loup a entendu ses cris, et il est venu lui porter secours. Sans même essayer de comprendre, tu a abattu le loup pour ramener l'enfant au village, en laissant le corps du jeune loup pourrir, à la vue de tous les charognards. Le loup était Billy, le jeune frère de Will. Maintenant, il va abréger ta vie comme tu as abrégé celle de Billy !

Et le Grand Méchant Loup sauta hors de sa cachette pour bondir sur mon torse. Je me retrouva couché sur le dos, la gueule du loup à seulement quelques centimètres de mon visage. A ce moment là, je regrettais d'avoir tué l'autre loup. Car son grand frère (s'ils avaient bien un lien de parenté) allait m'achever. Je sentais son haleine, étonnement fraîche pour un animal. Je voyais une lueur meurtrière dans son regard. Je l'entendais grogner comme le tonnerre gronde de rage les soirs d'orage. Je sentais son odeur de sapin, avec une pointe de son odeur de chien sauvage. Sa bave coulait de ses babines retroussées sur ses longs crocs tranchants pour venir dégouliner sur mon visage. J'eus la maladresse de détourner mon visage, exposant mon cou fragile aux crocs de cette immonde bête. Le loup se tut, puis s'écarta doucement de moi, toujours sur le qui-vive. J'en profita pour me relever, et le regarder. Ses yeux bleus me fixaient, comme pour me dire "cours, vite ! Profite de cet instant de faiblesse pour t'enfuire." Elyza ne comprenais pas. Elle regardait le loup pour essayer de comprendre pourquoi il m'avait épargné, mais le loup me fixait toujours. Puis Elyza compris. Un large sourire vint éclairer son visage. Elle me dit alors de courir. Je ne me fit pas prier. Je courut dans la forêt comme un dératé, sans faire attention à la direction que je prenais, ou aux branches d'arbre qui me griffaient le visage. Quand j'estimais être assez loin du loup et du Chaperon Rouge, je ralentis un peu pour reprendre mon souffle. Là, je vis une paire d'yeux qui me fixait dans les buissons. Je compris alors que si le loup m'avait laissé partir, c'était pour faire une partie de chasse, et j'étais la proie. Silencieux, le loup me sauta dessus pour me mordre d'un coup sec à la nuque. Je sentais le sang mélangé à sa bave s'écouler de mon cou. L'animal se releva, me jeta un dernier regard noir, tandis que je me vidais de mon sang, puis il reparti vers la clairière, et vers Elyza. Alors, ça allait se finir comme ça ? Elyza et moi ? Notre histoire d'amour ? Ma vie ? Etait-ce réel, au moins ? Je continuais de me vider de mon sang tout en me vidant la tête. Tous ces souvenirs se seront bientôt envolé. Tout ce qui reste de "notre" histoire d'amour. Putain, je me dégoûte moi-même. Pourquoi j'utilise encore le mot "notre" ? Elle ne m'a jamais aimé. Elle jouait la comédie depuis tout ce temps. Au fond de moi, je savais qu'elle finirait par me quitter. Je ne voulais juste pas l'admettre. Quand je pense que j'aurai donné ma vie pour elle, elle ne m'a même pas accordé un regard quand son "petit-copain" a failli m'ouvrir la gorge. Tandis que je perdais mon dernier litre de sang, mes dernières pensées furent la trahison de la personne que j'aimais de tout mon coeur. Je croyais la connaître, mais je ne savais rien de son véritable visage...

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