J'attendais patiemment qu'on daigne me délivrer. Cela faisait plusieurs jours qu'on me bichonnait. A chaque fois, je m'extasiais sur les odeurs des vêtements qui venaient me chatouiller les narines tous les jours.
Mais je passais la majorité de mes journées seule et je commençais à croire que je n'allais plus jamais retrouver la vue ni la parole, ni l'usage de mes mains ou de mes pieds. Hé oui. On me nourrissait par intraveineuse. Le midi et le soir, j'étais nourrie mais jamais le scotch sur ma bouche ne bougeait. J'en perdais la notion du temps et des jours.
Je me rappelais tous ces moments où j'étais angoissée alors que je vivais clairement une vie de rêve. J'avais une famille unie. Je n'avais ni mari ni enfant. Pourtant, j'avais une belle Range Rover, un bel appartement parisien, une très bonne paye. Tout pour être heureuse, quoi.
Du haut de mes 26 ans, je n'avais jamais réellement saisi toute la chance qui m'entourait. Tout ce qui m'intéressait c'était les mauvaises choses du quotidien qui étaient très minimes comparées à ce que certains pouvaient vivre tels que des enlèvements.
Quand je voyais une enfant ou une adolescente portée disparue, je me disais que c'était horrible mais je passais vite à autre chose parce que ça ne m'était jamais arrivé donc ça ne me touchait clairement pas le moins du monde.
J'étais un peu comme la plupart des français. Peu concernée. Egoïste. Egocentrique.
La vie continuait toujours son cours. On n'en parlait même pas entre nous. Tout ce qui pouvait nous toucher, c'était les grèves, les heures de pointe, le salaire, etc.
Maintenant que je suis séquestrée, je comprends enfin que c'est très grave. J'imagine la douleur de mes parents, l'angoisse de ma sœur. Mais après tout, ma sœur est française et mes parents le sont aussi donc leur vie continue.
NON. NON. NON. Ils doivent être super inquiets ! Je dois devenir folle. Mes parents ont dû demander à la police qu'elle enquête sur ma disparition. Mais savaient-ils que je n'étais pas entrée dans mon train ce jour là ? Certainement, puisque la police m'a vue cette fois-là.
Il n'y avait pas l'ombre d'un doute, ils viendraient me sauver très vite.
En me basant sur le nombre de douches que je prenais, je comprenais que cela faisait plus d'un mois que j'étais ici. Je n'ai pas pu compter plus loin, je me sentais trop mal en point pour m'attarder là-dessus. J'avais dû ravaler plusieurs fois mon vomi. Mon estomac été en vrac et je ne tenais plus assise. Un jour, j'ai perdu conscience.
Quand je me suis réveillée, je n'ai pas ouvert les yeux tout de suite. Je devais encore être avec mes kidnappeurs. Je n'ai donc pas bougé. Je suis restée comme cela plusieurs heures, plusieurs jours.
Je ne sais pas pourquoi mais je ne me sentais plus malade ni faible. J'ai donc tenté de bouger ma main droite. Celle-ci n'était pas rattachée à ma main gauche. J'ai alors bougé ma jambe gauche, qui était tout aussi indépendante que mes mains. J'ai alors ouvert les yeux d'un coup.
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Dans mon chalet
AventurăJ'étais dans mon chalet, dans le Rhône-Alpes. J'avais besoin de me changer les idées après mon accident. Ma sœur m'a suggérée de me retirer dans un endroit qui me permettrait de m'oublier un peu et de retrouver des pensées saines. J'ai alors pensé...