CHAPITRE 1

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Il est là. Je le sais. Je le sens. Le vent se lève et un frisson m'échappe. Je regarde à droite, à gauche, et bien que je ne le vois pas, je peux sentir son regard. J'ouvre la bouche mais aucun son ne sort. Je suis pétrifiée. Je me suis éloignée une seconde. Une seconde de trop pour que je puisse retrouver mon chemin. Mon coeur bat si fort dans ma poitrine que je n'entends plus que ça.  Je pose machinalement mes mains sur mon torse, comme si ça pouvait m'aider à contrôler ma respiration haletante. Bien que je ne crois pas en Dieu, je lui supplie de me venir en aide. Je me sens mal, prête à m'évanouir. Et après tout, si tout ça n'était qu'un rêve ? Je ferme les yeux et m'ordonne de me réveiller. Je me murmure à moi-même que tout ira bien, que je suis en fait en train de dormir, dans mon lit. Mais rien n'y fait, je suis toujours là, dans cette petite rue, derrière un buisson. Sans mon sac, sans mon téléphone. Juste là, seule, derrière un buisson. Les branches se trémoussent au rythme du vent et je crois presque entendre une mélodie. Je me sens ridicule avec ma robe de soirée et mes hauts talons. J'avais tellement attendue cette soirée pourtant. J'avais tout préparé : ma tenue, ma coiffure, mon maquillage, chacun de mes accessoires. Cela étant dit, j'ai passé un très bon début de soirée. Tout se déroulait comme prévu. J'avais rencontré du monde, j'avais ris. La nourriture était bonne. Je me sentais belle. Bien que quelque peu intimidé à mon arrivé, j'avais finalement rapidement trouvé mon aise.

Ma tête tourne et pendant un instant j'ai l'impression de tomber. Je fais un pas en arrière comme si quelqu'un m'avait bousculé. Je retrouve l'équilibre et me redresse. Le vent est de plus en plus fort et de plus en plus bruyant. Il me chatouille les oreilles. Ça en devient presque insupportable. Je veux juste rentrer, m'asseoir, me poser. Mes cheveux se détachent peu à peu de ma jolie queue de cheval. Ils agrippent mon visage, dirigés par le vent. Je sais qu'il est là, pas loin. Mon corps devient de plus en plus lourd. Je ne ressens plus la force nécessaire pour le porter. J'attrape le buisson avec mes mains frêles. Elles me paraissent si loin. Si détachées de mon corps. Pourtant ce sont bien mes mains. Je me mets à rire. Soudainement. N'est-ce pas ironique ? Je suis là, seule, derrière un buisson, sans aucun moyen de communication, les mains tremblantes et le corps perdu. Tout me paraît si lointain. J'aimerai qu'on me vienne en aide. Je ressens le danger, mais je ne réagis pas. Je n'y parviens pas. Mon corps ne répond plus. Je me rassure et imagine que quelqu'un a du remarquer mon absence. On va venir me chercher. Je perds l'équilibre et, dans un effort désespéré, je tente de retirer mes talons. Pourquoi est-ce que je portes des talons ? Je lève ma jambe et descends légèrement mon torse pour attraper ma chaussure. Je bascule et me retrouve à terre. Seule. Ou presque. Il est là. Je le sais. Je le sens. Mes paupières sont lourdes. Je me sens partir. Je cligne des yeux une dernière fois et je le vois. Il m'a eu.

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