Steeven jouait déjà depuis plusieurs heures à son jeu favoris : Five Nights At Freddy 4. Malgré le volume à fond dans son casque, il sursauta quand l'orage gronda dehors. Il avait passé le plus dur. Il ne lui restait qu'une seule nuit à faire pour finir le niveau quand l'écran devint noir. Surpris, il recula vivement. Puis il explosa de rage :
-Mamaaaaaaaan !! Y a plus de courant !!Aucune réponse. Il descendit les escaliers 4 à 4 et arriva dans le salon, plongé dans l'obscurité. Il sorti son téléphone de sa poche et alluma la fonction "lampe-torche" pour voir un peu où il allait. Il traversa le salon vide de toute activité humaine pour rejoindre la cuisine et, comme à chaque fois, il se prit le petit orteil dans le chambranle. Malgré la douleur, il continua à avancer. La radio de son beau-père était posée sur le bar, allumée. Étrange, son beau-père ne laisse jamais rien allumer, par soucis d'économie, ou de radinerie selon Steeven. Comme le salon, la cuisine était vide. La radio n'émettait aucun son, à part ce grésillement continu insupportable, très semblable à la pluie qui tambourinait sur les toits. Steeven s'approcha du bar et son regard fut attiré par un mince rayon de lumière qui passait sous une porte. Le jeune homme de 19 ans hésita un instant à s'approcher, il était sur le qui-vive après les 5h d'affilées de FNAF. Prenant son courage à deux mains, il s'avança vers la porte. Mais quand sa main toucha la poignée, son courage s'évanouit d'un coup. Rassemblant ses derniers morceaux de volonté, il actionna la poignée. La porte s'ouvrit dans un horrible grincement... qui s'entendit dans la radio ! La porte donnait sur un escalier en béton qui descendait à la cave. Steeven descendit prudemment, il était effrayé. Il remarqua alors un minuscule micro, coincé entre le point de pivot de la porte et le sol. Plus il descendait les marches, plus il comprenait pourquoi il avait entendu ce grésillement tout à l'heure. C'était le bruit d'un moteur qui tourne à vide. Steeven était mort de peur, mais il continuait malgré tout. Sans doute par curiosité, ou pour savoir pourquoi la cave est la seule pièce de la maison à encore avoir de l'électricité. Quant il arriva devant la porte qui séparait
la cave de l'escalier, il hésita encore. Il colla son oreille contre la porte, pour se décider à entrer ou à fuire, la queue entre les jambes, et le seul bruit qu'il arriva à distinguer était celui du moteur, toujours allumé. Steeven imagina que son beau-père avait démarré la voiture, car il s'apprêtait à aller faire une course ou deux. Les murs étant fins et mal isolés, les bruits passaient bien. Pour confirmer sa théorie, le jeune homme regarda par la serrure. Juste du noir. Décevant. Mais il y avait une faille en bas de la porte. Il vit la tronçonneuse au sol, allumée. C'était donc ça le bruit de moteur. Les jambes de son beau-père arpentait la cave en silence, et quelque chose de noir bougeait tout à droite, mais le voyeur ne pouvait pas distinguer la nature de la chose. Steeven se redressa et actionna la poignée, puis ouvrit la porte en grand. Son beau-père se tourna vers lui, surpris. Sa mère releva la tête, le regard suppliant. Son maquillage avait coulé sur ses joues, semblables au visage des ramoneurs noir de suie et de cendres après leurs besognes. Sa jupe crayon était déchirée sur les côtés. Elle était assise sur une chaise de jardin en métal, avachie sur le dossier et sur l'accoudoir droit. Sa jambe droite était attachée au pied arrière droit de la chaise, son autre jambe au pied avant gauche. Un liquide blanchâtre s'écoulait d'entre ses cuisses et Steeven comprit que sa mère avait été violée. Elle tenta de parler, mais n'émit que des sons rauques. Steeven ne l'avait pas remarqué parce qu'il se mélangeait au maquillage noir coulant, mais du sang coulait de la bouche de sa mère. C'était pour l'empêcher de parler ou de hurler que son mari lui avait coupé la langue. Steeven s'approcha de sa mère et lui donna un baiser sur la joue pour la rassurer. Un peu de sang encore frais vint se déposer sur les lèvres du jeune homme. Tiens, ça avait bon goût. Il pensait que ça serait plus horrible que ça, mais non. Cette petite pointe de sucre lui donnait envie d'en boire. Il en voulait encore, beaucoup plus. Ca tombe bien, son beau-père, qui avait observé toute la scène sans oser réagir, s'approcha aussi vite qu'il le put, avec ses 48 pizzas mangées sur le canapé et 72 bières qu'il avait dans le bide. Steeven se précipita sur la tronçonneuse, qui tournait encore, et la brandit devant son beau-père. Ce dernier recula vivement, voyant le danger que représentait le jeune homme. Mais au lieu de menacer le gros porc, il se tourna vers sa mère désespérée.
-Tu croyais vraiment que j'allais te sauver ? Réfléchis un peu, maman. Qu'est ce que tu as fait pour moi depuis que tu as épousé ce connard ? Attends que je réfléchisse un peu... RIEN ! Tu n'as rien fait pour moi. Qu'est ce que j'ai eu pour Noël durant toutes ces années ? Des cartes de voeux ! Et toujours les mêmes ! Et pour tous mes anniversaires ? Que dalle ! Pas même un gâteau. Est ce que tu te souviens au moins de la date ? Montre moi avec tes doigts. Toi, vas voir, dit Steeven à son beau-père, qui avait regardé la scène en se chiant dessus face à ce monstre.
-7.
-Et ?
-25.
-Le 25 août ? Tu penses vraiment que je suis né le 25 août ?! Je suis né en octobre ! Le 13 octobre !!! Tu pourrais t'en souvenir quand même, je suis ton seul enfant !!!Il s'approcha de sa mère, la tronçonneuse toujours en mains. D'un seul coup, il décapita sa mère. Ensuite, il se tourna vers son beau-père, qui souriait, par nervosité. Son sourire s'effaça vite quand son beau-fils s'avança vers lui comme le jeune homme l'avait fait pour sa mère, récemment décédée. Le beau- père de Steeven recula petit-à-petit, jusqu'à se retrouver dos au mur. La seule issue était derrière le jeune homme, l'armoire à glace armée d'une tronçonneuse qui lui barrait le terrain. Il allait mourir là, dans quelques minutes. Steeven leva la tronçonneuse au dessus de sa tête et l'abattit sur celle du gros porc qui couinait à ses pieds, suppliant. Un morceau de crâne vola dans un coin, avec le bout de cerveau qui l'accompagnait. Steeven trempa ses doigts dans le sang encore frais de son beau-père et les porta à ses lèvres. C'était tellement bon ! Il en voulait encore ! Il se pencha pour boire le plus de sang qu'il put. Une fois sa soif étanchée, il réalisa qu'il avait deux cadavres sur les bras. Comment faire pour les cacher ? Ah, il avait trouvé ! Le jeune homme alla chercher un bidon d'essence pour la tondeuse. Il déversa le contenu sur les deux corps, puis il monta dans sa chambre pour prendre quelques affaires. Quant il ouvra la porte, il vit que son écran s'était rallumé. Le jeu FNAF tournait encore. Steeven explosa son écran d'un coup de poing. Ça ne l'excitait plus, les poupées vivantes qui vous courent après pour vous faire peur. Pas après ce qu'il avait vu. Il fallait qu'il parte au plus vite. Le jeune homme fouilla un peu dans son placard et trouva un sac suffisamment grand. Il prit quelques vêtements, un briquet, une lampe-torche plus puissante que celle sur son téléphone, un peu de nourriture, toutes ses économies, et il descendit prendre l'argent de ses parents, ainsi que leur carte bancaire. Il descendit aussi au garage pour prendre la hache de son père, seul souvenir qu'il avait de lui. Il retourna dans la cave pour enflammer les cadavres, et s'enfuit en courant avant de devenir prisonnier des flammes. Il eut l'idée de prendre aussi le 4x4 de son beau-père, que ce dernier avait acheté au Noël dernier, lors d'un salon de l'automobile. C'était le dernier modèle, le plus cher. Steeven roula loin de la maison, qui se faisait dévorer par l'incendie. Il roula toute la nuit, vers le Nord. Il prenait les gens en stop pour les emmener en forêt, et assouvir sa soif de sang.
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Recueil de nouvelles
Short StoryVoici quelques nouvelles, dont je suis l'auteur. Les histoires n'ont pas de liens entre elles, elles sont indépendantes les unes des autres.