Chapitre 8

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Tout semble tourner, tel un tourbillon d'émotions en moi. Je chavire. Je flanche.

Oh oui ! Voici dans quel état vous me mettez Monsieur Applewhite, extérieurement je vous hais... Intérieurement je ne peux que vous adorez, le contraire est impossible pour moi. Inenvisageable même.

Tandis que je rebrousse chemin en direction de la sortie de cet hôpital psychiatrique, mes pensées ne cesse toujours de tourner autour de Monsieur « l'objet de mes tourments », et aussi étrange que cela puisse paraître extérieurement je déteste ce qu'il me fait ressentir, mais intérieurement j'aime ça plus que tout le reste... Car oui, en ce moment j'arrive à prendre la souffrance que je ressent comme une forme de plaisir... Est-ce inhabituelle ? Au fond je crois qu'il est plus simple de prendre ça comme une forme de plaisir plutôt que comme une forme de torture intérieur et psychologique.

Assiégée au volant de ma petite voiture je m'enfonce dans la sinistre forêt qui borde le Center Hospital, une forêt peuplée d'arbres totalement dépourvus de feuillages et habillés d'un jolie manteau blanc, les branches entièrement recroquevillés ce qui donne une ambiance des plus sinistres. Je m'empresse d'en sortir pour retrouver au plus vite le brouhaha de New York, un brouhaha qui je l'espère me fera oublier Antoine...

« West Broadway » voici ce qui est indiqué sur la petite plaquette fixé au mur de l'un des immeubles en arrivant dans ma rue, une rue que j'affectionne particulièrement. J'adore tout ici, les boutiques, les restaurants et surtout le Corner Gourmet, le restaurant où travail mon meilleur ami John... Et même les habitants sont cool ici, bien qu'avec aucuns d'entre eux je sois devenue amie, pour le peu que je les croises ils me salut d'un geste de la main, cela me suffit amplement.

En me garant en bas de mon immeuble, près du Corner Gourmet, une pensée me travers aussitôt l'esprit : ça va faire plusieurs jours que je n'ai pas eu de nouvelle de John. Celui-ci me manque, tout chez ce mec me manque, son humour, sa bonne humeur, ça franchise et par dessus tout l'attachement qu'il porte envers moi. Mais il faut également que je profite un peu de Wyatt, nous nous somme échangés quelques mots hier soir, celui-ci me demandant comment ça se passé au Center Hospital et moi si il profite bien de la belle vie tranquille, à se lever à point d'heure...

Par la suite chacun de nous à rejoint sa chambre puis aussi bien lui que moi somme tombés dans les bras de Morphée.

Au fond mon frère me manque, mais je ne préfère pas trop m'attacher à lui car je sais très bien que d'ici quelques mois il prendra son envole... Sans doute restera-t-il sur New York comme il le dit, mais il ne sera plus à l'autre bout du couloir.

Aussitôt que je pénètre dans mon hall d'immeuble je sens un long frisson me traverser le corps, je m'empresse de monter les sept étages pour rejoindre mon appartement. À l'instant où j'entre, je suis aussitôt surprise par Wyatt qui vient de me sauter au cou.

— Alors comment va ma sœur préféré ? Me dit-il d'un ton enjoué en cessant de me presser la poitrine.

— Ça pourrait être flatteur le « ma sœur préféré » mais si on tient compte que je suis ta seule sœur ça le devient tout de suite moins... Répond-je en tournant les talons pour déposer mes affaires sur l'îlot centrale de la cuisine.

— Désolé... Me répond-t-il le regard fuyant et en penchant la tête pour prendre une voix presque inaudible... Bon sinon sérieusement comment tu vas ? Ça va faire pratiquement trois jours qu'on a pas eu une vraie conversation toi et moi, alors raconte moi comment ça se passe dans ton asile pour détraqués.

Je sens bien qu'il a envie que l'on puisse prendre le temps de discuter lui et moi... Mais au fond je ne veux pas, la seule chose que je désir faire à l'heure actuelle c'est de me renfermer dans ma chambre et de prévoir la sortie et donc en même temps l'arrivé de Monsieur « l'objet de mes tourments » dans ma vie.

Tout est allé si vite que je ne parviens pas à réaliser ce qui est en train de m'arriver, je viens peut-être d'enfin trouver l'homme avec qui je souhaite avoir une aventure... Mais en suis-je vraiment capable ? Suis-je vraiment prête pour ça ? Seul le temps me le dira...

— Tout se passe bien Wyatt, il n'y a rien de plus à ajouter... Réponds-je en espérant que l'on parle d'autre chose que de mon travaille... Enfin de mes matinées en tant que bénévole.

— Donc tu veux me faire croire qu'en passant des heures entières tout les matins depuis deux semaines dans un hôpital psychiatrique, qu'il ne te soit rien arrivée ? Tout va bien, maintenant c'est la routine pour moi de voir des malades manteaux ! Rétorque-t-il en imitant ma voix avec colère.

— Ne t'énerve pas comme ça grand frère ! Mais que veux tu que je te dise... Je passe du temps avec eux... Ils me racontent leurs délires et autres vies qu'ils s'imaginent et après quoi ?! Il n'y a rien à dire Wyatt ! Donc maintenant dit moi quand est-ce que tu compte reprendre le travail ? Dis-je sans débrailler un mot.

— En fait tout ce que tu veux c'est que je me casse d'ici pour que tu puisse reprendre ta petite vie tranquille ! Sous entend-t-il avec colère et dégoût à la fois.

— Mais non ! Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dis ! C'est juste pour changer de sujet et que je ne comprends pas pourquoi on cri ?

— On cri parce que tu n'as pas voulu me parler de ton job et que tu t'es mise en colère alors que je ne sais pas pourquoi... 

Il a raison, je suis allée trop loin... Mais je ne sais pas pourquoi cette situation me fait complètement délirer.

Je t'aime Antoine Applewhite, mais mes sentiments envers toi, bien que réels et puissants, me terrorise plus que tout...

Je ne réponds plus, je dois sans doute avoir le regard vide... Wyatt a dû le remarquer puisque celui-ci me tourne les talons en me jetant un regard de dégoût, puis part ce réfugier dans sa chambre. À présent je suis seule... Je me sens seule... Plus rien existe, tout est vide, ma vie, mon âme et par dessus tout mon cœur...

Que se passe-t-il lorsque le vide s'installe dans notre vie ? Celui-ci prend place, il commence pas nous ronger de l'intérieur puis il fini par nous détruire ! Voilà ce qui nous attend... Voilà ce qui m'attend, une destruction assurée... Je rêvais de lui, mais je prends conscience que les rêves sont comme le bonheur, ils arrivent pas vagues, te submerge, mais une fois passés l'heureux sentiments s'évanouit telle une vague s'échouant sur le sable frais d'une nuit au clair de lune.

Je me retrouve seule plongée dans la clarté du salon, que vais-je faire à présent ? Sans aucun doute me réfugier dans ma chambre et penser à l'arrivée de mon cher Monsieur Applewhite : oh oui, vous qui me mettez dans un état inimaginable, vous qui bouleversée mes émotions, vous qui me torturée intérieurement sans cesse... Oh oui vous que j'aime tant ! Vous avec qui je rêve de pouvoir passer une nuit entière à savourer le sentiment intense de sentir nos corps s'entrechoquant, nos peaux collées l'une contre l'autre et cette chaleur qui ne cesse de monter... Jusqu'à pouvoir atteindre le septième ciel blottie contre votre torse et enlacée par vos bras si muscler ! Je jubile déjà rien qu'en pensant à cet avenir qui pourrait être très proche...

Tandis que je commence à ressentir d'intense palpitation dans ma poitrine, telles des centaines de petits pétards qui ne cessent d'exploser en moi, je prends le chemin de ma chambre pour m'y réfugier à mon tour.

La porte claque ! Je regarde autour de moi, cherchant désespérément un moyen de tout oublier, quelque chose dans lequel me réfugier et y rester plongée jusqu'à ce que mes yeux papillonnent tellement ils seront fatigués. Soudainement ce fut comme une révélation, du coin de l'œil j'aperçois mon journal intime posé sur ma commode, juste au dessous de mon miroir. À vrai dire je n'ai encore jamais rédigée la moindre pensée, ni couchée le moindre mot sur ce petit carnet... Bien qu'au fond de moi j'ai toujours voulu pouvoir prendre le temps, alors à présent je vais le prendre ! Je le saisi violemment de la main droite, puis je m'effondre sur le lit telle une baleine replongeant à l'eau, allongée sur le ventre, la tête surélevée par une épaisseur de trois oreillers, j'ouvre mon journal... Je prends le temps d'admirer sa couverture sur laquelle trône fièrement Big Ben, un bus londonien et en petit le drapeau du Royaume-Uni.

Des dizaines de lignes vierges s'ouvrent à moi, mais je ne mets pas très longtemps à écrire, l'inspiration vient comme si celle-ci avait été enfermer pendant des années et qu'aujourd'hui elle se libérée, telle un torrent de mots qui s'échappent de moi, me filant entre les doigts. La pointe de mon stylo danse entre les lignes et tandis que les mots deviennent des phrases, je ne semble pas pouvoir contrôler ce que j'écris.

Forbidden LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant