•Chapitre 52

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                   Point de vue d'Alvin.

— Alors je te laisse la parole, me dit-elle.

     Je m'allonge sur le dos et commence à réfléchir. Tout me vient en tête d'un coup, je ne sais même plus par où commencer. Je ne sais pas si je suis le seul qui un moment, perdu dans ses pensées, ne sais plus les différencier et se perd tellement loin, au point où même en commençant par une petite pensée qui peut être un problème mais qui devient une problématique.

— Avant de te revoir, j'étais sans âme tu peux dire. Je ne ressentais rien pour personne, ni de pitié ni rien. Je doutais de moi-même et me demandais parfois si j'étais une personne normale. Puis avec mes actes, je me suis persuadé que non, j'étais différent et pas du côté positif.

— Tes actes ont une explication Alvin... tu n'es pas comme ça au fond... me rassure-t-elle.

     Je sais que mes traumatismes étant jeune ont construit une carapace que seule moi en subit les conséquences. Chaque personne réagit différemment, certaines changent complètement, dans des cas plus graves que le mien c'est vrai... et je me dis parfois que j'ai de la chance de ne pas être pire.

     Mais...

— Est-ce que pour toi, être sans cœur et ne ressentir de pitié pour personne est un comportement compréhensible ? demandé-je.

— Oui Alvin, très compréhensible du moment où on voit d'où cela vient. Mais écoute, tu es tout sauf ce que tu te considères. Je vais te poser une question.

— Vasy.

— Tu m'aimes ?

— Énormément, je réponds automatiquement.

— Tu m'as déjà dit que ton cœur m'appartenait, n'est-ce pas?

     Je hoche la tête.

— Alors ce cœur, est le plus tendre, le plus protecteur, le plus doux et celui qui a réussi à reconstruire le mien. Comment veux-tu que tu m'aides si tu étais comme tu te considères ?

— Je ne sais pas... à vrai dire je ne comprends même plus pourquoi j'ai changé d'un coup.

— Tu n'as pas changé Alvin, le vrai toi est ressorti de sa carapace. L'autre n'était que celui qui voulait se persuader qu'il était une mauvaise personne.

     Je la fixe sans prononcer un seul mot. Je ne sais plus quoi penser, car je n'arrive pas à me faire rentrer dans la tête que je suis celui qu'elle est entrain de me dire. Je ne sais pas si c'est un manque de confiance ou autres...

     Pour la toute première fois depuis très longtemps, mes yeux brillent et je sens que je vais pleurer mais je me retiens bien sûr.

Je ne suis pas un fragile !

— J'ai fais beaucoup de mal, car je voulais me venger. Je ne ressentais de pitié pour personne, car personne n'en a ressenti pour moi. Je n'étais jamais sérieux, car ma vie n'a pas de sens et je n'ai pas ma place dans cette dernière. J'ai refusé de donner de l'amour, car ce mot je l'ai appris seulement avec toi et l'ai vite oublié quand tu es partie, puis... le jour ou tu es revenu et que j'ai su toute la vérité, tout a changé pour moi.

     Mon cœur se serre car je sens vraiment que je vais éclater en sanglots.

— Je sais que je peux être blessant, je l'ai été énormément et le regrette. Tu as réussi à me donner ce dont je manquais, l'amour maternelle, paternelle, fraternelle, l'amour tout court. Tu es devenu mon monde et je sens que ma vie a un sens à présent.

     Certaines personnes vont trouver ceci étrange, banale, car ce sont seulement des mots pour certains, mais pour moi c'est la réalité que j'ai pas voulu avouer. Cette fille est mon âme sœur, et j'en suis même persuadée. Elle m'a donnée tout ce dont j'avais besoin. Elle était là pour moi dans le meilleur comme dans le pire. Et je ne peux vous expliquer la réaction de mon cœur, corps quand elle est près de moi.

      Je ne vois plus qu'elle.

— Je sais qu'avec le temps, quand notre relation sera plus visible, énormément de personnes vont essayer de nous séparer par tous les moyens. Tu écouteras les mêmes disquettes, alors à toi de savoir comment réagir. Je ne vais pas te dire de ne pas les croire, car je suis persuadé que tu ne les croirais pas, et tu sais pourquoi ? demandée-je.

      Elle secoue la tête.

— Car notre amour est évident. Peu importe ce qui peut se passer, ça n'aura aucun impact sur nous. Je m'excuse pour tout ce que j'ai pu te dire ou faire. On fait tous des erreurs, on passe par des moments qui nous détruisent, mais à nous de choisir quel chemin prendre, se reconstruire ou se massacrer ? Le mien je l'ai déjà choisi grâce à toi.

     Elle ne dis rien et ne fait que me fixer les yeux grands ouverts. Je ne sais pas ce qui lui passe par la tête...

— J'ai été suivi pas une psychologue et avant ça par un psychiatre, car j'étais constamment fatigué, dans un monde différent, et j'ai malheureusement ressenti cette différence. D'où vient mon caractère d'avant... la personne que j'étais...

     Ah mon passé...

— Quand Alya m'avait annoncé ton arrivée, j'ai mis beaucoup de temps avant d'accepter, et à présent c'est la meilleure chose qui s'est passé malgré qu'au début je ne voulais pas.

     Je m'approche d'elle et lui attrape la main.

je t'aime d'un amour indescriptible. tu es mon bonheur, si il était humain.

— Je peux parler ? me demande-t-elle. 

— À toi la parole.

Relève-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant