Je suis toujours dans le bus. Côté vitre.Je regarde le paysage défiler devant mes yeux et je regarde le soleil qui commence à se lever. Mais malgré ma musique dans les oreilles j'entends toujours ce groupe de pétasses derrière qui m'insulte. Je fais genre de rien comme si ça ne me touchait pas. Des insultes et des moqueries fuitent de partout. D'un coup j'entends la voix stridente de Charlotte qui m'interpelle:
« Oh la lesbienne attrape ça ! »
Je reçois un livre sur la tête. Tout le monde rigole. Je prends le livre et je regarde la couverture. Une photo de moi collée sur une fille à poil qui fait l'amour à une autre fille.
« Tiens j'espère que ça te plaît !» me lance Charlotte avec une vague de ricanements.
Je déchire la photo et descend puisque je suis arrivée. Heureusement...Je me précipite dehors rejoindre le reste de mes amis loin de ce groupe de traînées. Sans aucune hésitation je m'énerve sans même leur dire bonjour.
- «Non mais c'est une blague ? Regardez ce qu'elle a fait cette fois ! » je lance, en balançant le livre et la photo.
- « Cette salope... » me dit Lou.
- « Tss, c'est toujours la même chose avec elle, j'en ai marre... »
- « Bon on va rejoindre Alex ? »
- « Si tu veux... »
En vérité, je ne voulais pas voir Alex. Nous avions eu une dispute il y a peu de temps, sur sa sœur: Charlotte...
Au final, on a rejoint Alex, l'ambiance était tendue entre nous. Après cette journée de cours peu intéressante, je rentre chez moi, en bus comme à mon habitude. Toujours à la même place, côté vitre. Toujours la même routine mais avec seulement le ciel et le soleil de différents. J'entends des rires mais Charlotte m'interpelle encore:
- « Eh oh la lesbienne ! » suivit des ricanements de ses deux complices de toujours.
- « Lâche moi.. » Si seulement elles pouvaient juste disparaître. Ma vie ne serait que meilleure face à ce quotidien répugnant avec ces gens tout autant pareils. Je serai loin tout ça et je pourrai vivre en paix.
J'arrive chez moi mais entre le lycée et la maison c'est quasiment la même chose. Tout me tape sur les nerfs, rien ne me fait penser à autre chose. Je n'ai plus de passion, je me force à vivre. Je vais tout de suite à la douche. Je sens l'apaisante eau chaude sur mon corps, je peux enfin respirer et enlever la négativité de la journée. Je me savonne et fais passer doucement le savon sur ma peau. Je finis et sors. Je prends ma serviette toute tiède et m'enroule avec. Je m'habille et je retourne dans ma chambre mais la négativité refais surface lorsque je me mets à penser au lendemain. Je prépare mes affaires et je me couche. Je ne mange pas, je n'ai pas envie, je n'ai pas d'appétit. Je regarde l'heure, je regarde le plafond et je pense. Dormir est mon seul échappatoire avec la musique. Alors quand j'ai l'occasion de faire les deux je le fais. Je ferme les yeux et lâche quelques larmes dans le noir. Mais ce moment de solitude est bouleversé par une notification inattendue: je suis invitée à une soirée. La grosse blague. Je m'en fous. C'est juste pour se foutre de ma gueule. Je supprime le message, je ne préfère pas le voir dans mes correspondances récentes. Même si au fond ça m'intrigue je ne préfère pas y penser. Demain sera encore un jour comme les autres mais je m'y prépare comme si ça allait être différent.
